Interview de Lee-Ann Curren et Andre Silva

Le film Titan Kids est à l'affiche du Festival International du Film d'Anglet, pour l'occasion Surf Session a rencontré les deux surfeurs pros à la base du projet

12/07/2011 par Romain Ferrand

Juste avant qu’Andre ne parte en Afrique du Sud pour le Mr Price Pro Ballito, les deux surfeurs nous ont accordé une demi-heure à la Côte des Basques, autour d’un verre, pour nous parler de leur film, Titan Kids, projeté aujourd’hui au Roxy Pro et demain au Festival du film de Surf d’Anglet, ainsi que de leur association Surf and Hope, mais aussi de leurs futurs projets…

Votre film, Titan Kids, va être diffusé dans quelques jours au Roxy Pro et au festival du film international d’Anglet, pouvez-vous nous présenter ce projet, comment est-il né ?

Lee-Ann : Je suis allée pour la première fois là-bas pour visiter la ville d’où André venait. Il ne m’avait jamais vraiment dit ce qu’était une favela. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Juste avant d’y aller, nous étions à

Hawaii où j’avais discuté avec Jadson Andre, qui m’avait dit :

« Je ne vais jamais dans cet endroit, ça me fait peur. »

Ca m’a surpris et j’ai commencé alors un peu à réaliser. Je suis donc allée là-bas avec Andre (Silva ndlr) la première fois, j’ai rencontré ses amis et nous sommes allés surfer. J’étais un peu nerveuse, je ne savais pas comment les gens allaient réagir et m’accepter car j’étais la seule étrangère là-bas.

Andre : C’était la seule blonde, une lumière dans un endroit sombre ! ( rires )

L-A : Ca s’est tout de suite très bien passé, je me suis fait quelques amis et j’ai plaisanté avec les enfants. On a alors eu l’idée d’essayer de faire un documentaire sur cet endroit car beaucoup de très bon surfeurs viennent de cette favela comme Tita Tavares et Pablo Paulino. On voulait aussi montrer ce que la nouvelle génération était capable de faire. L’idée du film est donc née après que nous nous soyons rendus ensemble dans la favela, mais je pense qu’André avait déjà ça dans un coin de sa tête. Puis de cette idée de film est née la volonté de créer une fondation (Surf and Hope ndlr) pour aider les enfants.

A : Tout dans cette favela est voué au surf. Il y a plein de bons surfeurs là-bas. Tout le monde vit en contact avec l’océan et tous les enfants surfent. Ils connaissent tous les grands noms du surf brésiliens et les mecs comme Kelly Slater et Mick Fanning. C’est un village de surf. Ce qui est très difficile là-bas, c’est que les gens n’ont pas la possibilité de trouver des opportunités pour avoir une meilleure vie. Il n’y a pas de sponsors, les enfants sont très pauvres et ne peuvent pas voyager pour surfer. L’idée était donc d’abord de faire une vidéo sur les kids de Titanzinho et de la montrer à des grandes compagnies et à des sponsors pour qu’ils aident ces gamins. On a d’abord fait un premier teaser pour présenter les enfants et la favela. Les gens ont beaucoup aimé ! On a alors rencontré quelqu’un d’important dans la vidéo ici, Franck Delage, qui a vraiment apprécié cette première vidéo et a voulu nous rencontrer pour parler du projet et nous aider à le développer, car nous ne savions pas vraiment comment y arriver. Ils nous a donner énormément d’idées et de conseils techniques pour filmer. On y est ensuite retourné un mois après pour filmer !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après avoir fini de monter le film, vous êtes tous les deux retournés à Titanzinho pour le montrer aux habitants de la favela. Quelle a été leur réaction, comment s’est passé ce retour ?

A : Il y a une autre petite histoire qui a accompagné notre retour. Franck Delage, qui nous aidé tout au long du projet, est un bon ami de Manu Chao. Il l’avait appelé pour lui demander si nous pouvions utiliser sa musique, il avait accepté volontiers car il trouvait le projet intéressant. Nous sommes restés en contact avec lui pendant prêt d’un an, nous avons fini le film et Franck l’a appelé pour le prévenir que nous irions à la favela pour montrer le résultat. Manu Chao a un fils qui habite Fortaleza, la ville dont dépend la favela de Titanzinho, il a donc demandé à Franck à quelles dates nous voulions nous rendre là-bas. Comme ça correspondait aux siennes, il a décider de venir avec nous passer une journée à Titanzinho pour la projection du film. Nous ne pouvions pas le croire. Il a joué de la musique toute la soirée avec les enfants, c’était incroyable. Lee-Ann n’arrêtait pas de me dire « il ne viendra pas… », mais il est venu ! C’est vraiment une belle personne, c’était un moment incroyable et les enfants étaient ravi.

L-A : Je crois qu’il a vraiment aimé cet endroit. Fortaleza est une très grosse ville et cette favela au bord de la mer, même si elle est marquée par la violence, est probablement un des meilleurs endroit du coin.

A : Oui, le gouvernement n’a pas encore pu mettre la main sur cet endroit. C’est comme un petit village du passé, à l’écart du reste du monde. La base du projet était d’aider les gamins et de leur trouver des sponsors. Après avoir fini ce film, et sans doute parce que ces kids sont vraiment bons, quelques uns d’entre eux ont fini par en trouver un, dont la petite Juju. C’est vraiment une très bonne chose. De plus en plus de marques gardent un oeil sur ces jeunes surfeurs pour leur permettre de faire des compétitions et d’évoluer.

L-A : Tous les enfants ont toujours voulu surfer là-bas. C’est juste qu’ils n’avaient pas les moyens matériels de le faire et avaient peur de demander quoi que ce soit. On a juste essayer d’étendre ce qui existait au maximum d’enfants possible. C’est difficile de les voir sombrer du mauvais côté et de ne rien pouvoir y faire. Quand on a vu certains d’entre eux s’en sortir et devenir de très bon surfeurs, ça nous a fait vraiment plaisir.

Est-ce que vous pensez un jour faire un second film pour montrer où en sont les enfants de Titan Kids, comment ils ont grandi ?

L-A : Oui, ça serait vraiment bien.

A : Peut-être à l’occasion d’un surf trip organisé pour les enfants en France, pour montrer comment une petite opportunité peut changer une vie et ainsi donner de l’espoir aux nouvelles générations de la favela.

 

Le surf est sans doute l’un des meilleurs outils pour ça…

L-A : C’est sûr, c’est un peu comme une drogue aussi, qui pourrait se substituer aux autres car c’est encore plus addictif !

A : Ce projet, ça n’est pas juste apprendre le surf, c’est plus que ça. C’est apprendre comment se comporter dans la vie, comment parler aux gens et les respecter. Avant de voyager, tu as l’impression que l’endroit d’où tu viens est le plus important du monde, mais quand tu en sors, tu vois des choses et des gens différents, tu dois t’ouvrir et apprendre le respect.

 

Merci Lee-Ann et Andre, bonne continuation pour ce beau projet et bonne chance pour les compétitions à venir.

L-A & A : Merci, à bientôt !

Pour plus d’infos sur le projet, allez sur le blog de Surf and Hope !

Retrouvez le teaser de Titan Kids :

 


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