L’océan menacé par l’exploitation minière, il est possible d’agir !

Le mouvement "Water People Against Deep Sea Mining" a besoin de vous.

14/07/2023 par Ondine Wislez Pons

L’exploitation minière en eaux profondes est une industrie destructrice des fonds marins qui pourrait démarrer à l’échelle mondiale à partir de fin juillet 2023. Elle causerait des dommages irréversibles sur les océans, la biodiversité marine, le climat, la pêche et la santé humaine. C’est pour cette raison que la communauté scientifique demande un moratoire. Seize gouvernements l’ont déjà rejoint, ainsi que des institutions européennes, des institutions financières, des banques et des entreprises. C’est pour lutter contre cette exploitation que le collectif @look_down_action s’est créé avec comme raison d’être #StopDeepSeaMining (stop à l’exploitation minière des hauts fonds).

Les fonds marins menacés

Aujourd’hui plus que jamais, les grands fonds marins sont en danger, exposés à la menace d’une exploitation minière à l’échelle de la planète. Des négociations sont actuellement en cours et elles sont cruciales pour l’avenir de nos océans. En effet, l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM) s’est réunie le 10 juillet, jusqu’au 28, à Kingston en Jamaïque, pour discuter de la réglementation de l’exploitation minière des fonds marins dans les eaux internationales, faisant actuellement l’objet d’un flou juridique. En effet, à ce jour toute entreprise peut faire une demande auprès de l’AIFM pour exploiter les fonds marins à des fins commerciales et ceci, alors que les négociations sont en cours et qu’aucune réglementation n’est encore fixée. « Les minerais et métaux rares présents dans les grand fonds sont convoités et utilisés principalement par les industries du numériques et des énergies renouvelables » nous apprend Sea Shepherd France sur l’un de ses récents post Instagram. Face à cette menace, les ONG et les associations environnementales appellent leurs communautés à se mobiliser. « Les grands fonds marins représentent plus de 80% de la surface du plancher océanique. Ils assurent des fonctions écosystémiques nécessaires à la vie sur Terre et abritent des millions d’espèces à peine connues, d’une richesse insoupçonnée » nous explique Sea Shepherd France.

Une mobilisation sur les réseaux sociaux

Pour comprendre le nouveau mode d’action à l’oeuvre dans cette lutte, nous avons échangé avec la surfeuse et apnéiste Léa Brassy, très impliquée dans la protection des océans. « En mai dernier, j’ai rencontré la jeune activiste Anne-Sophie Roux, à la tête de la branche européenne de l’ONG « Sustainable Ocean Alliance » et co-fondatrice du mouvement @look_down_action. Elle m’a fait part de son travail et m’a demandé comment mobiliser la communauté des usagers de l’océan en soutien à cette action. En effet, les pays clés dans l’adoption de ce moratoire sont le Portugal, l’Australie, le Mexique et la Norvège, où il y a de gros réseaux de surfeurs et de gens qui vivent l’océan. Nous avons alors imaginé le hashtag #WaterPeopleAgainstDeepSeaMining, rassemblant surfeurs, apnéistes, plongeurs, marins, etc. » nous explique Léa.

Le mouvement « Water People Against Deep Sea Mining » est désormais présent sur les réseaux sociaux. Il y a deux niveaux d’action. Le plus engagé est de publier un post dénonçant la problématique et d’inviter ses followers à taguer les comptes des personnes décisionnaires des gouvernements concernés en leur demandant de #StopDeepSeaMining. La seconde est de taguer en commentaire les posts existants des sportifs engagés comme par exemple Léa Brassy (@leabrassy) ou Liz Clark (@captainlizclark). La stratégie est d’occuper les comptes Instagram des personnes décisionnaires.

Si vous souhaitez vous mobiliser, vous pouvez contacter Léa Brassy directement sur son compte Instagram. La surfeuse fournira à ceux qui veulent faire un post toutes les informations nécessaires sur les comptes à taguer ainsi que des modèles photo si besoin.

« La société civile met la pression aux politiques via les réseaux sociaux pour les forcer à écouter un autre message que celui des lobbyistes, c’est du lobbying par la société civile en faveur du vivant. C’est un modèle d’activisme que l’on ne connait pas beaucoup, dont on n’a pas encore l’habitude » poursuit la surfeuse. L’objectif de ce mouvement, confie-t-elle, en plus de lutter contre l’exploitation minière qui menace les grands fonds marins, est de fédérer les communautés de water people, autour de ce type d’actions menées par la société civile. « Cette manière d’agir, en taguant les décisionnaires fonctionne et elle ne prend que quelques secondes. Le but étant que ces individus soient obligés de nous écouter. Le mouvement est grandissant mais il faut le soutenir. Ce genre de décisions sont prises en catimini et nous avons la chance d’avoir des activistes comme Anne-Sophie pour les mettre en lumière et nous permettre d’agir. Il est nécessaire d’avoir un oeil avisé pour comprendre les décisions prises, à quel moment… C’est très complexe et on a besoin d’experts pour le vulgariser.« 

Un nouveau mode d’action efficace

En effet, ce mode d’action de mobilisation de la société civile encore peu connu, à savoir l’interpellation sur les réseaux sociaux des décideurs politique, a fait ses preuves. Des comptes Instagram tels que @ecotalkfrance, @bloom_association ou @look_down_action ont fait appel à leur communauté avec pour objectif de faire pression sur le gouvernement d’Emmanuel Macron et suite à cela, la France a changé radicalement de position à propos de l’exploitation minière. « Il y a quelques mois, la France était en faveur du Deep Sea Mining et suite à la pression des groupements et des internautes, le gouvernement a reçu les activistes et a finalement changé d’avis » raconte Léa. Des centaines et des centaines de gens ont multiplié les tags, entraînant une saturation des réseaux sociaux des personnes concernées, suite à quoi le gouvernement français a reçu les activistes pour écouter leurs arguments, pour finalement prendre position contre le Deep Sea Mining. « Un gros pays comme le notre qui change d’avis, ce n’est pas anodin et plusieurs ont suivi depuis. Ça fait effet boule de neige. L’Irlande, la Suisse et la Suède viennent de se positionner contre l’exploitation minière » conclut la surfeuse.

Si vous souhaitez vous mobiliser contre l’exploitation minière des fonds marins, vous pouvez rejoindre le compte Instagram de Look Down Action, de Léa Brassy… Et si vous êtes intéressés par l’activisme environnemental, ceux de Bloom ou de Camille Etienne.


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