Samedi 30 septembre dernier a eu lieu à Anglet la seconde édition de la journée S3, rassemblant sauveteurs, secouristes et surfeurs de gros autour de l’échange et du partage des différentes techniques de sauvetage en jet ski. La toute première édition de cette journée, qui avait eu lieu au mois de décembre 2022, fut un tel succès que ses initiateurs, Gautier Garanx et Julien Nogues, ont décidé de réitérer l’expérience à l’Espace de l’Océan, sur le front de mer angloy. Ce matin-là, plus d’une trentaines de jet skis étaient garés à la Chambre d’Amour, en face du spot du Club.
Pour aborder plus sereinement la saison hivernale qui commence tout juste pour les surfeurs de grosses vagues, ce fut le moment idéal pour échanger autour des techniques de sauvetage. Diverses corporations de sauveteurs et de secouristes étaient présentes pour l’occasion. Parmi elles il y avait la SNSM, les pompiers des Landes et du Pays Basque, le Biarritz Sauvetage Côtier, les MNS d’Anglet, le SAMU… De nombreux équipages de surf tracté ainsi que des surfeurs à la rame français et espagnols sont également venus en apprendre davantage sur la prise en charge des victimes s’ils doivent un jour porter assistance à un individu en difficulté, entraîné ou non, lors d’une session de gros. « C’est l’occasion pour nous de revoir tous ensemble les différentes techniques d’intervention, d’être plus efficace et plus rapide« affirme Gautier.
Un besoin réel
Depuis quelques temps, Gautier Garanx, surfeur de grosses vagues et Julien Nogues, sauveteur côtier , avaient envie d’organiser une journée d’échange et de partage autour des différentes techniques de sauvetage et encore plus depuis un malheureux événement survenu l’an dernier lors d’une sortie step off de Gautier et de son co-équipier un jour de grosses vagues. « Un plaisancier curieux s’est approché en jet ski et s’est fait croquer par une vague de cinq mètres, le tout a été filmé et la situation s’est révélée assez complexe. Il s’est retrouvé en stade 2-stade 3 et il était quasiment inconscient après avoir pris plusieurs vagues sur la tête. Il y a eu un réel problème pour prendre en charge cette victime sur le jet parce que personne n’était capable de secourir une victime non préparée à cela. Quand Gautier est rentré, il m’a dit qu’on devait vraiment organiser une journée, que c’était une nécessité » explique Julien.
La journée S3 est donc née d’un constat : dans les grosses vagues, les surfeurs et les équipages sont souvent impuissants s’ils doivent porter secours à une victime non entraînée dans une situation extrême. Ce fut donc l’occasion de passer en revue les techniques existantes et de s’enrichir de l’expérience de chacun, tant d’un point de vue technique que matériel. « Cette journée est faite pour les pilotes de jet ski qui se retrouveraient à réaliser un sauvetage sur une victime inexpérimentée ou sur un surfeur en difficulté. Un jour ça pourrait leur arriver d’aller chercher un de leur copain inconscient. On a mis le doigt sur un manque et c’est pour cela que cette journée connait un tel succès. L’année dernière on s’est rendu compte que très peu d’équipages de surf tracté étaient équipés d’une VHF. Au delà de la technique, le sauvetage repose aussi sur un certain équipement de sécurité à avoir. Il y a aussi pas mal de surfeurs à la rame qui viennent parce qu’un jour ils pourront être susceptibles d’aider un pilote de jet ski » poursuit Julien.
À force d’en parler autour d’eux, Gautier et Julien se sont rendus compte que beaucoup de surfeurs étaient intéressés et demandeurs. Lors de la toute première édition l’année dernière, la journée a rassemblé plus de 80 personnes dans une petite salle. « On a alors pris conscience qu’il y avait une grosse demande » nous dit Julien. Face a cet engouement, le maire d’Anglet a proposé aux organisateurs l’Espace de l’Océan et cette année, plus de 110 personnes étaient inscrites. « Ce qui est génial, c’est que d’un côté les sauveteurs partagent leur savoir-faire en termes de secourisme et de prise en charge des victimes et de l’autre les surfeurs font part de leurs connaissances en termes de pilotage de jet ski. C’est un véritable échange. On a accès aux différentes techniques, chacun fait un peu son truc de son côté mais là on s’ouvre, on échange. Surtout qu’il n’y a pas qu’une seule technique possible. Chacun a la sienne et c’est l’occasion de la partager. Chaque pilote est différent, chaque jet ski est différent, tout comme le matériel. Et une technique de sauvetage réalisée par un équipage n’est pas forcément la bonne pour un autre, mais c’est primordial d’en parler » poursuit Julien.
De la théorie à la pratique
La journée s’est déroulée sur le même rythme que l’an dernier. Le matin, les corporations ont toutes fait une présentation orale, agrémentée d’images et de vidéos, de leurs techniques de sauvetage propres, suivie d’un temps de questions-réponses. L’un des moments forts de la matinée fut animé par Cedric Giscos et Pierre Fourcade, tous deux surfeurs de gros, dont l’intervention s’est appuyée sur un extrait du film Looking for balance dans lequel Cedric apparait, projeté à Anglet en juillet dernier à l’occasion du Festival du film de surf. Les surfeurs étaient partis sur un gros swell au cours duquel une récupération s’est mal passée. Cedric et Pierre ont projeté les images de cette récup’ en analysant en direct live les raisons pour lesquelles elle a échoué. Un moment très enrichissant. L’après-midi a laissé place à la mise en pratique des techniques abordées le matin même par les différents intervenants et tout le monde s’est mis à l’eau : plus d’une vingtaine de jet skis dont la sécurité fut assurée par le bateau de la SNSM. « Le but, c’est qu’à la fin de la journée, un pilote de jet ski sache quel type de sauvetage réaliser avec son propre jet, son matériel et sa morphologie » explique Gautier avant de poursuivre « On s’est rendu compte que certains équipages de surf tracté, qui sont les premiers à être sur place, avant l’arrivée des secours et donc les premiers à pouvoir agir mais qu’ils n’étaient pas nécessairement formés à ça. »
Pour les surfeurs de gros, l’intérêt d’une journée comme celle-ci est donc de voir comment les professionnels du sauvetage et du secourisme interviennent sur une victime afin d’adopter les bons gestes. « Si mon co-équipier fait une chute lors d’une sortie tow-in et que je dois le récupérer, j’aurai en tête les techniques qui vont me permettre de le récupérer sans perdre de temps et sans me mettre en danger sur le jet, surtout s’il est inconscient. Si plusieurs équipages sont présents, cela pourra nous servir si un jour, on doit aller chercher un gars d’une autre équipe » nous confie Gautier.
La journée S3 a créé une cohésion entre les différentes corporations et les surfeurs de grosses vagues, les a fédéré autour d’enjeux fondamentaux, ces derniers concernant la sécurité et la vie humaine. Le surf de grosses vagues est un sport, une passion pratiquée dans des conditions souvent extrêmes et si la préparation physique occupe un rôle majeur dans sa pratique, il est tout aussi important pour les surfeurs de se préparer d’un point de vue technique et matériel. « Ça permet de tous se rencontrer, entre toutes les différentes corporations de sauvetage, différents équipages de surf du 64, du 40. C’est vraiment super, on sent qu’il y a une vraie entraide et un vrai groupe qui est en train de naître, c’est que du positif » conclut Gautier.
