Depuis ses 14 ans, Dane Reynolds se fait shaper ses planches par Al Merrick alias Channel Island, pour le nom de la maison. Lorsqu’il se rendait au stock pour prendre son matériel avant de partir vers des horizons nouveaux, Dane passait constamment à côté de planches devenues aujourd’hui de collection. Toujours accrochées dans le même atelier, ou entassées minutieusement dans un grenier, les premières planches de Kelly Slater, Tom Curren ou encore Rob Machado ont fait rêver ce jeune passionné pendant des années. Désormais loin du circuit pro, le nez dans ses projets free surf et mode, Dane a décroché un bon nombre de ces boards, avec l’accord de Britt, le fils Merrick, et passé un bon coup de jet d’eau dessus avant de les remettre en marche comme une vieille 103 qu’on n’aurait pas démarré depuis les années 90 mais et qui ne demandait qu’à retrouver un conducteur.
« Vous surfez très bien sur tous les types de planches les gars, mais vous avez besoin de bonnes vagues, pas comme celles-ci » disait William Sharpe, un célèbre photographe de Ventura d’où sont originaires Dane et certains de ses amis, en pointant du bout de son nez le pic sur lequel Mikey February tentait désespérément d’avoir une vague avec l’une de ces fameuses boards. Quand on se penche sur les images d’archives sur lesquelles Kelly et les autres surfaient ces planches, il s’agissait en effet de longues vagues creuses. Le groupe décida alors de remplir des boardbags direction le Mexique où l’on trouve ce type de vagues. Rolo Montes et Eithan Osborne ont tous deux tenté de profiter au maximum de leur haut potentiel.
Dane en profite pour faire un point historique sur chacune des planches, le contexte de leur production, leur ancien propriétaire et l’époque à laquelle elles étaient surfées. Parmi les boards étalées dans son jardin se trouvent aussi les siennes, la première Proton qui lui a permis de se qualifier sur le Tour, devenue par la suite un modèle vendu partout dans le monde. Il est intéressant de voir la même planche passer sous les pieds de différents surfeurs, aux styles bien distincts comme celui de Micky Clarke, Virs et Mikey ou encore Parker Coffin, Jake Kelley et Ditty Ditmar. La Potato Chips surfée par Matt McCabe aura finalement fini comme tant d’autres, hors d’état d’usage…
Mettre sous les pieds d’un surfeur au style pur de ces sept dernières années, une planche faite il y a plus de vingt ans ne marche pas toujours et les trajectoires peuvent s’avérer aussi irrégulières que les notes jouées par la flûte en fond sonore. Mais quand ça passe, c’est encore plus beau ! Certains turns envoyés par les garçons sont tout aussi violents que l’accident de Dane au Mexique. Ce 18e épisode produit par Chapter 11 TV est sanglant et cela n’a rien à voir avec la radicalité des turns que l’on y voit. Plus de peur que de mal, on vous rassure et personne dans ce monde, équipé d’un bonnet de bain, n’a envoyé autant que Dane à l’eau.
Les derniers propos de Dane résument bien les intentions qui se cachent derrière son projet : « Toutes ces boards ont été produites avec, comme finalité, la performance, excepté Sperm Whale qui est à quelque chose près simplement ma crise identitaire. C’est si fun de les surfer, c’est cool de voir l’évolution dans le design des planches de surf et essayer d’imaginer ce que chaque surfeur avait en tête dans ce qu’il tentait d’accomplir. C’est amusant de revisiter de vieux shapes et surfer des vagues, c’est drôle. Essayer différents types de planches enrichit l’expérience. Parfois, tu dois retourner dans le passé pour trouver de l’inspiration dans le futur.«