Patrick Beven inspire autant qu’il transmet

"Les gamins connaissent notre route, notre parcours, les cicatrices qu'on a gardé et ils respectent ça".

26/08/2021 par Ondine Wislez Pons

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« Aujourd’hui je suis encore au milieu des jeunes à surfer, même dans 30 centimètres de vagues je m’entraîne comme un ouf avec eux, avec Kauli, Marco. Mon objectif c’est de surfer comme ça jusqu’à 60 ans comme Kelly. »

Patrick Beven

Patrick Beven est un surfeur qui continue de marquer le monde du surf par son parcours et son expérience. Ancien pro, il est aujourd’hui un repère précieux pour la nouvelle génération

Aussi inspirant que généreux, il est le surfeur européen qui a gagné le plus de victoires sur le circuit WQS. Sa carrière et son état d’esprit n’ont cessé de marquer le monde du surf depuis le début des années 1990. Après une très belle carrière sur le circuit professionnel, sa vie a aujourd’hui pris un autre tournant. Mais une chose est sûre, le surf et l’océan y ont toujours une place centrale.

Ce qu’il est, son mode de vie et sa perception des choses imposent le respect de beaucoup de surfeurs toutes générations confondues, lui qui aujourd’hui prend en charge et accompagne les jeunes talents du surf français. Il est un exemple, un grand frère et un soutien précieux pour ces jeunes très prometteurs que sont Noa Dupouy, Marco Mignot, Kauli Vaast, Sam Piter et bien d’autres. 

Plus qu’un coach, Patrick est un mentor, un repère. Ce qu’il transmet va bien au-delà du surf, il suffit d’interroger les boys comme il les appelle, pour s’en rendre compte… Sa générosité, son ouverture aux autres, son expérience remarquable sur le circuit pro, autant de choses qui renforcent cette idée que personne d’autre mieux que lui ne peut assurer ce rôle. Son parcours et son histoire en font un véritable puit de connaissances et lui ont permis d’accéder à un savoir et à des valeurs qu’il aime transmettre et partager. C’est important pour lui d’aider les plus jeunes dans leurs choix de vie et de leur donner des repères. 

Marco Mignot – « Patrick ne m’inspire pas que pour son surf, c’est aussi dans le training. Ce qui m’inspire le plus c’est sa manière d’être tous les jours, il fait toujours en sorte que toutes les personnes qui sont autour de lui soient heureuses. Même pendant les sessions, quand tu n’as pas eu la vague il te dit toujours que tu as bien surfé. Que ça vienne de Patrick Beven rend tout le monde content. Il fait tout pour te faire sourire. Et un grand sourire ça vaut mieux que 10 000 paroles. Il m’inspire plus que tout. » 

Noa Dupouy – « Patrick c’est vraiment quelqu’un de toujours positif, il va toujours te pousser vers le haut, te donner des conseils pour que tu réussisses mieux. Il est toujours là pour te rebooster, même dans les entraînements quand tu commences un peu à lâcher niveau mental. C’est quelqu’un de très bienveillant, il est cool avec tout le monde, il kiffe enseigner ce qu’il sait faire, tout ce qu’il a appris au cours de sa carrière et depuis qu’il est petit. Il nous passe tout son savoir-faire. Ça nous aide beaucoup parce que c’est vraiment quelqu’un d’incroyable qui a vécu beaucoup de choses. C’est quelqu’un de fort avec un gros caractère. Vraiment Patrick, respect. »

Kauli Vaast – « C’est comme un grand frère, un mentor aussi. Depuis que je suis petit il m’a pris sous son aile, à chaque fois que j’étais en France j’étais chez lui. Il m’a montré tous les spots et comment surfer. C’est aussi un papa poule parce que c’est comme si on était ses fils. C’est le fait d’être tout le temps avec lui. Il donne vraiment tout son coeur et tout ce qu’il a à partager il le partage avec nous et ça c’est super. Quand je reviens et que je m’entraîne c’est plus avec Vincent Guelfi. Patrick c’est plus comme un grand frère. Je dirais que c’est un peu plus du jeu et de l’entraînement, même s’il peut parfois être sévère. Et puis il ne faut pas déconner parce qu’il est balèze (rires). On fait du combat aussi, tout ça ça rentre dans l’entraînement. » 

Sam Piter – « Pour moi Patrick c’est comme un grand frère, quand on était jeunes c’est mon père qui l’entraînait donc je le connais depuis que je suis tout petit. Il m’apporte vraiment des bonnes vibes à chaque fois que je le vois. Il est toujours positif et souriant, il est motivant, il sait quoi dire dans les mauvais moments. C’est quelqu’un de très drôle aussi et ce qui m’inspire le plus c’est sa positivité. Il sait toujours trouver une issue aux problèmes, sans s’énerver, en restant calme. C’est vraiment quelqu’un de bien et je suis content qu’il soit à mes côtés et qu’il continue de m’inspirer ! »

Entretien avec Patrick Beven

SS – Patrick, est-ce que ta proximité avec la nouvelle génération de surfeurs est une évidence ? 

Patrick Beven – « Cette connexion, ce qui se passe entre moi et les gars, les juniors, c’est totalement naturel. Je suis un peu comme leur pote, je leur file des conseils. Même si je ne suis pas forcément leur coach je suis toujours avec eux, on va surfer ensemble, on se croise, on se retrouve. On fait des sessions et des trainings ensemble. Un peu tout en fait. Je les retrouve en voyage, à Hawaii souvent. Je suis là pour eux et ils le savent. C’est un échange. Certains comme Marco, Kauli ou Noa sont plus avec moi que les autres mais ça ne veut rien dire. On a juste plus l’habitude d’être ensemble. Les trois sont avec moi depuis qu’ils ont 13 ans, ça commence à faire quelques années. C’est comme mes petits frères, un sparing, une famille, un peu tout à la fois… On va faire un training tout à l’heure, je les motive, je leur transmets ce que je peux, des bonnes valeurs.

                         

SS – Est-ce que la compétition est plus difficile pour eux aujourd’hui qu’avant quand toi tu étais sur le circuit professionnel ? 

P.B – Je ne trouve pas que ça soit plus difficile de se qualifier aujourd’hui. Le niveau a augmenté mais les stratégies ont évolué. Aujourd’hui il y a le système des priorités, ce qu’il n’y avait pas avant. Dans certaines compétitions il y a aussi des jet skis, ce qui n’existait pas avant non plus. Tout est plus facile pour les surfeurs aujourd’hui. Avant c’était plus galère, on n’avait pas toutes ces choses. Mais ce n’est pas pour ma génération que ça a été le plus compliqué, il y a encore une génération avant la mienne pour qui c’était encore plus chaud. Avant quand on partait en compétition avec Micky (Picon), Jérémy (Flores), Tiago (Pires) on dormait dans nos housses. On n’avait pas de portable, c’était beaucoup plus compliqué d’appeler nos parents, c’était moins facile pour nous. Mais pour les jeunes c’est aussi dur aujourd’hui car les marques et les sponsors donnent moins d’argent, sont moins présentes qu’avant. Nous on a connu l’âge d’or, toutes les marques arrivaient en Europe, c’était l’époque où le surf arrivait vraiment et où toutes les marques nous donnaient beaucoup plus d’argent. Les jeunes aujourd’hui ont moins cette chance, sauf ceux qui sont très bons. À l’époque, il n’y avait pas les réseaux sociaux non plus… C’est kiffe kiffe. Des choses étaient plus faciles, d’autres étaient plus dures. Mais ce qui est certain c’est qu’à l’époque il fallait se battre un peu plus pour y arriver.

SS – Que représente la transmission pour toi ? Quand tu transmets des choses, quels sont tes conseils ? 

P.B – À l’époque quand on était sur le circuit pro on n’avait pas de coachs. On se coachait entre nous. Quand les copains allaient surfer on se soutenait à tour de rôle, Micky, Jérémy, Tiago, Fredo. On était tous ensemble et on se supportait ! C’est de là qu’est née l’Euroforce. Ce sont les relations qu’on avait entre nous qui nous ont donné cette idée et aujourd’hui c’est ce que je transmets aux gars comme Marco, Noa, Kauli, Sam… Je les supporte, je les accompagne, je participe à leurs entraînements. C’est autant le physique que le mental et le côté émotionnel. Je pense qu’il faut arrêter de dire qu’on est des coachs, on est des couteaux suisses, un peu comme un père, on est tout à la fois. Le coach c’est plutôt le mec qui vient, qui prend des sous, qui s’assoit sur une chaise et qui se casse après. Moi je suis là du lever du gamin jusqu’à son coucher le soir, je fais à manger, je vais chercher les boards, je l’emmène chez le médecin pour faire un test PCR… 

SS – Est-ce que c’est ton histoire personnelle, ce que l’on t’a transmis, qui fait qu’aujourd’hui c’est aussi important pour toi ? 

P.B – Oui je pense que ça y fait beaucoup. Les gamins connaissent notre route, notre parcours, les cicatrices qu’on a gardé et ils respectent ça. Ils savent très bien que ça n’a pas été facile. Ils se disent que si à l’époque ce mec qui a fini deuxième derrière Mick Fanning (Patrick Beven lui-même) avait eu tout ce que les surfeurs ont aujourd’hui, il aurait sûrement gagné la compétition et d’autres ensuite.  Aujourd’hui je suis encore au milieu des jeunes à surfer, même dans 30 centimètres de vagues je m’entraîne comme un ouf avec eux, avec Kauli, Marco. Mon objectif c’est de surfer comme ça jusqu’à 60 ans comme Kelly. Peu importe ton niveau, le but c’est d’être bien dans ta peau et dans ta tête, d’être actif, d’avoir sa personnalité. Il y a des surfeurs qui ne se sont pas qualifiés mais qui sont parmi les meilleurs du monde. Comme des Maxime Huscenot, des Marc Lacomare ou des Ramzi Boukhiam. Ce sont des mecs qui surfent aussi bien que ceux qui sont sur le CT. Le plus important c’est de se faire plaisir, de rester soi-même, de faire partie du truc et d’aider les autres à se qualifier. 

SS – Tu disais que tu n’avais pas la même relation avec tous ces jeunes surfeurs ? 

P.B – Je ne peux pas être avec tous les jeunes. Même si ma volonté et mon coeur c’est d’être présent auprès de tous, c’est compliqué. Eux non plus ils n’arrivent pas forcément à se retrouver tous ensemble. Mais quand ça nous arrive de nous retrouver tous ensemble, on passe de très bons moments, pendant les trainings qu’on fait chez moi, pendant une bonne session ou une soirée. En ce moment je voyage moins, mais quand j’étais avec Noa sur le circuit Pro Junior, on était souvent tous ensemble. Quand c’est le cas on rigole, on se tape des bons fous rires, dans plein d’endroits comme aux Açores par exemple. Quand on se retrouve avec tous les juniors on s’éclate vraiment ensemble ! 

SS – Quel est ton lien avec Capbreton qui a l’air d’être un lieu important pour toi ? 

P.B – C’est un lieu où des choses se passent comme à Biarritz autrefois quand il y avait toutes les grosses compétitions. Le Pays basque et les Landes ce sont deux lieux différents mais il y a aussi de super vagues au Pays basque. Ça forge le surfeur. Nous on est ici parce qu’on a fait ce choix mais il y a pas mal de Réunionnais qui vont au Pays Basque. Il y a des vagues partout, les deux sont top ! Il y aussi plein de bons surfeurs au Pays Basque, Pierre Rollet dans le surf de gros, les Delpero, Pauline Ado… Il y a aussi du lourd là-bas. Chacun fait ses choix ».

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