Publié initialement le 1er avril 2016
C’est l’une des plus grandes supercheries de ces dernières années. Quatre mois après avoir cassé Internet avec un clip dévoilant une vague artificielle absolument parfaite, Kelly Slater a reconnu hier à un journal local de Torquay – où a lieu en ce moment le Rip Curl Pro Bell’s Beach – qu’il s’agissait en réalité d’un vulgaire montage vidéo. De quoi susciter aussitôt une véritable onde de choc au sein du monde du surf, et même au-delà :
?Cela faisait près de 10 ans que je travaillais sur un concept de piscine à vagues circulaire, mais ça n’avançait pas. En 2011 est arrivé le WaveGarden, et les gens ne parlaient plus que ça. Il fallait que je trouve quelque chose. Que je fasse mieux qu’eux. Il y a quelques mois, il a bien fallu se rendre à l’évidence : je ne pourrais jamais rattraper leur avance technologique.
C’est alors que m’est venue l’idée de monter de toutes pièces cette histoire de vague mystérieuse développée dans le plus grand secret quelque part?.
?On a alors du se rabattre sur la Caroline du Nord. D’où l’eau marron et la combinaison dans la vidéo.?
Improbable. Tout autant que la suite des aveux : après avoir réfléchi à son scénario, Kelly Slater se serait offert les services d’un mystérieux réalisateur hollywoodien spécialiste en effet spéciaux pour son clip.
Tout ne se serait alors pas passé comme prévu : ?on n’avait qu’un créneau de deux jours pour tourner les scènes d’action. On avait prévu de faire ça en Micronésie parce que je voulais faire croire que la vague était quelque part là-bas mais il y a eu une grève d’avion. On a alors du se rabattre sur la Caroline du Nord, où de superbes vagues étaient attendues. D’où l’eau marron et la combinaison dans la vidéo. Trop lourd à retoucher en post-prod. Il a alors fallu revoir tout le script« .
Kelly Slater raconte alors comment ils ont dû – dans l’urgence – trouvé un bassin autour duquel tourner les images d’ambiance avant d’attaquer l’impressionnant travail d’incrustation des images de surf. « Un travail de titan, qui a nécessité des dizaines d’heures de travail et l’intervention des meilleurs truquistes d’Hollywood, à qui on avait évidemment fait signer de lourds contrats de confidentialité?.
Le Floridien avoue avoir été lui-même bluffé au moment de découvrir la vidéo terminée : ?j’en ai pleuré de joie. Tout ça paraissait tellement réel. Bien sûr je savais que c’était du fake, mais je savais surtout que j’allais pouvoir mettre une grosse claque au WaveGarden ! Je n’ai pas vraiment pensé à l’après…
?Cela me préoccupait de plus en plus. C’est pour ça que j’ai surfé comme une chèvre à Snapper et à Bell’s?
La suite, Kelly Slater y fait pourtant longuement allusion dans l’interview : « j’étais loin d’imaginer le buzz que susciterait cette vidéo. Adriano m’en a voulu d’avoir ruiné la communication autour de son titre de Champion du Monde mais ça, ça m’a bien fait marrer. Pourtant très vite, je me suis demandé comment j’allais m’en sortir. Surtout quand des internautes ont localisé le bassin sur GoogleEarth. On n’avait pas prévu ça. Après, j’ai inventé cette histoire d’énergie solaire qui ferait marcher la vague. J’étais pris dans un engrenage, je ne pouvais plus m’arrêter?.
Après 3 mois et demi de stress, et sur les conseils de quelques proches, Kelly a donc décidé de tout avouer aujourd’hui, et se sent libéré d’un vrai poids : ?je ne dormais plus depuis des semaines. Cela me préoccupait de plus en plus. C’est pour ça que j’ai surfé comme une chèvre à Snapper et Bell’s. Je suis soulagé d’un poids maintenant que j’ai tout avoué?.
Sur le web et même au sein de la communauté surf, les fans de Kelly ne cachent pas leur déception. Ses amis non plus : Mick Fanning se dit ?déçu par son ami, mais surtout déçu de ne pas avoir l’opportunité de pouvoir surfer cette vague un jour…?. Sur le compte Instagram de Slater, les insultes fusent par dizaines.
De son côté, Kelly Slater fait silence radio depuis la publication de son interview et semble avoir disparu de la circulation. Un dénouement triste pour la planète surf, sauf pour les dirigeants du WaveGarden qui, eux, doivent aujourd’hui être sacrément soulagés…
A suivre.
La fameuse vidéo de la vague de Kelly, dont les images ont fait le tour du monde. Des images qui ont aujourd’hui un arrière-goût… d’eau salée :