Théo Christine, du circuit pro junior au cinéma et une passion du surf intacte

"Encore aujourd'hui, je pense que rien au monde ne pourra me procurer plus de bonheur qu'une bonne session au coucher du soleil avec mes potes."

24/09/2024 par Ondine Wislez Pons

© @pandorasboxprod

Théo Christine était récemment à l’affiche de Vivre, mourir, renaître, Vermines, Suprêmes, BRI ou encore Garçon Chiffon. S’il est aujourd’hui acteur après avoir suivi des cours d’art dramatique au cours Florent à Paris, Théo a d’abord pratiqué le surf en compétition. Âgé de 27 ans, le jeune homme a grandi entre la Martinique et la Vendée, où il a commencé sérieusement le surf pendant ses années collège.

Plus jeune Théo n’envisageait pas de faire un sport sans le pratiquer en compétition. Une énergie et une ténacité que le Vendéen mettra ensuite au service de sa passion pour le jeu et qui le mènera là où il en est aujourd’hui, même si le chemin ne fut pas toujours évident. Si côté surf Théo avait des rêves qu’il n’a pas pu atteindre, acceptant le fait qu’il ne deviendrait pas surfeur pro, il compte bien accomplir ceux qu’il nourrit désormais et depuis quelques années en matière de cinéma. Son arrivée dans le monde de l’art l’éloigne certes de l’océan, mais ne l’empêche pas de vouer un amour intact au surf qu’il pratique toujours en France ou en trips. Resté proche du milieu pro, le jeune acteur entretient de belles amitiés avec certains des meilleurs français issus de la jeune génération.

Surf Session – Salut Théo ! Quand as-tu commencé le surf ?

Théo Christine – J’ai commencé à prendre des vagues en body en Martinique et à essayer de me mettre debout. Mais c’est en Vendée au collège que j’ai vraiment commencé, encouragé par mon père.

Es-tu le premier de ta famille à nourrir un lien avec le surf et l’océan ?

Non, mon père a toujours pratiqué des sports nautiques comme le windsurf, le kitesurf et j’ai un cousin pêcheur en Martinique, avec qui j’adorais partir en bateau.

Quel est ton home spot ?

Les spots où j’ai passé le plus de temps depuis mes débuts sont la Grande Plage à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et la Sauzaie, à Bretignolles-sur-Mer.

Quel était ton quotidien quand tu faisais des compétitions et comment as-tu vécu ton arrivée dans l’univers du jeu ?

Je surfais le plus possible, que ce soit pendant les entraînements avec mes potes ou pendant les voyages que l’on faisait au chaud pendant l’hiver, pour profiter de vagues différentes et se préparer au mieux pour les compétitions. Quand j’ai quitté tout ça pour monter sur Paris, j’avais déjà accepté le fait que je ne serais pas surfeur pro, donc je n’ai pas eu à concilier les deux. C’était déjà clair dans mon esprit que je laissais les compétitions de surf derrière moi. Mais au début, vivre dans une grande ville loin de l’océan et sans connaître personne a été difficile. Je me demandais si j’allais dans la bonne direction. Quand je voyais certains de mes potes s’accrocher à leurs rêves, d’autres ouvrir des écoles de surf, faire des méga voyages l’hiver et surfer sur des spots de dingue pendant que je dormais sur un canapé dans un salon, avec des immeubles partout auront de moi, je me posais des questions.

Pour en revenir au surf, comment en étais-tu venu à la compétition ?

Depuis tout petit, j’ai toujours fait un ou plusieurs sports à la fois. J’ai toujours aimé la compétition, le fait de s’entraîner dur, de se mesurer aux autres, la relation que l’on entretient avec nos coéquipiers dans les sports d’équipe et les émotions que l’on peut ressentir avant, pendant ou après un match. De ma vie, je ne pense pas avoir pratiqué un sport sans avoir fait de la compétition. Concernant le surf, j’ai commencé sur les coupes de la Ligue de Surf des Pays de la Loire.

Avais-tu le sentiment que quelque chose te manquait à cette époque, pour être pleinement épanoui ?

Oui, je pense que c’est normal quand tu as 15 ans et que tu rêves de quelque chose. Tu as l’impression de ne pas être épanoui tant que tu n’as pas ce quelque chose. Je rêvais d’être pro, donc j’avais trois choses en tête : progresser, gagner des compétitions et voyager pour découvrir les meilleurs spots.

Ce quelque chose, l’as-tu trouvé dans le jeu ?

Non c’est toujours pareil (rires). J’ai toujours des rêves en tête mais cette fois, je vais les réaliser.

Comment la transition du monde du surf à celui du jeu s’est-elle opérée ?

Ma rencontre avec Loyan Pons de Vier a vraiment tout changé. C’est un ancien pensionnaire du Pôle espoir de Bayonne qui s’est retrouvé au Cours Florent la même année que moi. C’était une énorme coïncidence de le recroiser à Paris, alors que l’on s’était déjà vu sur plein de compètes. Il a fait le même choix que moi, laisser le surf derrière lui pour devenir acteur. On a vécu en colocation pendant sept ans et traversé le meilleur comme le pire ensemble.

Est-ce que tu dirais que ton expérience du surf en compétition t’a servi dans ton parcours d’acteur ?

Je pense que la compétition m’a beaucoup appris. La rigueur, le fait de gagner, perdre, se relever et s’entraîner encore plus pour progresser davantage. Plus tu travailleras et plus tu auras une chance d’atteindre tes objectifs, c’est une science exacte. Donc oui, je dirais que certains parallèles peuvent exister entre ces deux mondes, bien que le monde du sport n’ait rien à voir avec le milieu artistique. Dans le sport on parle de performance avec des critères et des règles établies. Une dimension qui n’existe pas dans le monde de l’art où l’on est libre de faire ce que l’on veut et où les différentes sensibilités de chacun feront que certains aimeront ou se sentiront touchés par un projet et d’autres pas du tout. Mais ça ne veut jamais dire que c’est mauvais, c’est pour ça qu’à mon sens il ne peut pas vraiment y avoir de « classements » dans le milieu artistique.

© @pandorasboxprod
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As-tu identifié des ressemblances entre la pratique du surf et celle du jeu ?

Le seul point commun que je vois entre le jeu et le surf est que lorsque je joue une scène, je ne pense à rien d’autre que l’enjeu de cette scène, toutes mes pensées personnelles disparaissent comme quand je me lève sur une vague.

Quel rapport entretiens-tu désormais avec le surf ?

Je ressens toujours le même amour pour le surf et forcément beaucoup moins de pression. Je prends plus de plaisir qu’avant peut-être, ça ne m’arrive plus vraiment de sortir de l’eau énervé si la session s’est mal passée. Si c’est le cas ce n’est pas grave, je mesure la chance que j’ai de pouvoir profiter des vagues et de l’océan, une chose que certains n’ont jamais pu connaitre. Encore aujourd’hui, je pense que rien au monde ne pourra me procurer plus de bonheur qu’une bonne session au coucher du soleil avec mes potes.

Qu’est-ce que le monde du cinéma et du jeu t’ont apporté que tu n’avais pas quand tu évoluais dans le milieu du surf ?

Je dirais que c’est le sentiment d’être là au bon moment. J’ai commencé le surf à 13 ans et en compétition je tombais contre des gars qui surfaient, pour certains, depuis leur plus jeune âge. Et c’est vrai que malgré tout, je me disais que j’avais du retard et que les choses auraient pu se passer autrement si j’avais commencé plus tôt, chose que je n’ai pas ressentie dans le théâtre ou le cinéma. Au cours Florent, mes camarades avaient tous à peu près mon âge et je n’aurais pas aimé être un enfant acteur, loin de là. Avec le recul je me dis que mon parcours fait aussi de moi la personne que je suis et si j’ai commencé le surf un peu tard c’est que je m’épanouissais dans d’autres domaines avant, donc je n’ai aucun regret.

Nourris-tu encore des amitiés avec ceux que tu côtoyais quand tu étais sur le circuit pro ?

C’est marrant parce qu’on était très peu de Vendéens à faire des compétitions européennes par rapport à d’autres régions, comme l’Aquitaine, la Bretagne ou les DOM-TOM. Mais la vie a fait qu’aujourd’hui je suis très ami avec des gars qui fracassent, performent et que je pouvais même admirer avant. Paradoxalement le fait de m’éloigner un peu du surf m’a finalement rapproché du milieu professionnel, pour mon plus grand bonheur (rires). Malgré le fait que je sois beaucoup sur Paris, je suis toujours en contact avec les Vendéens et c’est toujours un pur plaisir de se retrouver à l’eau ou en dehors.

Si tu devais garder un souvenir de la période où tu pratiquais le surf en compétition, ce serait lequel ?

Un jour j’étais sur une compétition et j’ai perdu au premier ou au deuxième tour à cause d’une interférence. En sortant de l’eau je ne sais plus pourquoi j’ai rigolé, sûrement pour faire le malin et montrer que ça ne m’atteignait pas. Mon coach de l’époque m’a immédiatement engueulé devant tout le monde, en me disant que je devrais avoir honte de sortir de l’eau avec le sourire, qu’il y avait des gens, dont mes parents, qui faisaient des sacrifices, qui donnaient de leur temps pour que je puisse vivre de ma passion et que je n’avais pas le droit de prendre ça à la légère en montrant de l’indifférence suite à une défaite. Il avait tellement raison… Tu ne peux pas nourrir de grands objectifs et avoir ce genre d’attitude, c’est un manque de respect envers ceux qui t’entourent et t’encouragent. Il faut être capable de se taire, se remettre en question et rectifier le tir, donc merci Ronan !

À quand remonte ta dernière session ? Et ton dernier surf trip ?

Je reviens tout juste du Portugal où, grâce à Rip Curl, j’ai la chance d’assister chaque année pour mon plus grand bonheur au Rip Curl Pro à Peniche. On a pu surfer une superbe gauche avec mon pote Loyan, Kauli Vaast, Justin Becret et Marco Mignot, qui sont les leaders de la nouvelle génération du surf français et en bonus des gars au top, avec la tête sur les épaules et qui seront sur le CT bientôt, j’en suis sûr. Le dernier voyage au cours duquel j’ai pu beaucoup surfer c’était en Guadeloupe, où j’ai la chance d’avoir aussi beaucoup de potes locaux qui fracassent et avec qui je passe des moments incroyables. David Dorne, Charly Martin, Gatien Delahaye, Tim Bisso, Marin Larretche, Louis Breton, Martin Mouradian, Léo Paul Etienne, Thomas Debierre, Enzo Cavallini… Much love les boys !

Si tu ne devais garder qu’une session en tête, ça serait laquelle ?

Une session à Hawaii, en janvier 2015, avec mon pote et ex-compagnon d’entraînement, Augustin Arrivé. C’était notre premier « gros » Pipe, je me souviens de passer la barre avec une boule au ventre et de voir Jamie O’Brien partir avec sa planche rose sur une bombe, se caler parfaitement dans un énorme barrel et sortir avec le souffle que j’ai pris dans la tête en passant la vague. Je me souviens m’être dit à ce moment-là que c’était une des plus belles choses que j’avais vues de ma vie, la puissance et la beauté de l’océan combinées.


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