« Il y a eu discussion au sein de l’équipe de Surf Session sur le choix de mettre au sommaire de ce numéro un article sur le tsunami. Bien sûr l’actualité de la catastrophe au Japon a motivé notre initiative, mais en même temps résidait en nous une pudeur à ne pas exploiter journalistiquement un tel drame, sous prétexte même d’une simple volonté d’explication d’un phénomène fascinant de puissance et dont les images n’ont cessé de nous stupéfier.
Cependant à tergiverser ainsi (exercice de bon aloi au sein d’une rédaction), ce qui nous a surtout poussésdans la décision de cet article a été d’avoir l’honnêteté de reconnaître le regard inévitable que nous avons eu, en tant que surfeurs, sur le déferlement de cette vague arrivant sur la côte japonaise. Un regard déplacé et guère bienséant compte tenu des conséquences mortelles du phénomène mais un regard qu’au titre de fins scrutateurs de vagues que nous sommes, on porte instinctivement avec les questions naïves de surfeurs qui s’y greffent : surfable ? Y résisterait-on avec un bon canard ? ! Plus gros que Jaws ou Belharra ? Sans parler l’effet d’offshore (dû à la vitesse de la vague et non au vent) qui nous embaume l’esprit…
De reconnaître l’existence de ces questions égocentriques de surfeurs nous a donc obligé de trouver les réponses avec mission donnée à Anne Kristell Jouan, scientifique avisée pour mener l’enquête et assez surfeuse pour comprendre ce qui domine notre corps à la vue de ce déferlement inouï et fulgurant.
Maintenant, de ce tsunami catastrophe aboutissant au drame languissant d’une autre catastrophe, nucléaire celle-ci, subsiste toujours une vague que notre oeil de surfeur n’a pas manqué de saisir au pied de la centrale de Fukushima, dans les images diffusées. Une vague irradiée à jamais, comme celles des spots alentours et jusqu’alors surfées. Tristesse égocentrique de surfeur encore une fois, mais pas seulement. Il y a là un épilogue à notre modernité insatiable et aveugle dont notre regard de surfeur perçoit toute la cruelle fatalité (ce retour de vague comme un retour de flamme) au travers de ce joli pic offshore qui vient nous narguer par sa beauté tout en nous signifiant la mort (la nôtre) qu’il contient.
Si aléatoires et irradiées qu’elles soient, les vagues demeurent et sont plus pérennes que les surfeurs. Idem pour la nature en général, dont l’homme moderne doit faire plus que jamais son choix s’il tient encore à sa peau. Dit cela, continuons de surfer dans l’espoir de dénouer la belle combinaison d’énergie (naturelle et humaine) qui s’y joue et pourquoi pas applicable dans d’autres domaines. De quoi rêver, de quoi ramer…
Gibus de Soultrait
Un dossier de 6 pages est consacré au phénomène des tsunamis dans le Surf Session de mai. Découvrez son sommaire et feuilletez quelques pages ici.
jaurai bien surfer depuis 1971
je peux meme pas raler en vrai
le sscdp est :
Franchement, j’adore son style rédactionnel.
que de mots pour ne pas dire grand chose….