Laurent Héquily, fondateur du projet : » Albert Einstein disait qu’il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé. Notre plus grand défi avec Okahina fut de lutter contre les préjugés. Et nous en avons rencontré pleins. Au départ, dans la tête des gens, si tu fais une vague, c’est forcément dans un bassin en dur et en béton. Pour eux ça ne peut pas être fait autrement puisque jusqu’à présent toutes celles et ceux qui l’ont fait, l’ont fait dans des bassins. Au début, tout le monde me disait que j’étais un malade quand je leur disais qu’on pouvait faire ça sur des plans d’eaux déjà existants, que c’était techniquement infaisable ».
Faire face aux préjugés, voilà une des plus grandes difficultés d’Okahina.
L.H – « L’autre gros préjugé est que les gens associent automatiquement « artificiel » à mauvais pour l’environnement. Si on y réfléchit bien, ce n’est pas forcément le cas. Par exemple, la forêt landaise est artificielle. Elle a bien été plantée et créée par la main de l’homme. Et aujourd’hui, c’est un des plus grands massifs forestiers d’Europe. Et à l’inverse, des choses naturelles sont parfois néfastes pour l’environnement. Le sujet ce n’est pas de savoir si c’est artificiel ou pas. Le vrai sujet est d’abord de mesurer si notre démarche va avoir un impact négatif sur l’environnement des sites envisagés ? Et surtout est-ce que cette vague pourrait avoir un impact « « positif » sur son environnement ? Avec l’atoll flottant Okahina, la solution est démontable et on n’impacte pas durablement les sites, on n’artificialise pas les sols, on ne coule pas de béton et on ne consomme pas d’eau potable puisque l’on vient sur un plan d’eau déjà existant, telles d’anciennes gravières comme à Libourne ou à Vaires-Torcy. Quant au lac du Téléport au Futuroscope c’est un lac urbain d’ornement artificiel. Ce sont des points importants à prendre en compte pour mieux mesurer l’impact de cette vague. L’autre élément important pour l’équipe, c’est comment va-t-on utiliser la dynamique de cette vague pour apporter bénéfices à ces milieux. Aujourd’hui, on le sait, c’est prouver par les scientifiques, une grande majorité des plans d’eaux sont victimes d’eutrophisation. Ils s’asphyxient par un excès de cyanobactéries qui s’y développent à cause du réchauffement climatique et des nitrates qui se retrouvent dans ces eaux et qui proviennent des engrais chimiques. Ainsi ces plans d’eaux deviennent verts ce qui a comme conséquence de voir la faune et la flore mourir par asphyxie. L’idée est donc de tant que possible, ramener un taux d’oxygène convenable dans ces plans d’eau, pour permettre à la faune et la flore aquatique de pouvoir survivre. Et le deuxième point c’est comment utiliser la dynamique de la vague pour filtrer les cyanobactéries en limitant leur prolifération. Nous faisons des études dans ce sens avec des ingénieurs écologues de chez CDC BIODIVERSITÉ. On travaille aussi à comment récupérer les micro-plastiques qui se retrouvent dans ces bassins. En gros nous réfléchissons à comment venir plugger sur nos installations des fonctions écologiques et notamment en bossant avec Ecocean qui conçoivent des nurseries à poissons . Cela permettra d’apporter des abris aux alevins pour qu’ils puissent grandir à l’abris des prédateurs. Au départ je comprends que l’idée pouvait paraitre insensée. Mais aujourd’hui nous sommes de plus en plus soutenus par des écologistes et des associations environnementales qui étaient au début plus que sceptiques. Elles sont venues nous rencontrer, elles nous ont posé plein de questions puis se sont faites leur propre avis. C’est ça que nous voulons essayer de démontrer. On peut faire quelque chose qui soit plaisant et fun pour l’homme mais qui peut aussi et surtout, être bénéfique pour l’environnement. En parallèle de la voie de la décroissance, il y a la voie de la sobriété. On peut aussi trouver des solutions qui soient efficientes et profitables pour l’environnement pour remplacer des solutions inefficientes et destructrices telles que les piscines à surf en béton. L’homme a aussi fait des choses formidables, chacun se doit de trouver des solutions pour régler certains problèmes environnementaux notamment. Avec l’atoll flottant Okahina, nous voulons essayer d’être une de ces solutions. Une parmi tant d’autres, il y a plein d’initiatives en ce moment qui vont dans le bon sens. L’impossible est principalement dans notre manière de penser, dans nos habitudes et non pas dans des limites technologiques. Il nous faut apprendre à changer de paradigme pour construire un avenir plus sobre qui rassure, qui donne confiance et non plus participer à une course à la démesure aux conséquences qui font peur. C’est ce que nous tentons de faire modestement à notre niveau avec Okahina »
Laurent Héquily l’affirme, le premier combat de l’équipe est pour la biodiversité.
L.H – « Aujourd’hui nous disons clairement à nos investisseurs que la première profitabilité du projet n’est pas pour leur argent mais pour la biodiversité. Car si on perd ce combat pour la biodiversité, tous les autres, aussi nobles soient-ils, n’auront plus de sens, leur business compris. Avec Okahina nous ne consommons pas d’eau du tout pour le fonctionnement de l’atoll. Les piscines elles, consomment de l’eau potable quotidiennement ! Une consommation d’eau du réseau ou de la nappe phréatique retirée du milieu naturel qui contribue à assécher l’environnement, ce qui ne va bien évidement pas dans le bon sens actuellement ! Ils vont devoir la filtrer, ainsi que la totalité du bassin deux fois toutes les 24h, ce qui est juste colossal, à la fois en terme de produits chimiques qu’il faut mettre dedans, plus l’énergie que ça coûte. Il suffit de regarder l’été que l’on vient de passer, ce n’est plus possible. On a été parmi les premiers à mettre en garde contre la consommation d’eau et d’énergie de ces projets. Les chiffres officiels qu’on nous communique sous-entendaient que ces projets allaient faire fonctionner une vague de deux mètres avec l’équivalent en énergie d’un appareil à raclette. C’est insensé ! Et c’est surtout trompeur car dans ces chiffres le cycle de vie complet n’est pas pris en compte. L’honnêteté voudrait que la construction du site et sa déconstruction en fin de vie soient pris en compte dans ces calculs or ce n’est absolument pas le cas, alors même que ce sont ces contributions là qui représentent la majorité des émissions CO2eq dans leur bilan carbone… Commençons donc par regarder sans biais et sans concession nos impacts pour améliorer notre sobriété et n’ayons pas peur de remettre en question nos habitudes, c’est comme cela que l’on progresse ».
Découvrez ci-dessous l’interview du Président et fondateur d’ECOCEAN Gilles Lecaillon.
Il explique pourquoi selon lui, la vague de surf flottante et écologique OKAHINA Wave, en implantant les solutions ECOCEAN au cœur de ses installations en milieux naturels, pourrait aider à reconquérir la biodiversité de nos territoires.