Qu’est ce qu’un bon film de surf ? Cette année à l’International Surf Film Festival d’Anglet, la question s’est posée. Avec 20 éditions et des centaines de films projetés, le festival continue de recevoir chaque année des soumissions de films de surf qui souhaitent intégrer le programme annuel. Qu’y raconte t-on, d’une année sur l’autre ? Qu’est ce qui fait un BON film de surf ? Si la réponse absolue n’existe pas, le film en sa qualité d’art étant subjectif, on peut tout de même mettre le doigt sur quelques éléments.
Dans la sélection cette année, on a pu observer plusieurs vagues. Les histoires portraits, les surf trips, les récits, les films d’aventure, les films historiques emplis d’archives ou encore les documentaires thématiques… Au-delà de la forme, c’est la question du fond que l’on se pose. Veut-on voir de belles vagues ? Du surf professionnel ? Des personnages intéressants ? Globalement et peu importe le format, il y a aujourd’hui une tendance à l’égo-centrisme. Un film fait par soi, sur soi, pour soi parfois mais pourtant partagé aux autres. L’influence sûrement des edits de surfeurs professionnels, qui utilisent ces formats vidéos pour endosser leur casquette d’ambassadeurs de marques et promouvoir ces dernières de façon « organique ». On peut donc se poser la question, lorsque ce n’est pas nécessaire, de conserver cette approche.
Le récit d’un surf trip doit-il être centré sur son protagoniste ou sur les expériences qui le composent ? Le protagoniste doit-il forcément être au centre de l’attention, ou peut-il s’effacer au profit des rencontres ? Cette année, le jury de l’International Surf Film Festival d’Anglet a tranché pour la seconde option. Le film African Territory 2 de Julian & Joaquin Azulay a reçu le prix du meilleur film. « Ce qui nous a vraiment porté dans ce film c’est l’émotion, qui est restée avec nous, qui nous a fait vibrer et qu’on a eu envie de partager autour de nous au travers des anecdotes qui nous ont marquées. » a témoigné Justine Dupont lors de la remise des prix.
Dans African Territory 2, les frères Azulay sont en effet au second plan de leur film. Au premier plan, on retrouve plutôt les personnages qu’ils rencontrent et leurs histoires riches ainsi que la culture des pays qu’ils traversent (par l’image comme par le texte). Les vagues, elles, rythment le film comme elles rythment le quotidien des surfeurs. À la fois mêlées au reste mais aussi la raison même du voyage.
Ce que le prix d’African Territory 2 dit du film du surf aujourd’hui, c’est qu’il peut (et doit ?) véhiculer les valeurs du surf. Au-delà de la perfomance sportive, au-delà même du sport, le surf est une culture et un mode de vie, qui intègre les valeurs de partage, de respect (des êtres et de l’environnement), d’inclusion, l’ouverture d’esprit, l’aventure et bien-sûr un sentiment de connexion particulière à l’océan. L’année passée, le film Liés par l’océan de Paul Lavoine avait été primé pour des raisons semble t-il similaires, celui-ci mettant en avant la façon dont plusieurs tahitiens nourrissent un lien profond avec l’océan grâce au surf, à la pêche et à la chasse sous-marine. En 2022, African Territory 1 avait déjà reçu le prix du meilleur film.
Cette notion d’ouverture et une écriture joliment construite feront les ingrédients d’un bon film de surf. Ajoutez-y (idéalement) de belles sessions et de belles images, saupoudrées d’un son adapté et éventuellement de quelques animations bien dosées et vous pourriez avoir-là la recette d’un produit à présenter en festival l’année prochaine.
NB : Pour les productions entièrement centrées sur le surf de performance, les vagues parfaites et le haut-niveau, qui font rêver parce qu’elles font voyager notre esprit vers ces prouesses que la plupart d’entre nous n’atteindront jamais, sur des sessions souvent rares et difficilement égalables, le terme « surf porn« a fait son apparition dans le vocabulaire surf il y a plusieurs années. La définition toute trouvée de ce type de format à part, dont on peut totalement être friands pour des raisons bien différentes.
Hello,
A quand les nouvelles offres d’abonnement ?
Bon surf à tous,
Stef