« Cette décision est une belle victoire, mais elle est surtout la démonstration que les concertations citoyennes peuvent être un outil utile pour lutter contre des projets qui ont un impact négatif sur l’environnement, en redonnant du pouvoir aux habitants et en ouvrant un vrai débat dans la durée « . Francis Redon, président d’Environnement 93 est ravi.
Le Conseil Municipal de Sevran a validé à l’unanimité le jeudi 27 mai 2021 les conclusions et préconisations du Conseil participatif mis en place par la mairie de Sevran pour se prononcer sur le projet Terre d’Eaux et de Culture.
Ce qu’il faut en retenir ? Le rejet en particulier du projet de piscine à vagues qui cristallisait l’attention des opposants. Petit retour en arrière pour bien comprendre.
Mardi 15 juin dernier, Stéphane Blanchet, maire de Sevran (DVG) accompagné de membres du conseil participatif, a présenté les nouvelles orientations du projet Terre d’Eaux et de Culture. Il a confirmé l’abandon du projet de vague de surf de Linkcity avec la technologie « Endless Surf » de WhiteWater par les élus de la ville de Sevran à la suite de la consultation Citoyenne. « Empreinte écologique désastreuse », « hors norme », « inadapté », les qualificatifs n’ont pas manqué pour décrier cette vague de surf qui devait voir le jour au milieu de ce complexe XXL.
Portée dès 2016 par l’ancienne municipalité, l’implantation de cet équipement adapté à la pratique du surf, « trop gourmand en eau et énergie aurait pu causer du tort à la ville en termes de circulation et d’accessibilité au site » selon le maire (DVG) Stéphane Blanchet.
A la place, le conseil participatif a recommandé de préserver la biodiversité avec « un corridor écologique » entre le parc du Sausset et celui de la Poudrerie, estimants que les espaces verts devaient représenter 75% de la superficie totale du projet Terre d’Eaux et de Culture. A ce titre, ils proposent de multiplier par plus de trois la surface dédiée à l’agriculture urbaine.
Des 1,5 hectares prévus initialement, la surface passerait à 5 hectares. « Cet accroissement permettrait de conjuguer cultures maraichères, l’implantation d’une ferme pédagogique ainsi que le développement d’une filière agricole au lycée Blaise Cendrars, situé à proximité ». Et ce, alors qu’un programme de plus de 1.000 logements, prévu dans le projet initial, doit voir le jour en lisière des terrains.
Retour sur ce projet controversé finalement abandonné.
« Un désastre environnemental »
Depuis l’annonce du projet « Inventons la Métropole du Grand Paris » en 2017, proposé par Linkcity, filiale de Bouygues, jusqu’aux préconisations du conseil participatif mis en place à Sevran de mars à mai 2021, le projet de vague de surf sur les terres agricoles de la Plaine Montceleux a cristallisé les résistances.
Pour les opposants au projet, « son impact environnemental aurait été un désastre en termes de consommation d’espaces agricoles et naturels, de gaspillage de la ressource en eau et de voracité énergétique. Au-delà des affirmations peu crédibles de Linkcity, c’était tout autant la manipulation du public, associée au mirage de l’organisation à Sevran des épreuves de surf pour les JOP2024, qui s’était imposée, avant la reprise en main de l’aménagement de ce territoire par le conseil participatif en ce mois de mai 2021 » pouvait-on entendre du côté de Francis Redon, Président d’Environnement 93.
De l’annonce du projet jusqu’à la déclaration d’utilité publique validant la création de la ZAC confirmant la vague de surf, l’association Environnement 93 s’est toujours opposée à ce type de projet, concrétisant cette opposition par le recours contre la déclaration d’utilité publique, déposé au Tribunal Administratif de Montreuil en novembre 2020.
Depuis janvier 2021, une collaboration internationale et solidaire entre les associations de protection de l’environnement sur le sujet des piscines à vagues a même été mise en place dans 5 pays (l’Allemagne, l’Espagne, la Suisse, la France et l’Australie).
Une réflexion citoyenne pour un projet « Sevranais » : le Conseil Participatif
La Ville de Sevran, Grand Paris Aménagement et Linkcity ont engagé en mars 2021 un nouveau cycle d’écoute et de participation du public en associant les acteurs locaux experts de leur territoire, élus, associations, habitants, usagers, sous la forme d’un Conseil Participatif.
Soutenues par l’expertise du Syndicat des Professionnels du Surf, de la Fédération Française de Surf, et des associations de protection de l’environnement, les réflexions du conseil participatif, portées par les compétences locales, ont été présentées à Linkcity et Grand Paris Aménagement le 5 mai.
Résultat ? En conseil municipal de Sevran, le 27 mai, le rejet définitif de la vague de surf a été approuvé à l’unanimité par le conseil participatif.
La consultation citoyenne, cette instance composée de 28 membres, répartis en quatre collèges « citoyens, futurs usagers du site, représentants d’association et élus » s’est réunie six fois en présence du promoteur Linkcity et quatre fois à huis clos.
« Le conseil participatif nous a présenté des conclusions d’une grande richesse et il a effectué un travail remarquable. Face à cette richesse de proposition, il sera bien difficile pour Grand Paris aménagement (GPA) et Linkcity de conserver le projet en l’état » , avait salué Brigitte Bernex, première adjointe. « Le conseil sera impliqué dans toutes les étapes du projet. L’idée est de poursuivre le travail », assure la municipalité.
« Un vrai groupe de réflexion s’est formé au sein du conseil participatif au cours duquel les échanges vont perdurer (…), nous avons initié dans le cadre du projet de Sevran, un schéma d’expression des citoyens qui doit être pérenne et qui pourrait être reproduit sur d’autres territoires ». projette de son côté Francis Redon.
Une consommation d’eau qui faisait peur…
Pour les opposants, le projet « aurait été catastrophique en termes de consommation d’eau ».
Après vérifications, cette dernière aurait avoisiné l’équivalent de 243 piscines olympiques. Cela correspond à 608 millions de litres d’eau par an pour l’ensemble de l’hydrosystème Terre d’Eaux et de sa piscine à vagues (année initiale).
Comment l’entreprise Linkcity pouvait-elle garantir sur la durée, un excédent d’eau suffisant pour assurer le remplissage annuel de toutes les entités hydrauliques de « Terre d’Eaux » ? La pluviométrie et le climat sont aléatoires d’une année sur l’autre. De plus, avec le changement climatique à venir, il parait difficile d’évaluer sérieusement la future ressource en eau.
… tout comme la provenance de l’eau !
Les études ont démontré que malgré les dires de LinkCity, la réutilisation d’eau pluviale ne suffirait pas et qu’il aurait fallu pomper dans les profondeurs de la nappe phréatique. Le bassin aurait alors été rempli avec la nappe d’eau souterraine de la Morée et les eaux de ruissellement de la Plaine Montceleux. Sans compter qu’il aurait très probablement fallu puiser dans la rivière de la Marne pour compléter le remplissages du bassin surf.
La Fédération française de surf et le Syndicat des Professionnels du Surf se sont positionnés
La Fédération Française de Surf et le Syndicat des Professionnels du Surf ont fait savoir qu’ils étaient défavorables au projet de piscine à vagues de Sevran. Les deux structures ont indiqué qu’elles ne soutiendraient pas les projets de surf park qui mettraient en péril l’environnement, notamment la ressource en eau, la biodiversité, les espaces naturels, agricoles et forestiers.
Un risque sanitaire pour les pratiquants ?
Le Syndicat Professionnels du Surf, a transmis son inquiétude sur les risques sanitaires de la piscine à vague de Sevran dans son courrier du 18 avril 2021 : « Le classement du bassin surf en activité nautique et non en baignade artificielle, faisant peser sur les pratiquants un risque sanitaire en nivelant par le bas les exigences de qualité des eaux ».
Comment est t-il alors possible d’interdire, en raison de risque sanitaire, une baignade dans un bassin, mais d’y autoriser la pratique du surf ? Les surfeurs en piscines à vagues étant exposés aux mêmes risques sanitaires qu’en activité de baignade.
Dommage, il faut aussi évoluer.
Le problème en France est que l’écologie politique prend le dessus en France, ce qui n’a rien à voir avec la préservation de l’environnement (auquel je suis très favorable).
Cet espace aurait créé des emplois et, à mon humble avis, ouvert les yeux à d’autres publics que les privilégiés côtiers que nous sommes (du moins pour moi, même si en ce moment je vis en Mayenne !).
Je dis cela car j’ai enseigné en tant que B.E. dans le milieu nautique pendant 15 ans (voile et pratiquant le body board depuis 20 ans, et maintenant à 52 ans le surf !).
Voir des gamins souvent défavorisés découvrir des pratiques auxquelles il n’avaient pas accès avant (grâce aux politiques gouvernementales, quelles qu’en soient les orientations) et s’y épanouir est un vrai bonheur et un vrai progrès. Combien de gamins sont sortis de la petite délinquance grâce au sport ? Beaucoup, je peux en témoigner.
Alors, oui, l’activité humaine consomme de l’eau, mais la France n’est, globalement, pas en pénurie de ce côté là. Que nous ayons tous une sensibilité à l’environnement, c’est très bien, après, chacun l’exprime comme il veut dans le respect des autres. Que chacun ai sa chapelle, c’est très bien aussi. 🙂
Après, seuls les gens ouverts et non dogmatiques (ce qui n’est pas le cas de l’écologie politique) sauront être assez intelligents pour s’entendre et faire évoluer la cause environnementale.
De ce que je vois là ou je pratique (Côte Landaise, Bassin d’Arcachon, Bretagne), je suis beaucoup plus préoccupé par les pollutions plastiques, en micro particules ou récipients entiers, car toute la chaîne alimentaire est touchée…
Pour l’exemple, merci de suivre le travail de Fabrice AMADEO (coureur du Vendée Globe 2 fois) qui va mener une étude à ce sujet sur les côtes Françaises cet été.
Ce n’est que mon humble avis.
Adishatz et Aloha à tous