Nos questions à Maria Fernanda Bastidas, photographe aqua de surf de gros

"Derrière l'objectif", de la passion, de l'adrénaline et de l'énergie.

16/02/2024 par Maia Galot

tube océan Maria Fernanda Bastidas
« Coastal Rhapsody », juillet 2018 © Maria Fernanda Bastidas
Teahupo'o © Maria Fernanda Bastidas
Teahupo’o © Maria Fernanda Bastidas
vague océan Maria Fernanda Bastidas
© Maria Fernanda Bastidas
tube Maria Fernanda Bastidas
© Maria Fernanda Bastidas

Maria Fernanda a signé le portfolio du Surfeuses n°1 en 2022. Aujourd’hui en digital, nous retrouvons le travail de la Mexicaine, formée à Hawaii par le photographe de surf Peter Sterling. Après avoir pratiqué dans les vagues hawaïennes, entre Haleiwa, de solides breaks du côté de Kauai ou encore Pipeline, elle a décidé de rester dans l’univers des grosses vagues et shoote beaucoup du côté de Zicatela (Puerto Escondido) où elle vit. Rencontre.

Bonjour Maria ! Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours de photographe, de tes débuts à ta vie quotidienne aujourd’hui ?

Je m’appelle Maria Fernanda (@mariafernandaphoto), je suis née et j’ai grandi à Mexico. Je suis titulaire d’une licence en gestion d’entreprise dans le domaine du tourisme et de l’hôtellerie. J’ai toujours eu une passion pour l’eau, en particulier pour l’océan, même si je vivais en ville et que pour aller à la plage la plus proche, il fallait faire 4 heures de route. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme universitaire, j’ai suivi un cours de photographie numérique et j’ai commencé à m’entraîner dans ma ville. Ce n’est qu’en 2012, lors d’un voyage à Hawaï, que j’ai commencé à apprendre et à pratiquer la photographie de surf.

Aujourd’hui je voyage beaucoup pour prendre des photos des plus belles vagues. J’ai eu la chance d’aller photographier des vagues à Puerto Escondido, Pascuales, Todos Santos, San Diego, San Clemente, Hawaii, Nazaré, les îles Galapagos, le Salvador ou encore le Costa Rica, etc.

À quel moment l’océan et le surf sont-ils entrés pleinement dans ta vie ?

J’ai grandi dans une ville enclavée, Mexico, et l’océan ne faisait donc pas partie de mon quotidien, mais les piscines oui, puisque je nageais 6 jours par semaine, parfois même 4 heures par jour. En parallèle, à chaque fois que nous passions des vacances en famille, nous allions à la plage et je passais toute la journée dans l’océan.

Il y a environ 14 ans, je traînais avec des jeunes qui voyageaient et faisaient des photos pour Transworld Surf, à l’époque où le magazine Transworld existait encore (rires), dans une ville balnéaire du Mexique. Ils voyageaient avec leurs propres photographes et je me souviens avoir pensé que c’était le travail le plus cool qui soit ! J’ai pris quelques photos des groms depuis la plage, avec mon petit appareil automatique et j’ai adoré ça. C’est la première fois que j’ai rencontré des surfeurs photographes et que j’ai découvert le style de vie des surfeurs.

Comment décrirais-tu ton style artistique à ceux qui découvrent ton travail ?

Réel, vibrant et puissant.

Qu’est-ce qui t’inspire lorsque tu te lances dans un nouveau projet ?

Je suis inspirée par les possibilités, l’inconnu et l’excitation d’essayer et de créer quelque chose de nouveau et de différent. C’est l’opportunité d’apprendre et d’être créative qui me pousse.

tube Maria Fernanda Bastidas
© Maria Fernanda Bastidas

Tu shootes beaucoup en aqua, qu’est-ce qui te plait dans cette prise de vue ?

J’aime l’adrénaline, le fait d’être immergée dans l’action, de ressentir l’énergie et la puissance de l’océan et de voir ce spectacle incroyable de face. De plus, le fait que ce ne soit jamais la même chose, qu’il y ait un changement constant de facteurs et de conditions, rend les choses réellement excitantes et jamais monotones ou ennuyeuses. J’aime aussi pouvoir être active tout en m’amusant et je ne me laisse pas distraire. En aqua je vis dans l’instant et toute mon attention se porte sur ce qui se passe autour de moi.

Quels défis le shoot en aqua apporte t-il ?

Je pense que la prise de vue depuis l’eau permet d’obtenir des angles uniques et de montrer un peu plus l’action dramatique que depuis la terre ferme. Cependant en étant sur la terre ferme vous pouvez capturer toute l’action alors qu’en étant dans l’eau, vous ne pouvez photographier que ce qui se trouve devant vous car vous ne pouvez pas voir tout ce qui se passe en même temps et vous ne pouvez pas vous déplacer aussi rapidement pour vous positionner dans des angles différents en peu de temps.

Que cherches-tu à transmettre dans tes images ?

J’aime montrer dans mes photos l’énergie, la puissance et la majesté de l’océan, mais aussi la beauté de la création de Dieu. J’essaie de faire ressentir aux spectateurs les mêmes émotions que celles que je ressens en nageant dans les vagues, en les admirant, en les respectant et en les appréciant comme je le fais en étant immergée en leur sein.

Tu photographies tous les types de surf, du shortboard au longboard en passant par le bodyboard, souvent dans des vagues conséquentes, mais pas toujours. Quelles sont les différences entre ces approches ?

Ce que j’aime le plus, c’est sans aucun doute de capturer de grosses vagues et des vagues conséquentes. Je pense que c’est l’adrénaline et l’effort qu’il faut faire pour être prêt pour ce type de vagues qui font que les photos ont plus de valeur, du moins pour moi. Cela demande beaucoup d’entraînement et de discipline, c’est pourquoi il n’y a pas beaucoup de femmes qui le pratiquent, surtout dans les grosses vagues. Je suis l’une des rares femmes au monde à prendre des photos depuis l’eau dans les grosses vagues, et la seule Mexicaine. Cela m’amène à l’autre partie de mon travail. On m’engage généralement pour photographier des femmes et/ou des campagnes de maillots de bain, alors on veut généralement photographier des vagues plus petites ou du surf en longboard, car c’est plus esthétique et plus attirant pour le public cible, et c’est pourquoi j’ai pris plus de photos de ce type de vagues ces derniers temps. J’aime travailler et photographier pour des marques, honnêtement c’est un meilleur travail, mais je pense que la prise de vue de grosses vagues ou de vagues conséquentes relève plus de ma passion.

surfeuse Maria Fernanda Bastidas
Maya © Maria Fernanda Bastidas
big wave Maria Fernanda Bastidas
© Maria Fernanda Bastidas
surfeuse big wave Maria Fernanda Bastidas
© Maria Fernanda Bastidas
San Diego © Maria Fernanda Bastidas
San Diego © Maria Fernanda Bastidas
Oscar Moncada, Zicatela © Maria Fernanda Bastidas
Oscar Moncada, Zicatela © Maria Fernanda Bastidas
Greg Long, Zicatela © Maria Fernanda Bastidas
Greg Long, Zicatela © Maria Fernanda Bastidas
Teahupo'o Maria Fernanda Bastidas Tahiti
« Raging Sea », Teahupo’o, 2018 © Maria Fernanda Bastidas

Y a-t-il une photo qui t’a marqué par son esthétique ou son histoire ? 

J’en ai deux préférées, en raison de leurs histoires et des surfeurs qui y figurent.

La première est celle que j’ai prise de mon défunt ami Oscar Moncada sur son homebreak Zicatela, à Puerto Escondido en juillet 2017. Cette photo est très significative pour moi, c’est la dernière photo et le meilleur cliché que j’ai jamais eu d’Oscar. Je pense que c’est l’une des meilleures photos que j’ai prises sur cette vague, le barrel était énorme et j’étais au bon endroit au bon moment. Le fait qu’elle ait été prise dans mon pays, par le meilleur tube-rider du Mexique, quelques jours avant que je ne me blesse (j’ai dû rester hors de l’eau pendant des mois après ma blessure) et par mon ami que je n’ai jamais revu par la suite, la rend très spéciale.

L’autre est une photo que j’ai prise de Greg Long le 2021 juillet à Zicatela, une droite parfaite sortie de nulle part. C’était le plus gros moment de la journée et je venais juste de me mettre à l’eau. En moins de 15 minutes, alors que j’étais dans l’eau avec des amis, cette magnifique vague a commencé à se former à l’arrière et mon ami m’a dit de regarder derrière moi. J’ai eu la chance d’être en position parfaite pour la voir. D’une certaine manière, la vague, sous l’angle que j’ai pris, ressemble à un slab et, à mon avis, c’est ce qui la rend si unique et l’une de mes préférées, elle est si différente de toutes les autres que j’ai prises ici auparavant.

Enfin, peux-tu nous parler de ton matériel ? Ton appareil photo, ton objectif préféré, ce que tu portes à l’eau…

Mon appareil photo préféré est toujours mon Nikon D800 pour les photos, je dois changer mon set-up dès que possible car il a presque 10 ans mais j’aime toujours les photos qu’il prend et je m’y suis tellement habituée que je suis pleinement en phase avec son fonctionnement. Mon objectif préféré est le 70-200mm. J’ai aussi un Sony A6500 pour la vidéo aqua mais ce n’est pas mon préféré pour les photos.

Côté tenue, mes palmes préférées sont les Churchill Makapu et les combinaisons Isurus sont mes préférées ces derniers temps, la marque a les meilleures combinaisons de compression et est de très bonne qualité. En plus, j’utilise parfois un casque Gath et un gilet d’impact Patagonia ou O’Neill.


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