« Quand la lèvre
m’a frappé j’ai eu l’impression qu’un immeuble s’effondrait sur moi. Et j’ai su
tout de suite que j’allais probablement recevoir la pire correction de ma vie. »
Voilà ce que raconte Ian Walsh dans cette vidéo relatant son méga wipe-out à
Maverick’s.
On vous laisse voir à quoi ça ressemble et écouter son récit, mais si l’anglais vous fait aussi peur qu’une série qui décale à Mav’s, on vous met une petite traduction sous la vidéo.
cinq heures la nuit tombe. J’essayais juste de prendre une bonne vague pour
finir la journée. Vers 4 heures, il me semblait qu’avec la période qui baissait
et la marée qui se stabilisait, il y avait quelques belles vagues à
prendre à la rame. Je me suis dit d’accord,
mais il fait presque nuit, il faut avoir fini dans environ 20 minutes.
10 minutes plus tard, un très gros set est arrivé. J’ai ramé
par-dessus la première vague, et la seconde
était déjà là. On aurait dit un grand bâtiment qui avançait vers nous. Avec
le soleil couchant, l’éblouissement fait que c’est vraiment difficile de lire et
de comprendre ce que fait la vague. Quand elle a commencé à former, j’ai arrêté de
ramer pour l’analyser un peu plus et puis j’ai décidé d’y aller.
Je me suis retourné et j’étais complètement engagé. Quand
j’ai commencé à descendre sur la vague j’ai entendu Kai Lenny, Lucas Chumbo,
Nathan Florence et quelques autres quelques autres crier « go ».
En me levant, j’ai pu voir à quel point c’était bien plus raide que les pentes que j’avais vu avant. A partir de là j’ai commencé
à vraiment tout ajuster et à me préparer pour un drop vraiment raide.
J’étais tellement déterminé que je pensais vraiment que même si ça devenait très raide, je pourrais arriver en bas. Et puis c’est
devenu trop raide, plus que vertical, et ma planche s’est retrouvée en l’air. J’ai
essayé de corriger le tir en prenant un peu d’angle. J’espérais avoir assez d’élan
pour replaquer la planche et la contrôler, mais je ne pouvais pas tirer avec
mes pieds, et ça a viré au cauchemar après ça.
Je suis tombé sur le dos sans pénétrer du tout dans l’eau. Je glissais sur
mon dos jusqu’au sommet de la vague qui gonflait. Ensuite c’est comme si elle avait atterri directement sur moi. Tout ce qui peut arriver de mauvais dans une chute, c’est ce qui se passait. Sous l’eau j’avais l’impression d’être dans la 10ème dimension. C’était tellement violent et turbulent… Je passais des profondeurs à la surface,
mes pieds frappaient mon flanc, mes bras frappaient mon dos…
J’ai mis un moment à réaliser que je devais me préparer pour
ce qui m’attendait. Je me sentais encore très calme. J’ai tiré la corde du
gilet vers le haut pour allumer les deux cartouches et envoyer la quantité d’air maximale. Je me souviens avoir pensé à faire ça et essayer de rester calme pour ne pas gaspiller d’oxygène.
Quand j’ai fait surface, je ne pouvais pas encore voir la vague suivante. Je n’arrivais pas à évaluer la distance, la vague était floue et
je voyais deux pics même s’il n’y en avait qu’un. C’est en ça que c’était différent de toutes les autres
raclées que j’ai reçu dans ma vie. Je n’étais pas paniqué, je me sentais encore bien mentalement. Ma vision avait disparu, mais mon cerveau fonctionnait encore
très vite.
J’avais besoin d’évacuer tout le CO2 que j’avais accumulé
dans mon corps et de respirer rapidement avant de repartir pour un tour. Je me souviens avoir été replongé sous l’eau avec la deuxième
vague et me rendre compte que ça craignait vraiment. Genre « Je ne vois pas très bien
et je suis en train de me faire tabasser par la deuxième vague« .
Je me suis dit que si le jet ski arrivait j’aurai besoin d’avoir la planche près de
moi pour ne pas avoir à la ramener avant de monter sur le sled. Donc avant de
faire surface, j’ai commencé à tirer sur le leash pour pouvoir rapidement m’installer
quand le jet arriverait. Je voyais toujours double et je ne pouvais pas savoir s’il
arrivait sur ma gauche ou ma droite, mais je pouvais l’entendre. J’ai pu trouver
le sled, j’ai essayé de me relever, et tout ce que je pouvais voir, c’est une troisième
vague aussi floue que gigantesque.
Quand je suis monté sur le sled, j’ai essayé de me hisser en tirant
sur un bras mais le jet a du repartir. La planche s’est coincée entre mes
jambes et je ne pouvais pas m’accrocher, j’ai donné tout ce que je pouvais. J’ai
senti la planche passer entre mes jambes, elle a déchiré ma cheville, et je
suis tombé du sled en plein dans la troisième vague.
Dans cette troisième vague, j’ai été complètement anéanti à
nouveau. J’ai vite réalisé que je devais
me débarrasser de la planche. Je devais monter sur ce sled et sortir de la zone
d’impact. J’ai tiré la goupille du leash juste avant de faire
surface pour ne pas avoir la planche avec moi. J’ai pu monter
sur le sled d’un autre jet qui a ensuite réussi à sortir de la zone d’impact et entrer
dans le canal. Je me souviens avoir dit au pilote : « Je ne peux
toujours pas voir correctement« .
Une minute plus tard, j’ai commencé à retrouver une bonne
vision et les choses ont commencé à revenir à la normale. Toujours sur le jet, j’ai passé un test
basique pour m’assurer que je n’avais pas de commotion cérébrale, et là, c’était fin de journée pour moi. 20 minutes plus tard, il faisait nuit…
En résumé, oui, c’était vraiment l’un des plus
violents passages à tabac que j’ai jamais
reçu ! »