Il fallait avoir des yeux partout ces derniers jours.
Mullaghmore, Nazaré, Belharra… ça a pété de partout. Un feu d’artifice aux airs de bouquet final pour accueillir comme il se doit, le premier très gros swell de la saison. Pendant que les Français se sont principalement et à juste titre, focalisés sur Belharra (chauvinisme oblige), un autre spectacle grandiose se jouait à 920 km de là. Spectacle auquel a pris part bien évidemment la Française Justine Dupont.
Le photographe français Elliot Boy, 18 ans, était sur place. Il nous raconte comment il a vécu ce moment de l’intérieur. Par écrit d’abord, puis en photos ensuite.
E.B – « Nous, les surfeurs, photographes, vidéastes, vivons au gré des tempêtes et des marées. Nous cherchons toujours à être au bon endroit au bon moment. C’est comme ça qu’après deux vols et quelques heures de voiture, je me suis retrouvé là, à 7 heures du matin dans un hangar, entouré des plus grands se préparant tous à ce qui allait devenir une des plus grosses sessions du siècle.
Nic m’a glissé un mot à l’oreille et c’était parti. On aurait dit des chevaliers partant en croisade. Les gars chevauchaient leurs jets, prêts à faire face à des vagues qui semblaient directement sorties d’un film catastrophe. Une fois en haut du fort, je me suis retrouvé face à face avec ces montagnes d’eau. Elles représentaient la peur à l’état pur. Si l’enfer devait ressembler à quelque chose ça serait bien à ça.
Pendant 5 minutes je n’ai pas réussi à prendre de photos. J’étais hypnotisé. Et puis c’est parti. Nic se lança sur une gauche très creuse et extrêmement proche de la falaise. S’en suivit ensuite un ballet de chargeurs domptant ces monstres d’écume.
Il était environ 17h20. Le soleil commençait à se coucher, tout le monde était fatigué. Quand soudain, le gars à ma droite qui était les yeux de la team Redbull sur la falaise cria dans son talki « big boys coming, big boys coming go go go go ». Kai Lenny se lança sur ce qui sembla à tout le monde ce jour-là, être la plus grosse vague jamais surfée.
Jeudi matin 7h. Tout le monde accourt. Des sets démesurés se dressent au loin. Les gars sont déjà sortis du port, les talki s’affolent. Tout le monde le sait, c’est aujourd’hui que les plus grosses vagues vont être surfées.
Après 4 heures remplies de peur et de joie intense perché sur le fort derrière mon objectif, c’était fait. Tout le monde a pris la plus grosse bombe de sa vie. Le stress était redescendu, les cartes mémoires étaient pleines et les souvenirs aussi. Voilà comment en quelques jours ont été domptés les monstres de Nazaré ».
>> Photos par @eliot.boy