*Informations via la Fédération Française de Surf
L’équipe de France a pris la deuxième place au classement des nations des World Surfing Games, dont les finales se sont tenues dans des vagues d’un mètre cinquante, hier dimanche 3 mars 2024 à Porto Rico. Johanne Defay et Kauli Vaast sont médaillés de bronze et Joan Duru quatrième de la finale messieurs. Le Brésil a raflé le titre mondial des nations, le titre individuel pour Gabriel Medina et les deux extra quotas olympiques en remportant les classements particuliers messieurs et dames. La France aura donc quatre athlètes aux Jeux Olympiques de Paris 2024 du 27 au 30 juillet à Tahiti : Vahiné Fierro, Johanne Defay, Kauli Vaast et Joan Duru (sous réserve de validation en Commission Consultative des Sélections Olympiques du CNOSF).
Le bronze pour Kauli Vaast et une 4e place pour Joan Duru
La lutte aura été intense et belle entre la France et le Brésil. En se hissant en finale messieurs ce dimanche à Arecibo, en compagnie du Brésilien Gabriel Medina et du Marocain Ramzi Boukhiam, les tricolores Kauli Vaast et Joan Duru avaient comme objectif d’être au minimum à la deuxième place. Qu’importe le résultat de Medina, cette médaille d’argent aurait assuré le 3e quota olympique messieurs aux Bleus. Rapidement devant avec un 9 points sur sa première vague, Medina a donné le ton. Puis Boukhiam s’est mis en route pour, lui aussi, faire tomber les gros scores (8,17 et 7,17). Dans l’intervalle, Vaast prenait un tube sur une vague de série que le jury ne semblait pas apprécier à sa valeur, lui attribuant 5,33 points. Tandis que Duru, émoussé par les émotions de la veille et le tour de repêchages matinal, paraissait en dedans, Vaast était survolté. Le Tahitien s’envolait sur une vague de série en plaçant un air reverse magistral d’entrée (7,20 points). Insuffisant pour revenir sur Boukhiam qui privatisait la médaille d’argent et climatisait le clan français. Une dernière tentative de Vaast, à la recherche d’un 8,15 points, n’était gratifiée que d’un 7,13 points. Le clan brésilien exultait, les Français fair play applaudissaient. Le Brésil aura un troisième surfeur aux Jeux Olympiques, très certainement Medina, un des meilleurs mondiaux sur le spot de Teahupo’o et qui courrait derrière cet extra quota.
« Cette compétition était très importante pour moi pour commencer l’année. J’ai tout donné en finale pour la gagner. Gagner aussi en équipe de France. C’était vraiment mon objectif. Je voulais gagner ce titre. Pour moi, pour la France et pour le 3e quota qu’on pouvait décrocher. J’ai tout donné pour que Marco (Mignot) puisse nous rejoindre aux Jeux. Je trouvais qu’il le méritait et avec Joan (Duru) on s’était dit qu’on ferait tout pour la décrocher. Voilà, ce n’est pas passé loin. Maintenant je vais bien me préparer pour performer sur les Jeux. Je vais aller au Portugal pour assister à l’étape du CT et faire un QS. Il va y avoir des compétitions de Challenger Series puis le Tahiti Pro en mai. Je vais bien m’entraîner à Tahiti pour être prêt pour les Jeux » a déclaré Kauli.
Des sentiments mêlés
« Je me suis qualifié hier parce que Marco (Mignot) a perdu. Ce n’était pas comme ça que je le voulais. Je voulais donc vraiment qu’on aille jusqu’au bout et que on puisse prendre cette 3e place pour lui. Hier soir (samedi soir), il nous a fait un discours de malade. Il m’a mis la chair de poule, il m’a motivé pour aller la chercher. Avec Kauli (Vaast), on voulait vraiment gagner pour Marco et on a tout donné. Malheureusement, on n’a pas réussi à faire le job. Kauli était parti pour gagner la finale. Je savais qu’il avait pris l’option des gauches où il est très fort. Du coup, j’ai pris l’option des droites. J’ai sans doute trop réfléchi. A un mètre près, je n’ai pas réussi à prendre la bonne vague. Ça m’a mis à contre timing. Dommage. Donc voilà, ce sont des sentiments mêlés. Je suis très heureux de m’être qualifié et en même temps très déçu pour Marco. Il a fracassé pendant toute la compétition. Avec Kauli, il représente l’avenir du surf français. Je suis très fier d’eux. Ils ont été hyper forts et très matures pour des jeunes, ça va leur servir. Ces Mondiaux auraient pu être ma dernière compétition avec l’équipe de France. Je vais donc en faire une dernière. Ce sera aux Jeux Olympiques. Je n’étais pas certain de pouvoir me qualifier. Je suis hyper content de m’offrir une dernière sortie aux JO à Tahiti » furent les mots de Joan.
Johanne Defay médaillée de bronze
Dans la foulée, Johanne Defay lançait la finale féminine avec deux vagues à 6 points et prenait les commandes. Sans jamais trouver de quoi s’exprimer davantage, la Française voyait d’abord la Brésilienne Tatiana Weston-Webb, championne du monde en 2023, la doubler. Puis descendre encore d’un rang avec le retour de l’Australienne Sally Fitzgibbons. Laquelle trouvait une ultime vague pour passer en tête dans les dernières secondes et remporter un quatrième titre mondial ISA. Une fois encore le Brésil pouvait crier sa joie : la deuxième place de Weston-Webb permettant aux Auriverdes de remporter le classement féminin et un 3e quota olympique. Aux Jeux, le Brésil aura six représentants. Pas illogique au regard de l’omniprésence de ses athlètes sur la scène internationale.
Une domination pourtant mise à mal par l’équipe de France sur ces Mondiaux 2024. Jamais le géant sud-américain n’a été autant poussé dans ses retranchements. Pour un petit point, qui sépare Boukhiam (15,34 points) de Vaast (14,33 points), l’issue aurait été extraordinaire pour les Bleus. Venue à Porto Rico avec comme objectif prioritaire l’acquisition du deuxième quota messieurs, chose faite samedi avec Joan Duru, la France quitte Porto Rico avec un petit goût amer. Emmenée par le manager terrain Jérémy Florès, insatiable compétiteur quand il était sur le CT, l’équipe de France est passée tout près d’un exploit. Les Brésiliens et les autres nations, le savant que trop bien. En ce sens, le signal envoyé à Porto Rico sonne déjà comme un avertissement. Dans 130 jours, les Bleus seront chez eux à Tahiti pour l’épreuve olympique. Avec les deux enfants du pays Kauli Vaast et Vahiné Fierro, Johanne Defay qui a grandi sur les vagues de récif de la Réunion, et Joan Duru autre expert des tubes landais et quarts de finaliste à Teahupo’o en 2018, l’équipe de France a fière allure.
« J’ai commis quelques erreurs. Deux fois j’ai démarré sur la première vague quand j’avais la priorité et deux fois Sally (Fitzgibbons) est partie sur la deuxième vague qui était bien meilleure. Ces deux erreurs font la différence car mon surf était au point aujourd’hui. Je sais que si j’avais eu les bonnes vagues avec le mur, j’aurais pu prendre les plus gros scores. Comme d’habitude, une compétition se gagne dans le choix de vagues. Je suis de nouveau troisième, comme l’an dernier. Je prends cette compétition très au sérieux. Surtout qu’on avait plusieurs objectifs cette année avec les extra quotas en femmes et en hommes. Quand je vois des jeunes comme Marco (Mignot) ou Tessa (Thyssen), qui se battent pour essayer de faire une carrière, je me dis que mon rôle est de leur montrer l’exemple. Et aussi de faire mon maximum pour apporter les points nécessaires à l’équipe. Ça me tient vraiment à cœur. Faire troisième est important aussi pour le classement. Je serai tête de série n.3 aux Jeux. C’est bien mais comme certains athlètes déjà qualifiés n’ont pas vraiment joué le jeu sur ces Mondiaux, le classement des têtes de série sera faussé aux JO à Tahiti » a confié la surfeuse hier.
Les mots de Jérémy Florès, manager terrain de ces mondiaux
« L’objectif numéro un était de d’aller prendre un deuxième quota messieurs. Sauf que nous, en bons Français, on en veut toujours plus. On voulait donc aller chercher un quota supplémentaire pour avoir un 3e surfeur messieurs pour les JO. Surtout pour des Jeux en France car ça n’arrive qu’une fois dans une vie de les faire à la maison. En tant que manager terrain, je suis très fier de toute l’équipe parce qu’ils ont tout donné. Franchement, ils ont été exemplaires. Ils ont été hallucinants depuis le premier jour. Pour faire quelque chose de grand, il faut avoir une cohésion. Etre uni. Et c’est exactement ce qu’ils ont fait. On est une petite nation du surf, qu’on le veuille ou non. Du coup, ça sera toujours compliqué de se battre contre des grandes nations. Mais on s’est battu comme des lions. Jusqu’à la fin. Nos athlètes vont sortir plus grands de ces 10 jours ici. Dans leur surf, dans leur attitude, dans leur carrière. Ils vont voir la vie d’une autre manière. C’est ce genre d’expérience qui fait que le sport est si beau. Cette équipe de France a eu des valeurs incroyables et c’est pour ça que, forcément, il y en a qui peuvent être déçus. Ce que je leur dis c’est qu’il ne faut pas l’être car on s’est tous battu, on s’est tous donné à fond. Et on a failli réaliser un énorme coup ! Il y a effectivement eu des décisions contraires cette semaine mais je ne veux retenir que le positif. On aura deux filles et deux garçons aux Jeux Olympiques, c’est déjà incroyable. On va maintenant travailler pour réaliser quelque chose de grand à la maison. J’ai vu le mental de malade des Français durant ces Mondiaux, j’ai vu des guerriers et je sais qu’on ne lâchera rien durant les Jeux Olympiques. »
Les résultats des Français
Johanne Defay : 3e place
Kauli Vaast : 3e place
Joan Duru : 4e place
Marco Mignot : 9e place
Tessa Thyssen : 13e place
Vahiné Fierro : 41e place