Après l’entrée de la gastronomie française au patrimoine (immatériel) mondial, c’est peut-être l’art de bouffer dans les vagues qui fera un jour partie des merveilles sacrées du monde. C’est en tout cas le désir de Surfrider Foundation, réaffirmé à l’occasion du Beach Day 2013, le week-end dernier.
L’idée date de 2010, amorcée lors d’une conférence à Tenerife aux Canaries, avant d’être de nouveau mise à l’ordre du jour lors de la dernière Global Wave Conference qui a eu lieu en mai dernier en Baja California. Car pour l’association environnementale, il s’agit de ne pas dissocier le littoral (et sa protection) des vagues qui déferlent juste devant. Deux options s’offrent pour une telle candidature à l’Unesco : miser sur une inscription au Patrimoine Naturel Mondial – logique – ou bien au Patrimoine Culturel Immatériel. Ce second choix aurait le mérite de reconnaître toute la pratique et pas seulement des sites de surf isolés par ci et là. “D’autant que classer des sites précis s’avère compliqué : beaucoup se situent dans des territoires non signataires de la convention Unesco”, précise Anna Frémont, rédactrice environnement de Surfrider Europe.
Ce lobbying de sauvegarde des sites existent déjà par ailleurs à travers des initiatives telles que la coalition Save The Waves et les National Surfing Reserves.
La logique derrière l’inscription au Patrimoine Culturel Immatériel est de faire valoir toute une culture, intiment liée à la dimension environnementale de la pratique. Un surfeur n’est rien sans son spot. Car si un Patrimoine Mondial Marin existe déjà avec 46 sites recensés, l’existence d’une vague exceptionnelle et/ou populaire ne suffirait évidemment pas. Elle devrait présenter “des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles” si l’on s’en tient aux critères de sélection de l’Organisation des Nations Unies, ou encore être un exemple “éminemment représentatif de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins”.
Pour surfer tous les jours dans des sites pas toujours clean, vous savez pertinemment que ce n’est pas forcément la qualité naturelle d’un spot qui en fait sa richesse. Par contre, mettre en avant plus d’un siècle de diffusion du sport des rois hawaïens et d’un héritage sportif, artistique, culturel, semble avoir davantage de chances d’aboutir à une considération de la démarche auprès de l’Unesco. Car oui, on en est que là pour l’instant, mais quand on sait que la fauconnerie figure au Patrimoine Culturel Immatériel, on est tenté de croire que le surf a toutes ses chances, n’est-ce pas ?