Connu à travers le monde entier pour ses talents de tube rider, Mikala Jones a grandi en surfant le reef de Rocky Point sur le North Shore. Cet Hawaiien né en 1979 nous a quitté avant-hier, dans des circonstances que le média Duke détaille dans un article dédié au surfeur. Cette tragique nouvelle a plongé le monde du surf dans un émoi profond, comme en témoignent les réactions de ses amis et surfeurs Kelly Slater, Mick Fanning, Michel Bourez et tant d’autres. Aimé et admiré par beaucoup pour son talent sur les vagues, Mikala vivait avec sa famille en Indonésie, un pays dont il était tombé amoureux au début des années 2000 après y avoir entrepris de nombreux voyages.
Le tube, sa deuxième maison
Au-delà de son jeune âge, c’est l’aspect inattendu de la nouvelle qui a laissé les surfeurs qui le connaissaient et qui le suivaient abasourdis. L’Hawaiien avait pour habitude de voyager pour surfer aux quatre coins de l’Indonésie, dans des lieux dont lui seul avait l’adresse. Il partait seul ou en équipe restreinte camper plusieurs jours devant des vagues parfaites et très reculées, déroulant le long du plus grand archipel du monde. Mikala a même découvert certaines vagues mondialement connues aujourd’hui, dont il prônait la protection. En ce sens, le surfeur a marqué une grande partie de la génération de ceux qui ont grandi dans les années 90 et qui ont évolué en visionnant ses images, capturées depuis un point de vue unique à la GoPro dont il fut le pionnier. Issu d’une famille de surfeurs, les Jones ont marqué l’histoire du surf par leurs exploits dans et hors de l’eau. Son frère Daniel est un shapeur mondialement connu sous le nom de Jones Surfboards et sa sœur Malia est une surfeuse remarquable.
Les conséquences de son décès
Il était en surf trip dans l’archipel des Mentawai, toujours à la recherche de vagues inconnues, quand sa board est venue lui ouvrir l’artère fémorale au niveau de l’aine suite à une chute violente. Après « une perte massive de sang« , Mikala fut évacué en bateau jusqu’au rivage, inconscient, mais une fois pris en charge par les secours, il n’a pas pu être réanimé. Les informations auxquelles nous avons accès proviennent des surfeurs présents sur place au moment des faits et si vous souhaitez en savoir plus, leur témoignage est à retrouver dans l’article rédigés par nos confrères du Duke.
Cette vidéo, qui le présente bien, a été tournée il y a plusieurs années par Taylor Steele (The Momentum Files). « Il est difficile d’imaginer un jeune homme de 44 ans s’étant mis plus de barrels que lui » commentent nos confrères de STAB.
Un émoi international
« Ton sens de l’humour et tes répliques classiques vont nous manquer. J’aime le fait que tu sois toujours resté réaliste, mais que tu aies été un véritable ambassadeur de l’aloha. » Voici les mots de Mick Fanning, qui a partagé plusieurs explorations avec Mikala. Taylor Knox témoigne lui aussi dans le même sens : « C’était un père de famille extraordinaire et si vous passiez du temps avec lui, vous pouviez voir à quel point il était attaché à sa femme et à ses enfants. Il incarnait le sens du « Search » et n’attendait pas que quelqu’un lui dise où aller et partait seul à l’aventure pour trouver des vagues parfaites et peu fréquentées… Il a partagé avec moi l’une de ces aventures qui a vraiment été l’un des meilleurs voyages que j’ai jamais fait. »
Sterling Spencer, avec qui il partageait un sponsor, témoigne de sa tristesse dans un post Instagram dont les images d’archives et le message sont touchants : « J’ai toujours eu peur de Mikala en grandissant… Il prenait toutes les vagues et ses traits aigus et sa peau bronzée me faisaient peur… Quand nous avons grandi et que nous avons commencé à faire des voyages ensemble pour Reef… J’ai réalisé que nous étions de la même tribu… Nos deux parents sont morts à peu près au même moment et j’ai eu l’impression que nous étions des frères d’âme, que nous nous comprenions…«
De l’autre côté de l’Atlantique, l’Italien Roberto D’amico explique : « Je n’avais pas de maison à Hawaii. Il m’a invité à rester avec lui et sa famille pour Noël. Je ne le connaissais même pas, c’était juste un bel être humain.« Mikala a lancé de nombreux surfeurs professionnels, tels que Mark Healy, sur le chemin du succès : « Il m’a offert mon premier gun quand j’avais probablement 12 ans, ce qui a eu une influence considérable sur ma trajectoire. »
Mikala Jones et les barrels de rêve dans lesquels il s’engouffrait avec ses planches Town and Country Designs ou celles que son frère Daniel concevait avec amour pour lui resteront gravés dans la mémoire de beaucoup de surfeurs. Tout comme sa positivité et son calme. Toutes nos pensées vont à sa famille et plus particulièrement à sa femme Emma et à sa fille Isabella qu’il laisse derrière lui. « J’aimerais que cela n’arrive jamais et que nous puissions nous réveiller et aller surfer ensemble demain matin » écrit sa fille dans un post touchant sur Instagram. « Mon père a eu un grave accident de surf et ne s’en est pas sorti. Je suis heureux qu’il ait fait ce qu’il aimait le plus. La vie ne sera plus jamais la même sans toi. »
