La naissance de Surf Session
Gibus de Soultrait raconte – « Surf Session est né du projet de Pierre-Bernard Gascogne de faire une revue française de surf pour créer un relais de communication dans le milieu surf. On se connaissait bien comme surfeurs, on aimait les grosses vagues. Il était alors ingénieur océanographe et, parallèlement à cela, il importait Surfer Magazine pour le distribuer en surf-shop. J’étais dans le journalisme. le dollar était alors très fort, Surfer en anglais coûtait très cher. Il y avait besoin d’un magazine en français… ».
De son côté, Pierre-Bernard Gascogne se souvient : « Ayant terminé mes études aux Etats-Unis, je connaissais bien Jim Kempton et Steve Pezman de chez Surfer et j’importais avec Surf System les magazines Surfing et Surfer en France pour les kiosques et les surf-shops. J’avais en 1985 le projet d’inclure une traduction des textes de chez Surfer Mag sous forme d’insert au milieu du magazine et de garder le magazine avec ses photos en anglais. Ils avaient fait cela pour le Japon et je trouvais que c' »tait une bonne idée pour promouvoir la culture surf en France vu que beaucoup de surfeurs ne comprenaient pas bien l’anglais. J’ai finalement décidé qu’il valait mieux franchir le pas et créer directement un magazine en Français. Pour cela, ne connaissant pas grand chose à la presse, j’ai demandé à Jim et Steve de m’aider pour contacter les meilleurs photographes de surf et j’ai contacté le seul journaliste français que je connaissais, surfant régulièrement Guéthary, Gibus, pour s’occuper du rédactionnel en échange de 5% du capital de Surf Session. Nous avons travaillé quelques mois tous les trois (avec René Kieffer, graphiste) sur la maquette du numéro 0 et sommes all&s la montrer au Salon Nautique de décembre 1985. La réaction des acteurs du surf (Quiksilver, Gotcha, Rip Curl, Offshore, etc…) a été enthousiaste et nous avons pu sortir le premier numéro en mars 1986. Nous avions tiré environ 10 000 exemplaires (l’imprimeur m’a demandé de le payer avant tellement il ne croyait pas à notre projet !) et attendions le deuxième numéro pour avoir les résultats de vente du premier. Nous n’avions pas fait d’études de marché très sérieuses et travaillions au feeling. Les résultats seront très bons (autour de 7 000 ventes) et les médias français et nos relations ont fait le buzz ce qui a permis rapidement à Surf Session d’augmenter ses ventes et sa notoriété ».
L’aventure du numéro un
Gibus de Soultrait – « On a mûri le projet sur l’année 1985. En décembre de cette année-là, on était au Salon Nautique à Paris où toutes les marques de surf qui démarraient en France étaient présentes, à cause de l’essor du windsurf. On a présenté une partie des pages faites et les marques étaient contentes de trouver un support parlant aux surfeurs, fait par des surfeurs et distribué en kiosque. Le magazine était assez « fanzine » pendant les premiers numéros, mais il a tout de suite trouvé son public. Il y avait une demande. Les années 1980 voyaient l’émergence des sports de glisse, il fallait qu’il ait une revue propre. Par ailleurs, il y avait le Lacanau Pro, qui faisait venir les meilleurs mondiaux chaque année. Puis en 1987, il y a eu Hossegor et Biarritz et pendant 10 ans l’étape française du championnat du monde a été la plus importante du circuit. Il y avait du coup une synergie naturelle avec le magazine. Autre atout, Tom Curren était marié à la surfeuse française Marie-Pascale Delanne et le fait d’avoir le meilleur surfeur de l’époque si proche portait, stimulait forcément le magazine. Mais la ligne rédactionnelle était assez claire : la compétition avec les pros, le voyage avec les destinations faisant rêver, et la scène française avec le niveau national qui montait… Et finalement pendant 30 ans, Surf Session a gardé cette ligne pour répondre au mieux au large spectre du surf ».