Edouard Delpero : "J’ai pris une intermédiaire que je n’aurais pas dû prendre"
Le Français nous donne des nouvelles après s'être fracturé une cervicale au Maroc.
19/03/2022 par Marc-Antoine Guet
C’était le 2 mars dernier.
Ce jour-là, Edouard Delpero, alors au Maroc, publiait sur son compte Insta un post précisant qu’il venait deux jours plus tôt, de se fracturer une cervicale après « être tombé sur un rocher tête la première » sur le spot de Safi.
Près de 15 jours après l’accident, nous avons passé un coup de téléphone au Français histoire de prendre un peu de ses nouvelles et de revenir avec lui sur cet accident. Toujours au Maroc au moment de l’appel (effectué le vendredi 11 mars), Edouard a pris le temps de nous répondre tout en nous expliquant la suite désormais de son programme. Il est cette semaine revenu en France.
Entretien.
Edouard, qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ce jour-là ?
Edouard Delpero – « C’était à Safi, la vague principale, sur la section du début. C’était pas très loin des rochers. Il y avait ce jour-là de grosses entrées d’eau et j’ai pris un rocher en pleine tête lors d’un wipeout. J’étais beaucoup trop à l’intérieur mais je pensais que ça passerait. J’ai essayé mais dans le barrel j’ai vu le rocher commencer à sortir. J’ai essayé de sauter dans la vague pour la traverser mais la lèvre m’a relancé sur le rocher à sec et j’ai directement tapé la tête. Il y avait du monde à l’eau ce jour-là et ça se poussait un peu à l’intérieur. Il n’y avait pas beaucoup de vagues et les séries étaient longues à attendre. J’ai alors pris une intermédiaire que je n’aurais pas dû prendre. Une intermédiaire qui était plus près des rochers. Ces derniers sont sortis dans le tube alors que d’habitude ça passe.
En tombant j’ai mis le bras pour me protéger parce que je savais que j’allais taper. Heureusement l’épaule a pris en premier, elle m’a protégé le visage et la partie droite du crâne. Quand je me suis fait prendre par la vague une seconde fois, j’ai tapé la nuque et ça a pété instantanément. J’ai alors ressenti une grosse chaleur dans la tête, j’ai cru que c’était du sang. Je me suis senti partir mais heureusement j’ai eu un moment de lucidité. Je me suis dit que ça faisait un moment que j’étais dans l’eau et qu’il fallait ressortir. J’ai réussi à remonter à la surface juste avant le deuxième impact de la vague suivante. J’ai à ce moment pris une bouffée d’air avant de re-bouffer la deuxième vague et je suis parti profond. Je suis quand même sorti et malgré la douleur, je suis parvenu à nager. En sortant de l’eau je savais qu’il y avait Jérôme Sahyoun. Il est directement venu me chercher. Heureusement qu’il y avait une sécurité à l’eau, heureusement aussi que ce jour-là il y avait du monde.
Je sors, j’arrive à m’accrocher au sled et à remonter rapidement. Je n’arrivais pas à bouger le bras ni la main, j’ai vraiment tapé fort et j’avais mal à la nuque. Jérôme m’a déposé sur le sable, je suis remonté et je me suis alors dit que ce n’était qu’un énorme choc et que ça allait passer. Mais le soir même j’avais très mal à la nuque et c’est là que j’ai commencé à flipper. J’avais déjà eu une entorse de la nuque en décembre dernier je savais ce que ça faisait.
Le lendemain matin j’ai fait directement une radio et rencontré un neurochirurgien. Il m’a dit que j’avais une fracture stable. Il valait alors mieux que je me repose ici au Maroc. J’ai un IRM à faire dès que je rentre en France pour voir s’il y a un danger de luxation et d’hernie discale. Ce fut au final et malgré la fracture, plus de peur que de mal. Il faut maintenant que je reste tranquille et que je ne bouge pas. Je pense en avoir pour 2/3 mois de repos ».
Est-ce que tu penses qu’avec un casque ça aurait été différent ?
E.D – « La nuque aurait quand même chargé, c’est sûr et certain. Si j’avais eu le casque je l’aurais peut être mieux protégé… Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr c’est que maintenant dans ce genre de conditions j’en mettrai un ».
Concernant le port du casque, certains médecins commencent à dire que ça peut justement faire l’effet inverse en cas de chute et être dangereux en alourdissant le cou. Si c’est lui qui prend ça peut être pire. Après, quand c’est la tête qui prend, là il n’y a pas de débat.
E.D – « Mon erreur a surtout été de ne pas être patient sur mon choix de vague. À force de surfer là-bas tu te sens en confiance… Je me suis dis que ça allait être tendu, qu’il fallait que je speed mais que ça passerait. Une fois que j’étais dans le barrel, c’était trop tard ».
Nous souhaitons bien évidemment à Edouard une rapide guérison et un excellent rétablissement.
Pour rappel, un peu plus tôt cette année, c’est Justin Becret qui a tapé sévèrement le reef lors d’une session à Pipe. Depuis, le Français est souvent aperçu surfant casque sur la tête. Avant lui, Justine Dupont et Kauli Vaast notamment ont déjà adopté cet outils de protection lors des sessions à risque.
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effrayant ,bon retablissement champion!