Après Ewen Le Goff, c’est Aurel, un des deux autres aventuriers de Lost in the Swell, qui revient sur sa plus grande frayeur lors de leur trip aux Salomon. Un pays où le danger est omniprésent, que ce soit dans l’eau ou sur la terre ferme :
“Le ciel est rempli de nuages. Il pleut. Encore ! La nuit tombe vite, très vite. La lumière de la lampe torche met en évidence de gros yeux rouges, menaçants. Impossible de distinguer les alentours.
La plage est étroite. Notre campement, installé au milieu de quelques arbres, trône près d’un gros feu « anti croco ». On va se coucher avec Ewen, chacune de nos tentes est graffée au Posca, de dessins pour éloigner les monstres. Les ombres de nos planches, dressées comme des totems protecteurs, dansent dans la nuit. Ronan est depuis longtemps dans le bateau, à l’abri.
Ces yeux rouges m’obsèdent, comme l’oeil du Mordor qui me fixe, un gros stress monte… La peur active mon imagination, fait remonter tous les films d’horreur qui ont marqué mon enfance.
Je suis là, allongé et vulnérable, dans mon petit abri, posé au milieu de nulle part : tous les scénarios se déroulent sur le tapis rouge de l’esprit, la panique s’installe.
Impossible de trouver le sommeil, sans parler de la chaleur étouffante, les gouttes de transpiration raniment les démangeaisons. Difficile de ne pas se gratter là où çà démange !
Le corps et le cerveau en alerte totale, je suis raide, tendu comme un câble de frein à main… Je n’arrive pas à me détendre, même à force de relaxation ; mon imagination l’emporte sur ma volonté, je suis complètement hanté et un rien me fait peur. Chaque bruit est analysé dans son ensemble : l’eau qui tombe des arbres en claquant sur la toile, le murmure rauque du ruissellement, le froissement des feuilles sous les rafales de vent, le craquement du bois mort qui jonche au sol, la chute dévastatrice d’une noix de coco à 10 mètres de mon oreiller de fortune, les crabes blancs, de vraies taupes qui sortent de terre et qui grattent sous la partie imperméable, là où je suis étendu…Sans parler des sons vraiment bizarres, indéfinissables, réels ou imaginaires ? Pourtant je sens un croco qui se déplace près de moi, le long de la tente, je peux presque sentir son haleine fétide…
A ce moment là, un flash : l’affiche de Shining de Kubrick en gros plan devant mes yeux : jack Nicholson, hâche à la main, derrière la porte de la salle de bain trouée de coups et sa femme de l’autre côté, enfermée à l’intérieur, le visage se décomposant d’effroi… Crak… un autre bruit « anormal », impossible de savoir ce que c’est. Je ne sais pas quoi faire, je suis paniqué, je réussis à me dire que c’est Ewen qui doit entretenir le feu, mais je n’ose pas bouger, aucun son ne peut sortir de ma bouche, je suis pétrifié… et là… un autre flash ! Celui d’un vélociraptor, le même que dans Jurassic Park, en train de flairer un des enfants enfermé dans le placard. Il faut que j’arrête de penser à ces films pour me changer les idées !
Alors je fixe mon attention sur le surf et notre aventure mais ça ne dure que quelques secondes et à nouveau ces yeux rouges vifs et étincelants réapparaissent ! Je ne peux m’empêcher de penser à ce « putain » de croco, qui de son sourire cynique, attend patiemment et se transforme en un Alien de Ridley Scott, à l’image de son créateur Giger. C’est n’importe quoi !
Je suis dans un film d’horreur, paniqué, caché dans le noir, ma respiration ralentit pendant que la bête rode… Je suis persuadé qu’il y a autre chose, bien plus qu’une présence, et si c’était vrai ? Je suis incapable d’ouvrir la tente et d’en avoir le coeur net. L’idée de me trouver face à une créature qui ressemble à un croco mi-Alien, mi-dinosaure me glace le sang… C’est promis, j’arrête de regarder des films du genre si je rentre chez moi vivant !
La fatigue m’assaille, le sommeil frappe, je déconnecte. Soudain un bruit plus fort que les autres retentit, je sursaute, mon ventre se remplit d’adrénaline, mon estomac se rétracte, mon coeur qui tambourine contre ma poitrine… un réveil effroyable. Les yeux grands ouverts cherchant désespérément dans le noir… impossible de dormir.
Toute cette nuit n’a été qu’une ponctuation de « flippes » énormes, de stress, de paranoïa et d’angoisse en tous genres…
Le jour se lève enfin, je respire… Dehors, le soleil pointe, pas la moindre petite trace de croco dans les environs ! Mais quelle nuit de merde !”
______
La folle aventure des 3 Bretons aux Salomon, en DVD avec le Surf Session de mars, actuellement en kiosque.
> Lire aussi : le coup de pression d’Ewen Le Goff aux Salomon
Retrouvez l’épisode d’Aurel et les crocos, à partir de 4min30 :
Nom d’un Kouign-amann mon p’tit Fred. C’est pas bien sympa ce que tu dis-là. T’as voté la couleur bleue marine ce weekend ?
Détends-toi et vient donc boire une bolée !
Allez, bisous kénavo !
Nausicaa y a pas de boulot en bretagne ou quoi?
salut les gars, je bosse chez oxbow à anglet et votre film tourne en boucle dans le shop, sans le son évidement car on est obligé de se taper radio oxbow à longueur de journée. du coup j’ai emprunté le DVD du shop et j’ai enfin pu avoir le son. C’était magique, vous m’avez fait mourir de rire.petit faible pour Aurel qui a le sourire quel que soit la situation. Vous m’avez fait rêver les gars. A un de ces jours peut être.
nausicaa, petite bretonne exilée sur la cote basque