Maxime Huscenot sera-t-il sur le WCT l’an prochain ?
Une semaine avant Haleiwa, on a sorti la calculette pour évaluer ses chances de qualification
20/11/2022 par Olivier Servaire
A l’issue de la meilleure saison de sa vie, Maxime Huscenot est en passe de se qualifier pour le World Tour. Est-ce déjà fait ? Ne faut-il pas vendre la peau de l’ours ? On fait les comptes avant de suivre le CS d’Haleiwa qui débute samedi prochain…
Le contexte
La règle de base est simple : 7 épreuves Challenger Series, 4 résultats pris en compte, 10 surfeurs qualifiés !
En claquant une très grosse perf dès le premier Challenger Series de l’année, Maxime Huscenot s’est assuré d’être en contention jusqu’au bout. Mais Maxime ne s’est pas contenté de miser sur cette 3e place sur la Gold Coast pour arriver à Hawaii avec une chance hypothétique. En terminant 17e à Sydney, 9e à Ericeira et 5e à Saquarema, Maxime a confirmé, et présente donc 4 résultats solides qui le placent dans le top 10.
Si la saison était terminée Huscenot passerait. Mais il reste une épreuve. Les 16 050 points suffisent-il ou faut-il aller en chercher plus dans les bouillons d’Haleiwa ?
Impossible de répondre précisement à cette question. La barre sera au minimum à 14 710 (les points du dixième actuel), et au maximum à 20 995 (les points du 3e, déjà annoncé comme qualifié).
Tout va dépendre de la manière dont les derniers bons points seront distribués. S’ils sont récoltés par les premiers du classement, ceux qui sont vraiment aux fraises, ou des surfeurs du World Tour, la barre bougera peu. En revanche des surfeurs visant la qualif (surtout ceux classés entre la 11e et la 20e place), peuvent remonter très vite et gratter tous les surfeurs devant eux. Il faut donc s’intéresser aux adversaires de Maxime dans cette course.
Une égalité bien compliquée
Liam O’Brien est sixième égalité avec Maxime, et il faut tout de suite s’intéresser à la règle qui pourrait les départager s’ils terminaient avec le même total de points. On se souvient trop bien qu’en 2009, Joan Duru avait terminé à égalité avec Blake Thorton, et que seul l’australien avait eu sa place sur le WCT ! Pour savoir si Maxime court le même risque, il faut plonger dans les 119 pages du WSL Rule Book pour trouver la règle qui pourrait les départager.
Selon l’article 2.10(b)(i), on commence par comparer le meilleur résultat de chaque surfeur, puis le second, le 3e, et le 4e. Pas de bol ils ont exactement les mêmes. Maxime a pour l’instant un meilleur 6e résultat mais la règle ne porte que sur les compétitions comptabilisées. Vient alors la clause (ii) qui incite à comparer le nombre de séries gagnées. Là aussi, c’est encore kif-kif pour le moment. Mais on comprend que passer ne serait-ce qu’un tour à Haleiwa pourrait faire la différence. Enfin, si Huscenot et O’Brien terminaient exactement au même stade à Hawaii, il faudra regarder leur score moyen de l’année pour pouvoir les départager…
Les poursuivants
Le format du CS d’Haleiwa est différent des 6 autres. Après un round of 80 qui ne concerne en fait que les 32 surfeurs les moins bien classés, on débute un tableau de 64 surfeurs où l’on surfera en séries de 4 jusqu’à la fin.
Tous les prétendants à la qualification débutent donc dans ce round of 64. En théorie, 24 surfeurs peuvent encore dépasser Maxime, mais rassurez vous, pas tous d’un coup, car il n’y a qu’une place à 10 000 points…
Juste derrière Huscenot, on trouve deux surfeurs extrêmement dangereux. Joao Chianca dépasserait le total actuel de Maxime en passant à peine un tour, tout comme Zeke Lau qui doit en plus éviter de terminer 4e dans ce round of 32. Le Brésilien a prouvé qu’il avait le niveau CT, l’Hawaiien est très fort sur son spot, il ne faut pas espérer qu’ils se ratent… Dylan Moffat sera plus sous pression, mais pour lui deux tours peuvent suffire.
On comprend donc qu’au stade des quarts de finale, toujours en course ou pas, Maxime serait donc toujours virtuellement qualifié, au pire à la 10e place. C’est au stade des demies que tout peut basculer. Il ne restera que 8 surfeurs, mais mieux vaut espérer que ce ne soit pas Cibilic, Rodrigues, Willcox et Osborne, qui dépasseraient le total actuel d’Huscenot avec ce résultat.
Pour les autres ce serait vraiment compliqué mais pas impossible, puisqu’il faut faut descendre jusqu’à Brodi Sale (35e) pour trouver un surfeur capable de passer la barre des 16k avec une victoire.
Les autres français
Puisqu’il y a quelques surfeurs français parmi ces poursuivants, intéressons nous à leurs chances de passer les 14710 points actuellement demandés (total suffisant aujourd’hui mais pas forcément demain). Joan Duru peut commencer à rêver à partie de la demie, Gatien Delahaye ou Tim Bisso en arrivant en finale, tandis que seule la win mettrait Jorgann Couzinet et Mihimana Braye dans le game. Même situation d’ailleurs pour Vahine Fierro coté féminin. Seule une victoire lui donnerait une chance théorique de se qualifier…
Un destin entre ses mains
Que peut faire Maxime pour gagner son billet planche au pied ? On l’a vu, il faut déjà faire mieux qu’O’Brien pour être sûr de le dépasser. Ensuite remplacer ses 1900 points par un meilleur résultat. Le minimum est d’en scorer 2200, c’est à dire passer un tour et terminer au moins 3e du round of 32. Avec ces 300 points de plus, les surfeurs actuellement en dehors du top 10 devraient terminer au moins 5e pour le dépasser. Un quart de finale le portant au delà des 17500 points serait un grand pas vers le WT, puisque seuls les 4 finalistes menaceraient encore sa place. Ensuite on serait tenté de dire qu’une demie le mettrait définitivement à l’abri, même si mathématiquement seule une finale le garantit aujourd’hui.
Maxime a montré toute l’année qu’il avait la technique et la régularité pour y arriver. Quand il s’agit d’enchainer les manoeuvres sur une droite, le Réunionnais ne craint pas grand monde sur le tour. Espérons donc qu’il ne va pas à Haleiwa juste pour se qualifier, mais pour frapper un grand coup et annoncer de manière fracassante sa prochaine arrivée sur le World Tour !
Jérémy Florès, Joan Duru, Pauline Ado, Justine Dupont, Vincent Duvignac, Johanne Defay, Alizée Arnaud et Dimitri Ouvré permettaient à la France de décrocher le premier titre mondial de son histoire.