PAS EN MON NOM
Quand pour la première fois j’ai osé soutenir du regard la ligne d’horizon, j’avais 11 ans. Le froid mordait déjà mes doigts d’enfant. Découvrant l’humilité et mise au défi, j’ai compris que devant moi se trouvait mon école de la vie, le spectre au travers duquel j’allais découvrir le monde. Dans l’océan, grâce à ma passion, j’allais pouvoir m’exprimer en trajectoires, me confier en silences et apprendre que vivre est plus important qu’avoir.
Notre bonheur le plus intime ne repose-t-il pas dans la perfection d’une vague rencontrée au bon endroit au bon moment ? Notre joie la plus communicative n’est-elle pas de partager une session au coucher du soleil avec nos amis ? Le moment où nous nous sentons le plus vivant n’est-il pas quand la peau tannée nous tire mais que le cœur nous brûle d’intensité d’avoir trop surfé ? Dans ces moments-là, et dans ces espaces sauvages rythmés par la magie de notre cher océan, la vie prend tout son sens.
La passion qui nous anime est avant tout un état d’esprit, une manière d’être à la vie comme nous sommes à l’eau, à l’écoute des éléments pour cueillir les vagues à l’endroit et au moment où elles se présentent, dans un esprit d’humilité, respectueux de cet environnement.
Malheureusement, l’émotion que le surf procure est si puissante et contagieuse qu’elle est de plus en plus souvent utilisée à des fins commerciales et dévoyée par l’appât du gain. L’esprit originel de notre passion nous invite pourtant à trouver un équilibre vertueux entre l’Homme et la Nature.
Dans cette dynamique regrettable, des grands projets détournent la merveilleuse aura du surf. Ainsi, le projet de surf park de Saint-Jean-de-Luz mené par un fond d’investissement soutenu par la mairie prévoit-il l’abattage d’une forêt multi-centenaire et le bétonnage d’une prairie et donc de l’habitat qu’elles représentent pour la biodiversité locale. Et ceci dans le but de construire une vague artificielle sur un bassin d’eau douce de 155 mètres de long, un hôtel de 100 chambres, des nombreux commerces, bars et restaurants sur plus de 7 hectares de terres naturelles.
En plus de la destruction irréversible du patrimoine écologique, la consommation d’eau et d’électricité pour faire fonctionner ce complexe sera démesurée par rapport aux enjeux écologiques d’aujourd’hui. À l’heure où le changement climatique établit chaque jour une réalité nouvelle, un tel projet n’a plus de raison d’être.
Dans ce monde compliqué avec lequel nos enfants vont devoir composer, je leur souhaite du fond du cœur d’oser à leur tour regarder à l’horizon en ayant accès eux aussi à cette formidable école de la vie qu’est la pratique du surf dans son milieu naturel, et de ne pas se perdre dans l’écueil que le surf se consommerait comme toute autre chose.
Au nom de l’éthique du surf et du bon-sens éco citoyen, je refuse d’être associée à l’idée qu’une piscine à vagues est un projet utile à notre communauté.
Nous, surfeurs et surfeuses, avons la responsabilité de prendre position contre ce parc d’attraction et de dire NON, PAS EN MON NOM.
Je vous invite à faire entendre votre voix en signant cette lettre à mes côtés.
Monsieur Morfalou,sans rire,je ne vous cache pas mon excitation de vous admirer chevauchant cette écume intemporelle afin de vous proposer un authentique BRAQUAGE, jovial, sans dénaturer vôtre Point de vue ,bien sur !!
Sinon en ce moment j’ai de la potion magique BIO.
Bonjour Panoramix, je trouve que tes exemples sont difficilement comparables, on parle de grande quantité d’énergie pour la production de ces vagues (l’exemple des pistes de ski indoor avec des climatisations ahurissante serait surement plus juste). Dans les deux cas le sport est dénaturé et perd de son charme authentique, au même titre que les salles de blocs… si ce n’est pire car la vague est intemporelle.
Le problème de la culture surf est son côté conservateur intransigeant qui adore l’instrumentalisation émotionnelle.
Il n’y a pas des bonnes vagues pour tout le monde alors pourquoi confondre partage et prédation ?
Connaissez vous l’histoire de « flying tomato » ?
Quelles activités humaines n’est pas une consommation d’énergie et une production de dechets ?
Pourquoi trouve t’on des salles de blocs et des snowparks en montagne,des skateparks dans les villages Landais et Basques et ds toutes les villes Européennes.
Est-ce que l’apprentissage d’une méthode cohérente de pratique sportive à l’intérieur d’un espace adapté est une imposture ?
Les marchands du temple (le pour et le contre)auront-ils la délicatesse de faire face à leurs CONTRADICTIONS?!
Le stade de planchette à vagues est essentiel dans ce monde concupiscent et concomitant celui de tout bétonner pour le réaliser certainement pas!!
Projet ridicule sur un espace naturel ! Il y aurait tant de friches industrielles voire de centres nautiques existants à revitaliser de façon responsable.