Sur son permis de conduire, ses factures EDF et son passeport bien rempli, le garçon s’appelle Thomas Joncour. Pour tous les autres, il est la Jonkette, ou tout simplement la Jonk. Un surfeur bercé entre les cultures réunionnaises et bigouden devenu depuis déjà pas mal d’années le plus célèbre ambassadeur du surf breton, et plus particulièrement du 29Hood…
A l’occasion des 25 ans de Surf Session, il revient pour nous sur les moments qui l’ont le plus marqué, le magazine ainsi que sa vision du surf aujourd’hui…
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué depuis 25 ans dans le monde du surf ?
Tout d’abord – et ce n’est pas parce que c’est récent, c’est la mort d’Andy. Il restera le surfeur le plus influent de tous les temps, de par son style et sa capacité à surfer n’importe quelle vague d’une façon qui lui était propre et incomparable à nul autre surfeur. Les 10 titres de Kelly c’est pas banal non plus.
Je revois aussi Shane Dorian à Mavericks défiant le tow-in à la rame, Tom Curren dans les « Search », ou quand le maître du style et meilleur surfeur de l’époque fait du free surf. Sans oublier Shane Powell qui démontait tout dedans.
Il y a aussi la victoire de Derek Ho en 1993 à Pipe. J’avais la vidéo à la maison : Kong se fait sortir en demi et Derek doit impérativement gagner si il veut emporter le titre, et il le fait majestueusement devant Kelly ! Je repense aussi à la victoire de Sunny a Saint Leu en 1994, j’étais tout gamin et j’avais tous les autographes !
Et en vrac : l’équipe de la Réunion aux Championnats de France dans la deuxièmement moitié des 90’s complètement folle et presque imbattable ! – Le style de Fred Robin toujours ! – Eric Rebiere sur le WCT et la montée de l’Euroforce – Les premieres images de Shipstern et Ours – Les lives de l’ASP World Tour – Tous les Eddie Aikau – La mort de Mark Foo : c’est la première fois que j’ai pu prendre conscience qu’on pouvait vraiment se noyer en surfant – Tous les trips aux Mentawais parus dans les magazines – Le potentiel du surf Européen surtout en Ecosse et Irlande…
Te rappelles-tu du premier Surf Session que tu as ouvert ?
Mon premier Surf Session c’était un « spécial îles » de 1989 je pense, avec Robbie Page en couv’. C’était très orienté free surf et je l’avais eu à Noël sous le sapin avec un bodyboard de supermarché avec des dérives que je surfais debout !
Quelle couv’ de Surf Session t’as le plus marqué ?
J’en ai plein en tête. Peut-être Didier Piter à Pipe vers 1994 ou 95. A l’époque je venais de la Réunion et pour moi il n’y avait que 3 surfeurs en France: Fred Robin, Boris Le Texier et Francois Herr. Un « zoreil » comme Didier Piter (j’ignorais qu’il venait du Sénégal) ne pouvait pas savoir bien surfer comme les gars de la Réunion surtout à cause de l’eau froide (rires) !
Ton rêve surf s’est réalisé ou il est toujours devant toi ?
D’avoir ses rêves derrière soi ne rime à rien à mon sens. Je réalise un peu mon rêve chaque fois que je suis dans l’eau, même si c’est vrai que quand j’étais surveillant d’internat dans un lycée tout en faisant mes études d’anglais je n’aurais pas imaginé pouvoir être payé pour surfer et voyager avec tous ces gens que je voyais dans les magazines. Ça c’est le rêve ! Mais j’en ai encore plein de rêves ça, c’est sur !
25 ans de Surf Session, ça représente quoi pour toi ?
25 ans de Surf Session, c’est un quart de siècle d’images, de trips, de récits, d’actus, de compètes, de personnalités… Ça montre qu’en France il y a des gens qui s’intéressent au surf et qui suivent ce sport. Que le surf soit un sport ou un art de vivre continue de faire rêver, je pense que ça ouvre des fenêtres dans des bureaux à Paris et que ça couvre les murs des chambres des gamins depuis 25 ans !
Photos : Ronan Gladu