L’an dernier, le jeune vidéaste et réalisateur français Paul Lavoine remportait le prix du meilleur film au Surf Film Festival d’Anglet avec « Liés par l’océan ». Cette année encore Paul avait un film en sélection officielle à Anglet, « Australian Cut ». Il s’agit d’un documentaire d’une vingtaine de minutes dans lequel l’athlète australien Liam O’Brien se confie sur ses impressions par rapport au Championship Tour et plus particulièrement à propos du « mid-season cut », mis en place par la WSL.
Le film a été tourné pendant les deux étapes australiennes du Tour, à Bells Beach et à Margaret River, qui déterminent celles et ceux qui pourront continuer ou non leur saison et tenter de remporter les titres de champions du monde. Sur ce film, Paul a tout fait de A à Z, de la prise d’images à la production en passant par le montage. Nous avons pris le temps d’échanger avec lui sur ce nouveau projet maintenant disponible gratuitement et en intégralité sur la chaîne YouTube de Paul (voir en bas de l’article).
Interview
Surf Session – Salut Paul, peux-tu nous dire quelques mots sur le sujet de ton film ?
Paul Lavoine – Mon film met en lumière Liam O’Brien, un surfeur membre du Tour professionnel basé sur la Gold Coast, en Australie. J’ai pu le suivre sur les deux étapes australiennes de la saison, juste avant le cut de mi-saison, d’où le titre du film « Australian Cut », qui est un moment crucial pour les athlètes. Je trouvais intéressant de mettre le focus sur un Australien »à la maison, même si l’Australie est un continent gigantesque et que les spots de Bells Beach et Margaret River, où ont lieu les compétitions, sont à l’opposé l’un de l’autre.
En quoi « Australian Cut » est différent de ton film précédent, « Liés par l’océan » ?
« Liés par l’océan » est davantage du côté du témoignage et il rend compte d’un art de vivre, tandis qu' »Australian Cut » est un documentaire au sens instructif du terme. J’ai essayé de vulgariser des sujets qui restent assez niches tels que la WSL et le cut de mi-saison. Beaucoup de gens s’intéressent au surf, sans rien connaître de la WSL. Je savais que ce film allait avoir une moins grande portée que « Liés par l’océan », qui parle au plus grand nombre. « Australian Cut » s’adresse davantage à un public d’initiés et mon but était, entre autres, de rassasier ce public-là. C’est un contenu assez exclusif, ce n’est pas tous les jours que l’on a accès à ce genre de backstage, un athlète de son niveau qui se livre à cœur ouvert sur son ressenti pendant une compétition.
Comment as-tu fait la connaissance de Liam ?
J’ai suivi une bonne partie du Tour l’année dernière. Entre autres choses, j’ai travaillé pour le pays El Salvador pendant la compétition, avec quelques surfeurs dont Liam, Matthew McGillivray, que l’on voit dans le film et Yago Dora. Entre temps j’ai revu Liam sur quelques étapes du Tour. J’avais mes billets pour l’Australie et je lui ai demandé si je pouvais rester avec lui sur les deux étapes australiennes et il a gentiment accepté. Il n’avait pas besoin de moi en tant que media man parce qu’il avait déjà son filmeur, Nick Coakley, mais j’ai eu envie de profiter de cette opportunité pour faire un documentaire en interne sur un athlète du Tour.
As-tu une anecdote de tournage à nous partager ?
Sur l’étape de Margaret River, Liam est tombé contre son ami et local de l’épreuve Jacob Willcox, et Liam savait que s’il battait Jacob, Jacob ne passerait pas le cut. C’est un enjeu compliqué quand tu es un athlète et que l’amitié entre en jeu, mais c’est un compétiteur avant tout. Son coach mental s’exprime d’ailleurs à ce sujet dans le film et ce qui est d’autant plus cocasse c’est qu’il coache Liam et Jacob. Dans le film Liam, se confie sur cette victoire particulière pour lui, l’une des rares où il n’était pas forcément heureux d’avoir gagné.
Ce sont des situations qui arrivent et en général, les athlètes semblent arriver à faire la part des choses…
J’avais déjà été témoin d’une situation similaire entre Yago Dora et Jack Robinson. Ils sont amis, voyagent ensemble sur les compétitions et tous les deux sont coachés par Leandro Dora, le père de Yago, qui a d’ailleurs été élu meilleur coach par Stab il y a quelques années. C’est déjà arrivé qu’ils s’affrontent dans des heats décisifs, ce qui n’est pas évident pour deux athlètes qui se connaissent, se fréquentent, s’entraînent ensemble, pour leur coach non plus d’ailleurs. Mais à chaque fois, ils semblent arriver à faire la part des choses et je pense que c’est autant respecter l’autre que se respecter soi-même que de donner de soi à 100% sans faire de cadeau ou laisser l’affect prendre le dessus.