Si dans les premières séries de la journée la vague de Pipeline était encore en train de se caler, poussant les pros à privilégier Backdoor, elle a peu à peu pris forme et de la taille, permettant un vrai spectacle dans des conditions idyllique lors des 8e. Les prévisions annonçant pas plus de 1m80 le matin ont poussé jusqu’à plus de 3 mètres sur les plus grosses séries dans l’après-midi.
Kelly Slater mis sous pression
Pour beaucoup comme Barron Mamiya, l’objectif était déjà celui-ci : passer le round of 32 pour espérer défendre sa place au meilleur des conditions du spot en 8e. Objectif réussi pour le local, qui a affronté en première série des 8e nul autre que Kelly Slater après avoir sorti Conner Coffin au tour précédent. Et quel affrontement ! Alors que le wildcard a mené un long moment avec un combo à 15.17, l’undécuple champion du monde a sorti une vague sur le buzzer (dans les 10 dernières secondes de la série). Scorée 9.23 après un temps de suspens, c’est sur la plage que le GOAT a eu confirmation de son passage en quart grâce à un combo à 17.23, avant d’aller saluer son adversaire.
« J’adore Barron ! C’est un gars vraiment super et un surfeur génial« , avait déclaré Slater avant le heat. « Il est ce genre de wildcard dont on n’a aucune idée de ce qu’il va faire sur le terrain. Je pense que tout le monde le reconnaît comme l’un des gars à battre. Il serait dans le top 10 des personnes qui devraient réussir à Pipeline. »
« C’est pour ça qu’on le fait, c’est pour ça que c’est important. Juste avoir un moment comme ça. Je sais que c’est tôt dans la compétition, mais Barron est de la prochaine génération ici et c’est un plaisir de surfer contre lui. » A ajouté Slater à la sortie de l’eau avant de revenir sur sa performance :
« J’ai fait quelques erreurs sur des vagues peut-être dans la première moitié, et il a vraiment capitalisé. Il était positionné très profond, sur une ligne très agressive et j’étais positionné là où je m’étais aligné plus tôt parce que je pensais qu’il y aurait quelques droites qui se faufileraient au large. Je ne le sentais pas, puis je me suis calmé et j’ai pensé : soit une vague va passer, soit elle ne passera pas, et je serai content pour Barron. C’est juste fou de penser au nombre de fois en 30 ans où c’est arrivé et où les choses sont allées en mon sens.«
John John Florence, pas si facile
À l’aise jusqu’en 8e après avoir affronté le rookie australien Jackson Baker, JJF a fait face au rookie brésilien Joao Chianca. Ce dernier avait éliminé au tour précédent Jack Robinson, pourtant l’un des favoris sur l’événement. Dans des conditions proches de la perfection du spot (à une heure près des « conditions de rêve » selon le double champion du monde), le local a posé les bases avec une bombe à 9.77. Et la magie ne s’est pas arrêtée en si bon chemin, puisque Chianca lui a répondu en trouvant la quasi-perfection avec un 9.87.
« C’était un 10 » commentera plus tard l’habitué de Pipe Seth Moniz au sujet de cette gauche. Avec un back-up à 8 points, le champion avancera finalement en quart de finale, à seulement 1.03 point de son adversaire téméraire.
« Un heat difficile » pour Florence, qui a ensuite commenté « la vague de Joao était incroyable. J’étais aux premières loges pour la regarder, et j’étais heureux et pas heureux à la fois. Nous avons eu un bon heat l’autre jour, où nous avons tous les deux obtenu de bons scores. J’étais donc un peu nerveux de l’affronter à nouveau parce qu’il a fait des progrès ici. Il semble qu’il connaisse vraiment ce genre de vague. Donc quand les vagues ont commencé à arriver, je savais qu’il serait sur les bonnes aussi.«
Plusieurs favoris éliminés aux portes des quarts
Alors que Conner Coffin et Jack Robinson ont terminé leur parcours au round of 32, ce tour a aussi vu l’élimination de Griffin Colapinto (n°6 mondial), Kolohe Andino qui s’est incliné face au rookie Lucca Mesinas, et Owen Wright, éliminé par Kanoa Igarashi, qui sur sa lancée a sorti en 8e Leonardo Fioravanti.
En 8e également, le Brésilien Miguel Pupo s’est aussi imposé face à Italo Ferreira grâce à un joyau dont seule Pipe a le secret : un barrel dans la 12e minute de la série scoré 7.33, lui accordant une avance confortable face au champion du monde qui lui n’a pas trouvé de score au-dessus de 5. Dans ses pas, son frère et rookie sur le Tour Samuel Pupo a sorti Jordy Smith grâce à un combo à 15.16, alors que le vétéran a manqué d’un back-up en ne scorant que deux vagues dans la série.
Munoz blessé
Sur une belle série gagnante face au Portugais Frederico Morais, le Costaricain Carlos Munoz s’est disloqué l’épaule lors du round of 32, et n’a pas pu terminer sa série en 8e malgré sa volonté d’aller au bout. Il laissera donc sa place au Péruvien Lucca Mesinas, qui file en quart.
Entre les deux leur coeur balance… Les locaux ont dû choisir leur camp dès le round of 32, alors que Seth Moniz a affronté en série 10 son ami et compatriote Ezekiel Lau. Dans une série assez serrée, c’est le premier qui s’est finalement imposé avec un combo à 12 points, contre 10.27 pour Ezekiel, fraichement revenu sur le Tour. Une victoire pas volée par Moniz, qui a ensuite confirmé son statut de favori en éliminant Filipe Toledo en 8e, pour décrocher sa place en quart. Le coeur des hawaiiens devrait continuer de balancer cependant, car il y affrontera l’autre hawaiien en quart de finale : John John Florence.
Prochain call sur les rives d’Oahu : mercredi 2 février, 18h50 heure française, pour quatre heats à haute intensité.
Les 8e femmes pourraient aussi être lancés, dans des conditions qui s’annoncent plus basses mais tout de même conséquentes (entre 1m50 et plus de 2m, vent offshore).