(prévu du 17 au 25 octobre, ndlr) pour prendre une décision que nous
savions très pénalisante pour la vie fédérale. Les échanges ont été
nombreux. La prise de risque sanitaire et l’absence de visibilité sur
l’évolution de la propagation du virus consolident une incertitude très
forte liée à la présence des délégations ultramarines. Les surfeurs
de la Guadeloupe, de la Martinique et de La Réunion représentent environ
un quart des effectifs et un tiers des médailles. Ces délégations ne
savaient pas si elles allaient pouvoir se déplacer fin octobre avec un
contexte sanitaire qui se dégrade de jour en jour. Elles ne pouvaient
pas prendre le risque financier de s’engager dans des dépenses
logistiques importantes, sans être certaines de pouvoir monter dans un
avion dans un mois. Nous avons échangé avec elles et avec les ligues de
métropole. Il y a eu consensus du conseil des ligues : sans les DOM
l’équité sportive était remise en question; nous n’aurions pas eu les
meilleurs dans chaque discipline pour délivrer les titres nationaux. Ce
n’était donc pas possible.
Que répondez-vous à ceux qui
disent qu’il y a moins de risque de contagion avec le surf qui se
pratique en plein air qu’avec d’autres sports qui ont pourtant maintenu
leurs championnats ?
sais que je ne sais rien sur ce virus, mais je pense qu’une pratique
individuelle ou de petit groupe en plein air, dans l’océan présente des
risques de contagion limités. Mais les championnats de France de surf
regroupent plus de 450 compétiteurs, venus de toutes nos régions, dans
35 catégories, sur 10 jours, au même endroit. A cela s’ajoutent la
centaine d’entraîneurs, d’accompagnateurs, de juges, de staff pour la
logistique, de personnel de la production vidéo. Les contraintes
d’organisation nous imposent de partager des espaces clos réduits. Nos
compétiteurs peuvent être âgés de 12 ans et les plus âgés dépassent la
quarantaine. Notre volonté d’inclure le parasurf avec une population qui
présente des risques importants, était remise en cause.
Les
délégations sont logées au même endroit pendant plus de 10 jours ; pour
répondre aux protocoles sanitaires. Quelles structures auraient proposé
de nous accueillir ? Enfin, il fallait oublier les remises de prix
festifs tous les jours, qui font le charme de cette grande réunion de
famille. Malgré le protocole sanitaire adapté que nous avons mis en
place avec la commission médicale de la Fédération, l’absence de
visibilité, et les risques potentiels, ont eu raison de notre volonté de
proposer aux compétiteurs ces championnats de France 2020.
N’y avait-il pas de plan B ?
On a imaginé plusieurs scénarios alternatifs pour organiser les
championnats de France. On a pensé les avancer à septembre, en faisant
passer des disciplines sur chaque week-end, en réduisant les quotas des
sélectionnés. On avait notamment pensé transformer la Coupe de France
100% filles en un championnat de France féminin. La Gironde est passée
en zone rouge et il a donc été impossible de valider cette option. Et là
encore, nous avions le problème des ultramarins, qui n’auraient pas pu
se déplacer chaque week-end de septembre.
Nous sommes vraiment très
déçus pour tous nos surfeurs. Notamment les plus jeunes qui construisent
un parcours sportif et qui sont privés d’une étape importante dans leur
carrière. Pour d’autres, les années juniors se terminent sans avoir eu
la possibilité de les valider par un titre ou un podium national (…)
La Fédération a-t-elle consulté les Ligues qui organisent les sélections et les déplacements des quelque 450 compétiteurs ?
Oui, nous avons échangé avec toutes les ligues dans le cadre du conseil
des ligues, qui se réunit régulièrement depuis la séquence du retour
aux plages. Les Ligues sont nos référents pour les championnats de
France. Pour y participer, il faut être dans les meilleurs du classement
national et il y a aussi des quotas régionaux qui permettent aux ligues
de sélectionner leurs représentants. Les championnats sont une
compétition par délégations régionales, pas une compétition
individuelle. Le 7 septembre, nous avons eu une visioconférence avec les Ligues et certains comités départementaux. Chacun s’est exprimé et il a
été décidé à l’unanimité d’annuler les championnats de France. La
Fédération l’a ensuite entériné en Comité Directeur le 10 septembre.
A
la sortie du confinement, la Fédération avait annoncé que le maintien
des championnats de France était une priorité et avait demandé aux
comités et aux Ligues de faire leurs championnats départementaux et
régionaux, pour avancer dans le processus de sélection (…)
Pourquoi avoir
dans le même temps décidé de maintenir d’autres compétitions nationales
comme les Coupes de France et l’Open de France ?
Ce n’est pas la Fédération qui a décidé de maintenir ces compétitions
mais leurs organisateurs. Si les championnats de France de surf sont
organisés de A à Z par la Fédération, elle délègue les étapes de la
Coupe de France et l’Open de France à des clubs ou à des comités, ou des
municipalités. Ceux-ci travaillent sur ces événements depuis des mois,
sinon plus d’un an. La Fédération leur apporte un soutien financier mais
ce sont eux qui, en connaissance de cause des conditions sanitaires sur
leur territoire, et en relation avec les autorités compétentes,
décident de maintenir ou d’annuler leur compétition. L’Olonna Surf Club
nous a confirmé qu’il était en mesure d’organiser l’Open de France les
26 et 27 septembre dans des conditions optimales. Le Comité de Charente
Maritime organise la Coupe de France de bodyboard à la Tremblade, le
même week-end. L’organisateur est celui qui peut prendre la décision la
plus pertinente. Contrairement aux championnats de France, ces
compétitions sont individuelles, elles se disputent avec beaucoup moins
de compétiteurs, sur deux journées, et sans délégation venues des DOM (…)
La Fédération a-t-elle imaginé à un moment une année blanche de compétition ?
Jamais ! Nous avons tout fait pour maintenir les compétitions. Au
sortir du confinement, la Fédération a travaillé sur la priorité n.1 qui
était la reprise de l’activité libre et pour tous dès le 11 mai. Nous
avons rédigé les protocoles de reprise dans les clubs et les écoles,
puis avons édité le protocole de reprise des compétitions. Nous ne
voulions pas laisser nos compétiteurs sur le bord de la route. C’est
pour cela que l’on a relancé dès juillet les compétitions. Nous avons
créé la Coupe de la Fédération pour nos meilleurs surfeurs pros, et
avons encouragé les comités et les Ligues à faire leurs championnats.
Organiser des compétitions est important pour que nos athlètes puissent
garder le rythme et être prêts quand les circuits internationaux
pourront reprendre. (…) Les clubs ont repris les entraînements cet été ; les sections sportives,
les centres labellisés d’entraînement, les Pôles espoirs et le Pôle
France ont repris à la rentrée de septembre. Il parait logique de
concrétiser tous ces entraînements par des compétitions.
Pourquoi
la Fédération dote-t-elle plus largement les compétitions de surf
(10.000€ de primes sur la Coupe de la Fédération et l’Open de France Dacia) que celles des autres disciplines (1.000€ sur la coupe de France
de bodyboard) ?
est simple : les fédérations olympiques reçoivent des aides de l’Agence
Nationale du Sport pour les sports de Haut Niveau et tout
particulièrement pour les sports olympiques. Chez nous, la seule
discipline olympique à ce jour est le surf, précisément le shortboard.
Il y a donc un financement et un accompagnement particulier sur cette
discipline. Le longboard et le bodyboard sont les deux autres
disciplines reconnues de haut niveau mais elles ne sont pas olympiques.
La réalité est celle-là. Le financement des autorités publiques est
orienté sur la préparation olympique et nous avons donc davantage de
moyens pour les compétitions de surf que pour les autres (…)
Quel rôle joue la Fédération dans l’organisation des compétitions professionnelles en France ?
La Fédération française de surf n’organise pas les compétitions
professionnelles internationales, qui sont du ressort exclusif de la
World Surf League. S’agissant du Quiksilver Pro France (annulé, ndlr) ou
de l’EuroCup à Anglet (23-25 septembre, ndlr), c’est la WSL qui en est
l’organisateur sur le sol français et qui traite avec ses partenaires
privés et publics.
conditions d’éthique sportive. Les décisions, notamment pour placer
l’événement d’Anglet à huis clos, sont celles des organisateurs ».