Aujourd’hui a lieu à Bali la fête la plus importante de l’année : le Nyepi, ou jour du silence. Des festivités insolites et surprenantes qui célèbrent le passage à la nouvelle année dans le calendrier Hindou.
Les préparatifs du Nyepi ont en réalité commencé depuis plusieurs semaines. Les balinais confectionnent notamment des monstres géants, difformes et hideux, appelés Ogoh Ogoh et réalisés à l’aide de bambou et de papier mâché.
A l’approche du jour J, l’atmosphère de cette fête religieuse, scrupuleusement suivie par toute la population, est de plus en plus palpable. Les monstres sont exhibés dans les villages et sur le bord des routes, de nombreuses processions religieuses ont lieu, et une étrange effervescence règne dans les rues…
Le jour J, les Balinais, habituellement si calmes, se mettent à faire un boucan du diable en faisant exploser des pétards, en tapant sur des casseroles… Le but ? Effrayer les mauvais esprits tentés de venir sur l’île à l’approche de la nouvelle année. Malgré tout, il est dit que ces divinités du mal parviennent à prendre place dans l’île des Dieux, au milieu d’un tohu-bohu général…
Les Ogoh Ogoh sont alors portés dans les rues par les hommes, qui les font tourner sur eux-mêmes afin de déstabiliser les mauvais esprits et leur faire perdre leur chemin. A la fin de cette journée rythmée par les pétards, la plupart de ces monstres en papier mâché sont brûlés, le plus souvent sur la plage. Après plusieurs heures d’une rare intensité, les Balinais estiment avoir vaincu les mauvais esprits, qui remontent doucement vers le ciel.
A partir de minuit commence la partie la plus insolite du Nyepi : pendant 24 heures, l’île doit apparaître vidée de tous ses habitants, afin que les mauvais esprits ne puissent la retrouver et être tentés d’y revenir ! Et pour ça, les balinais ne font pas dans la demi-mesure : interdiction de sortir de chez soi ou des hôtels, d’allumer la moindre lumière ou la TV, de faire le moindre bruit… L’activité touristique s’arrête complètement, et même l’aéroport international de Denpasar est fermé.
Les routes et les rues sont désertes. Kuta, habituellement si bruyante, se retrouve soudainement plongé dans un silence troublant. Seules quelques patrouilles de police circulent et ont pour consigne d’arrêter toute personne prise en dehors de son domicile. Tous les ans, des malins tentent de sortir dans les rues ou sur les plages et se font attraper. Les touristes ainsi pris en sont quittes pour une forte amende, voire même un petit passage derrière les barreaux.
Les chiens errants, très nombreux sur l’île, représentent paraît-il un autre danger pendant le Nyepi. Affamés, faute de pouvoir trouver de la nourriture facile auprès des poubelles ou des restaurants, ils se montrent très agressifs et seraient prêts à se jeter sur le premier individu qu’ils croisent…
Pendant une journée entière, les touristes restent donc confinés dans leur hôtel, qui assure un service minimum. Certains ont prévu de quoi tenir pendant la journée en achetant de la nourriture et des bouteilles de Bintang (bière locale) et s’occupent comme ils peuvent : lecture, films sur ordis, siestes, avec interdiction d’allumer les lumières au moment du crépuscule !
Les plus malins, qui ne souhaitent par perdre une journée pendant leur séjour, prennent la direction de l’archipel des Gili, au large de Lombok, l’île voisine de Bali. Les habitants des Gili sont musulmans et ne pratiquent donc pas le Nyepi. Des centaines de backpackers se donnent ainsi rendez-vous là-bas pour y vivre la plus grosse fête de l’année.
Les surfeurs coincés à Bali dans leurs hôtels ou warungs face à Impossibles ou Bingin, en sont quittes pour voir dérouler des vagues parfaites et vierges pendant toute une journée…
Dur de trouver des images de Bali pendant le Nyepi, mais ce petit clip peut vous donner une idée de la chose : www.youtube.com/watch?v=y1Wv2q0W768