Dimanche 31 août 1986, c’est jour de finales à l’OP PRO
de Huntington Beach. A l’époque, malgré la faible qualité des vagues sur ce
beachbreak californien, cette épreuve était la plus grosse compétition de surf
au monde.
Ocean Pacific en avait fait une épreuve de championnat du monde
depuis 1982, et elle allait révéler Tom Curren au grand public américain. Ce
dernier s’impose en 1983 et 1983 avant que Mark Occhilupo ne viennent le bousculer
et démarrer une des grandes rivalités de notre sport.
En 1986 la participation de MTV fait exploser la promotion de l’événement, ce
qui attire environ 50 000 personnes à Huntington, mais pas que pour le surf.
Dans ce qui est devenu une grande fête populaire, Il y a aussi des jet-skis, un
salon de la glisse, une grande rampe de skate avec Christian Hosoi en démo… et
un bikini contest qui semble échauffer les esprits.
Après la compétition de Miss Op Pro, d’autres filles exposent leurs atouts
depuis la jetée. Les excités en demandent plus, et des filles qui sont juste là
pour bronzer commencent à se faire embêter.
Quand la police essaie de rappeler à
l’ordre les contrevenants, elle est plutôt mal accueillie. Les insultent
volent, les bouteilles de bière suivent, et les flics sortent bientôt leur
matraque…
Les camps sont formés. Les émeutiers repèrent des voitures de police stationnées
et les chahutent jusqu’à arriver à les renverser. Des types démontent des rambardes
métalliques avant de les utiliser pour péter les fenêtres du local des MNS.
C’est sans doute là qu’ils trouvent des fusées de détresse,
bientôt utilisées pour mettre le feu à 3 voitures de police, la jeep des MNS,
une ambulance et des quads. Quand les renforts de police arrivent, la plage est
livrée au chaos.
Pendant ce temps la compét continue, Glen Winton et Mark
Occhilupo disputent une finale en 3 séries. Occy remporte les 2 premières et on
pourrait donc s’arrêter là, mais le directeur de compétition préfère les
renvoyer à l’eau pour « occuper » le public.
L’émeute va durer plusieurs heures, la centaine de policier fait face à près de
5000 émeutiers, et ils devront matraquer une bonne partie de la soirée avant
que la ville ne retrouve son calme. La dizaine de blessés est répartis entre
les deux camps. Seul une douzaine de personnes sont interpellées, mais l’étude
des vidéos permettra d’autres arrestations par la suite.
Tous les médias reprennent l’affaire le soir et le
lendemain. Finalement les surfeurs n’ont pas grande responsabilité, mais l’incident
ne va pas améliorer leur réputation. Le directeur de l’ASP, Ian Cairns, se dit dégoutté
et donne sa démission.
Depuis la compétition n’est plus organisée sur un gros week-end de jour férié,
et on a officiellement interdit l’alcool. Cela n’a pas empêché quelques échauffourées
d’avoir lieu lors de l’édition 2013 de ce qu’on appelle maintenant l’US OPEN.
Cette année le défouloir consistait principalement à renverser les toilettes de
chantier installées pour l’occasion, mais quelques vitrines ont aussi explosé
lors de scène de pillage. Quelques gaz lacrymo et des balles caoutchoutées ont suffi
à disperser les responsables cette fois-là.
L’édition 1986 du OP PRO est donc bien restée dans les
annales comme le plus gros dérapage d’une compétition de surf.