Pierre Rollet revient sur son gros wipe-out à Nazaré
" J'ai ressenti de l'électricité dans tout le corps. Je crois que ça n'avait jamais été aussi violent pour moi."
08/02/2022 par Rédaction Surf Session
Actuellement pensionnaire du CERS (Centre Européen de Rééducation du Sportif) de Capbreton, Pierre suit un programme de rééducation et d’entraînement,après son gros wipe-out à Nazaré début janvier. Le surfeur est revenu sur sa chute à l’occasion d’un échange que nous avons eu avec lui. Nous en avons profité pour prendre de ses nouvelles et connaitre ses objectifs futurs.
Samedi 8 janvier, les vagues ont été massives à Nazaré, tellement massives que les mots ont parfois manqués à certains pour décrire le spot ce jour-là. Mais le premier rapport du jour lui, était clair : « C’est énorme et propre. »
Samedi matin, Pierre a malheureusement chuté sur sa première vague de la journée.
La veille, le surfeur s’est mis à l’eau et a pris certaines des plus grosses vagues de sa vie.
Pierre – « Le vendredi j’ai eu de super vagues. J’ai fait équipe avec Maya Gabeira et Pierre Caley était notre water safety. J’ai pris des vagues vraiment très grosses, je pense que c’est les plus grosses que je n’avais jamais prises là-bas. Il y avait du vent, l’ambiance était dark, un peu étrange, il y en a pas mal qui n’ont pas surfé ce jour-là. Mais je me sentais bien donc j’y suis allé. »
Puis la journée du samedi est arrivée…
Pierre – « Samedi matin, réveil à cinq heures et demie, échauffement, exercice de respiration avant notre rendez-vous au port à 7h15. Une fois à l’eau, c’était vraiment gros mais le plan d’eau était clair. J’ai pris la corde en premier, c’était encore un peu marée haute et Maya préférait attendre. L’idée c’était qu’elle me drive sur les premières vagues avant que l’on échange. »
Le duo s’est donc rendu au pic après que le spoteur ait donné son accord. La première série est arrivée et Maya a lancé le Français sur une vague. C’est à ce moment-là que les choses se sont compliquées.
Pierre – « J’ai pris un clapot dans ma descente de vague, ce qui a freiné ma planche d’un coup et m’a fait ricocher sur l’eau. J’ai fait des « pied-têtes » un peu dans tous les sens avant de me retrouver dans la face de la vague. C’est là que je me suis senti partir avec la lèvre. »
Le surfeur n’avait jamais connu une telle violence mais l’échauffement qu’il avait fait avant de se mettre à l’eau lui a permis de s’en sortir sous l’eau. Il nous raconte sa chute.
Pierre – « Je me suis fait foudroyer, c’est le mot parfait. J’ai ressenti de l’électricité dans tout le corps et je me suis fait exploser. Je crois que ça n’avait jamais été aussi violent pour moi. Sous l’eau, j’ai immédiatement claqué deux cartouches d’oxygène. Je me suis fait broyer mais une fois sous l’eau ça allait. J’ai commencé à sentir que je remontais à la surface mais c’est redevenu très violent. Avec la pression, mon gilet s’est dégonflé et j’ai été de nouveau entraîné vers le fond. J’ai claqué une troisième cartouche mais ceux qui assuraient la sécurité ne m’ont pas vu remonter. J’ai passé deux vagues sous l’eau avant de remonter à la surface. Les vagues m’ont entraîné 300-400 mètres plus loin, à l’opposé de la falaise. »
Quand le surfeur a fini par remonter à la surface, ça n’a pas été évident pour lui de reprendre sa respiration :
Pierre – « Quand j’ai inspiré, toutes mes côtes de devant ont claqué, je n’arrivais qu’à prendre un tout petit souffle d’air. J’ai repris une vague dans la figure avant que Maya n’entende le spoteur, qui m’avait repéré, et arrive à fond pour me récupérer. Elle m’a posé plein de questions et a demandé au spoteur que l’on appelle une ambulance. »
Avec l’aide de Pierre Caley et de sa partenaire, Pierre a finalement réussi à regagner le sable : « Pierro m’a aidé à me déshabiller, je voulais absolument enlever ma combi qui me comprimait. Les pompiers sont arrivés et ils ont tout coupé. Me voilà ensuite en chemin pour l’hôpital. Une fois sur place ils m’ont fait une radio des côtes pour s’assurer que rien n’avait été perforé et ils n’ont rien vu. »
Le surfeur a pu regagner Nazaré dans la soirée et il se sentait déjà mieux. Mais le lendemain au réveil, Pierre a ressenti de très vives douleurs aux jambes qui se sont révélées par la suite être des entorses des ligaments internes des genoux, auxquelles se sont ajoutées quelques complications. Mais ses blessures ne sont finalement pas révélées très graves.
Et de tout cela, le surfeur originaire des Landes arrive à tirer du positif : « Une blessure n’arrive pas par hasard. J’ai eu une grosse remise en question à propos de mon matériel et j’ai revu mes objectifs. Je prends le côté positif de ce qui m’arrive, ce qui me permet de faire le point sur beaucoup de choses.Aujourd’hui je ne veux plus uniquement aller à Nazaré pour surfer, je veux y aller pour prendre la plus grosse vague possible. Et pour cela il faut que j’ai une équipe solide et que je ne laisse rien au hasard. Mon nouvel objectif est clair et je veux m’entraîner à 300%. S’il n’y avait pas eu cette blessure je serais resté dans mon schéma habituel : aller surfer à Nazaré à chaque houle sans avoir d’objectif vraiment défini. »
Pierre n’attend qu’une chose, pouvoir retourner à l’eau dès que possible et cela ne saurait tarder. En tout cas, c’est ce qu’on lui souhaite de tout coeur !
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