Le Landais ne comprend pas (à juste titre) pourquoi l'ISA a refusé de l'intégrer à la liste des remplaçants. Hier, il l'a fait savoir.
16/07/2021 par Marc-Antoine Guet
Lui, nous, l’équipe de France… Tout le monde aurait aimé s’épargner cet énorme imbroglio à J-9 désormais du début des JO de Tokyo.
Mais hier, via son compte Instagram, le Landais a lâché une petite bombe et fait part de son incompréhension quant au refus de l’ISA de l’intégrer à la liste des remplaçants pour les Jeux olympiques, lui qui a pourtant été sacré champion du monde au Salvador il y a quelques semaines. D’ordinaire discret, Joan a fait part de son étonnement et a soulevé une problématique que personne pour l’instant n’arrive à résoudre. Pas même la Fédération Française de surf qui a pourtant soutenu son athlète et plaidé sa cause auprès de l’International Surfing Association.
Via un communiqué publié il y a quelques minutes, la Fédération française de surf afait savoir « qu’elle a fait son maximum dans le dossier Joan Duru vs ISA pour la qualification du Français, champion du monde ISA 2021, en qualité de remplaçant aux Jeux Olympiques ».
Tentative d’explication, alors que ce système de qualification pour les JO s’apparente un peu plus de jour en jour à une énorme usine à gaz.
Hier, deux nouvelles à retenir :
– La première, c’est que c’est Jorgann Couzinet qui a été retenu par l’ISA pour être le remplaçant de Michel Bourez et Jérémy Florès à Tokyo fin juillet. La Fédération française de surf fait savoir « qu’elle a appris l’officialisation du statut de remplaçant de Jorgann Couzinet pour les Jeux Olympiques sur le site de l’International Surfing Association mercredi soir ». Elle n’a pas encore eu de réponse précise à cette heure de l’ISA sur ce mode de qualification.
– La deuxième, c’est que Joan Duru n’a pas du tout compris ce choix et on peut facilement le comprendre. Si Jorgann Couzinet est un surfeur hors pair, le meilleur Français même sur le circuit QS ces dernières années, il est difficile de comprendre le choix de l’ISA de l’avoir mis remplaçant à la place de Joan Duru,champion du monde au Salvador il y a quelques semaines, et surtout, 3e surfeur Français du World Tour en 2019 derrière Michel Bourez et Jérémy Florès, année qualificative pour les JO de Tokyo.
Que ce soit clair, très loin de nous l’idée de dénigrer Jorgann, surfeur talentueux et au capital sympathie énorme. Si le Réunionnais s’est logiquement réjoui de cette position de remplaçant, il n’a rien à voir dans toute cette histoire qu’il subit, tout comme son compère Joan Duru.
Mais ce qui est difficile à comprendre, c’est pourquoi Joan Duru n’a pas pu intégrer cette liste des remplaçants alors que cette place devait lui revenir (grâce à son classement final sur le CT 2019).
Joint par téléphone hier, voilà ce que le Landais nous a confié :
« La première qualif’ pour les JO c’est le CT 2019 où je devais finir dans les deux premiers Français pour me qualifier. J’ai fini 3e derrière Jérémy et Michel donc je devais être le 1er remplaçant. Ensuite on devait participer obligatoirement aux 2 Mondiaux ISA (2019 et 2020). Mais en 2019 j’étais blessé. Je leur ai envoyé mon certificat mais ils ont refusé mon dossier ».
Même Gabriel Medina y est allé de son commentaire, n’hésitant pas à comparer ce système à la mafia…
La Fédération française de surf quant à elle a réagi via un communiqué.
« La Fédération Française de Surf se refuse de cautionner cette décision qui va à l’inverse des valeurs olympiques, et déplore ce procédé de l’ISA qui ne permet pas d’arbitrer, en toute transparence, sur le fond cette affaire, et qui laissera durablement un sentiment d’injustice et d’arbitraire dans les esprits. La Fédération apporte tout son soutien à Joan Duru, athlète exemplaire des équipes de France depuis son plus jeune âge, et acteur majeur du titre mondial des nations 2021, obtenu par la France le mois dernier au Salvador où Duru s’est illustré en remportant le titre individuel ».
Pour rappel, cette place de remplaçant lui avait été attribuée provisoirement par le passé, avant de lui être retirée à cause de son absence aux Mondiaux ISA 2019. Des Mondiaux ISA 2019 auxquels devaient obligatoirement participer tous les pensionnaires de l’élite pour valider leur place à Tokyo.
Joan Duru lui, n’avait en effet pu participer à ces Mondiaux car blessé au dos et au pied à cette période. Il avait donc dû déclarer forfait, comme 8 autres surfeurs et surfeuses du CT. Mais bémol, sur les 9 surfeurs (dont lui) n’ayant pas participé à ces Mondiaux 2019 ou 2021, (donc ne répondant pas aux critères d’éligibilité), seul son dossier a été refusé par le comité d’examen indépendant nommé par le comité exécutif de l’International Surfing Association (ISA). L’élève Joan Duru a injustement été recalé alors que tous les autres sont passés.
Joan Duruhier au téléphone – « Des 9 surfeurs du CT dans mon cas, j’ai été le seul à être refusé. Kelly (Slater), Johanne (Defay) ou encore Nikki (Van Dijk) par exemple ont fait des résultats avant et après. Je ne sais pas pourquoi ils ont refusé mon dossier. Ils n’ont pas donné d’explication. C’est pourquoi la Fédé a fait une lettre au tribunal en leur demandant de me remettre sur la liste des alternates. Mais l’ISA n’a pas répondu. Ils repoussent car ils doivent avoir une date limite. Comme à chaque fois, ils repoussent leur réponse jusqu’à ce que ce ne soit trop tard. Les avocats de la Fédé pensaient vraiment que ma demande allait être acceptée. Surtout que pendant les Mondiaux, tous les surfeurs du CT ou presque sont partis de la compet’ sans jouer le jeu sous prétexte qu’ils avaient peur du Covid. Je me suis dit qu’ils n’allaient pas refuser mon dossier alors que je leur avais envoyé un certificat. Cette année j’ai joué le jeu. J’ai gagné. Je pensais que ça allait être suffisant. Je voulais juste ma place de remplaçant ».
La Fédération a en effet porté ces dernières semaines l’affaire jusqu’au Tribunal Arbitral du Sport (TAS), via un cabinet d’avocats mandaté. Cette requête est toujours en cours d’instruction car l’International Surfing Association n’a pas répondu aux sollicitations du Tribunal Arbitral du Sport relatives à la mise en œuvre d’une procédure accélérée pour trancher le litige, seul moyen d’obtenir une décision avant la tenue des jeux olympiques.
Alors que tout le monde commence à prendre l’avion pour Tokyo, Joan Duru et Jorgann Couzinet vont jongler ces prochains jours entre stress et excitation eux qui, bien qu’obligés de rester en France, doivent se tenir prêts à monter dans l’avion en cas de blessure de Michel ou Jérémy. Si pour l’instant Jorgannresteleremplaçantofficiel, rien n’est encore définitivement fixé pour Joan Duru, même si le temps presse. Car il est à noter que le statut de remplaçant pour l’épreuve olympique de surf ne permet à l’athlète remplaçant de se rendre aux Jeux Olympiques qu’en cas de forfait avéré du surfeur qu’il est amené à remplacer.
En conclusion, la Fédération française de surf a fait savoir qu’elle « ne remettait nullement en cause le talent de Jorgann Couzinet » mais qu’elle « regrettait uniquement que le rejet du dossier de Duru par la commission médicale de l’ISA et le processus complexe de qualifications l’emportent sur la seule valeur du résultat sportif ».
Quoi qu’il en soit, Michel Bourez et Jérémy Florès sont pour l’instant en pleine forme et c’est bien eux qui, en compagnie de PaulineAdo et JohanneDefay représenteront nos couleurs au Japon dans 9 jours. On leur souhaite à tous le meilleur et avant tout, qu’ils se fassent plaisir !
Pour rappel, l’ordre hiérarchique de qualification devait être le suivant :
1. Le Championship Tour de la World Surf League (WSL) 2019
Les 10 premiers hommes éligibles et les 8 premières femmes éligibles
2. Les ISA World Surfing Games 2020
Les 4 premiers hommes éligibles et les 6 premières femmes éligibles
3. Les ISA World Surfing Games 2019
Les 4 hommes et les 4 femmes sélectionnés en fonction de leur continent (sauf continent Amérique); soit le meilleur surfeur homme éligible et la meilleure surfeuse femme éligible originaires d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Océanie.
4. Les Jeux Panaméricains 2019
Le premier homme éligible et la première femme éligible dans les compétitions de surf
5. La Nation hôte
Une place pour un homme et une place pour une femme seront garanties pour le pays hôte, le Japon, à moins qu’il ne dispose déjà de cette place via les hiérarchies ci-dessus. Si les athlètes du Japon se qualifient autrement, leurs places seront attribuées aux surfeurs éligibles les mieux classés des World Surfing Games 2020.