Java : à la recherche de la perle

Laurent Gaden, Arthur Bourbon et les frères Delpero vous embarquent dans leur expédition, à découvrir dans le mag de septembre, actuellement en kiosque.

07/09/2013 par Romain Ferrand

À force de rêver de line-ups vierges, Arthur Bourbon et les frères Delpero ont décidé d’aller voir par eux-mêmes si ce fantasme était réalité. Et à voir leur tête, on dirait qu’ils ont pris leur pied…

Texte et photos : Laurent Gaden

Un voyage, ou le choix d’une destination, part souvent d’une rumeur. Plus le nombre dʼinformations glanées au long des nuits dʼhiver attestent de la véracité de cette rumeur, plus l’envie de partir est grande. Les vagues indonésiennes attisent la convoitise du surfeur en mal dʼexotisme, mais ceux qui ont connu cet archipel il y a quelques décennies regrettent une époque révolue où surf rimait avec exploration. Reste-t-il encore des bouts de côte à explorer ? Peut-on encore espérer surfer des vagues vierges en Indonésie ? Arthur semble connaître la zone qui nous comblera. Antoine, Edouard et moi-même nous mettons à rêver de line-up déserts à déflorer.

SELAMAT DATANG

À peine atterris, nous essayons de trouver un vol intérieur pour notre destination finale. Nous courons de guichet en guichet dans la moiteur du terminal domestique, boardbags à lʼépaule en essuyant les refus. Il faut se rendre à lʼévidence, tous les vols sont pleins et nous allons subir la folie de Jakarta jusqu’au lendemain. Nous arrivons dans un petit hôtel insalubre en périphérie de lʼaéroport, les mines déconfites par le voyage passé et allumons la télé. Notre Indonésien est pour le moins approximatif, mais les images et les titres déroulants en bas de lʼécran sont sans équivoque : un avion opérant la liaison entre Jakarta et Sulawesi s’est abîmé en mer en faisant une centaine de victimes. On vient seulement de localiser l’épave au large de Makassar. Alors, quand le lendemain, nous apprenons que notre vol est retardé pour d’obscures raisons, en occidentaux habitués à notre petit confort, nous commençons à gamberger de façon peu rationnelle. En outre, personne ne semble connaître la salle d’embarquement exacte. Renseignements pris auprès du personnel, une hôtesse nous indique celle droite, tandis qu’un de ses collègues nous indique celle de gauche. Il règne dans lʼaéroport une pagaille indescriptible. Nous arriverons pourtant sans encombre à destination.

LA BAIE AUX DEUX VISAGES

Après plusieurs heures de route à travers les rizières, les plantations de thé et de café, nous faisons une pause dans un village. Les vieillards s’affairent à reprendre les filets. Les hommes, quant à eux, tirent les bateaux sur le haut de la plage. La crique est encaissée entre des falaises abruptes la protégeant des attaques de lʼocéan. Nous continuons notre chemin et nous arrêtons quelques kilomètres plus loin. Nous y sommes, lʼendroit est comme nous l’avions imaginé, plus somptueux encore : une baie de sable blanc baignée dans des eaux émeraude aux reflets dʼazur. Deux immenses blocs de lave plantés dans lʼocéan à chaque extrémité de la baie et surmontés d’une jungle épaisse disparaissent dans des nuées d’écume sous les assauts répétés des brisants. Devant nos yeux, une droite et une gauche d’une violence et d’une perfection inouïes se font face au pied de ces géants de roche. Un paysan nous propose de nous héberger dans un petit bungalow qu’il a construit sur son lopin de terre.

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