Belharra. Un nom qui fait vibrer les passionnés. Une semaine après, le Basque revient sur cette journée et nous raconte son histoire avec le spot. De ses débuts à ce moment, qui, pour lui, reste comme une « belle réussite personnelle, surtout qu’il y a très peu de monde à surfer ce spot à la rame« .
L’histoire commence en 2013, lorsque Antonin rame vers le spot avec son père. Pendant plus de deux ans, il ne fera qu’observer les grands, de Jamie Mitchell à Grant Baker. Il se fixera dès 2014 l’objectif de surfer Belharra.
Sa première vague sur le spot il la prendra en 2016 « avec une petite planche. Une 10’6 pas faites pour Belharra. C’est le jour où Stéphane Iralour avait pris sa vague magnifique« .
Après ça, le spot fait des siennes et se fait désirer pendant un an. Antonin retournera à l’eau en janvier 2018, lors d’une session où Alex Botelho avait pris la bombe de la journée. Antonin apprend, et, peu à peu, prend ses repères.
L’année suivante (2019), il écope d’une sélection aux WSL Big Wave Awards pour une belle session où il est accompagné de Paul Duvignau : « J’avais chopé ma vague au dernier moment par chance, c’était un vrai accomplissement, j’étais vraiment content« .
Du matériel adapté
C’est après ce premier succès qu’il décide de se faire shaper une planche exclusivement construite pour Belharra, car il s’est « rendu compte que c’est un endroit où il faut vraiment une planche adaptée« .
Pour ça, Antonin travaille avec RT Surfboards : « Il m’a fait une 11’6, la même taille que Stéphane Iralour, qui ressemble à une stretch un peu. Avec un tout petit swallow tail assez tendu et un avant assez large. »
« Elle est très lourde, elle fait 17 kilos. Moi je suis très léger, je fais 70 kilos maximum donc il me faut une planche qui soit lourde car sur la vague on va très vite.«
« Elle est tellement lourde qu’on ne peut pas mettre de leash » nous explique-t-il. « Le leash tu l’oublies, ça te détruit la jambe si tu tombes sur une grosse vague. Elle est en quatro, dérives classiques, vraiment le profil pour Belharra« .
Un travail sur le long terme
En parallèle, Antonin se prépare physiquement. « Je me prépare pour ça à fond depuis un moment, avec différents entraînements dont l’apnée avec David Dubes mais aussi en salle pour le physique ».
« Je m’entraîne aussi en cross-training pour tout ce qui est cardio et renforcement musculaire, et pas mal en ginastica natural (NDLR : mélange de yoga et d’arts martiaux) parce qu’il y a un travail d’assouplissement, important pour les grosses vagues, et de renforcement des cuisses. Il y a aussi une partie liée au stress, de relâchement et de relaxation qui est vraiment intéressante« .
Un travail de patience aussi, car l’opportunité peut parfois mettre du temps à venir, et que l’expérience ne s’invente pas. Le local essaie d’abord sa planche à Guéthary, dans des vagues de plus en plus grosses. Puis, il est temps de prendre la route de Belharra, quand les conditions le permettent enfin.
Il lui aura fallu plusieurs tentatives : « Je suis allé trois fois à Belharra cet hiver. La première fois c’était blindé de vent, on était beaucoup trop au large« .
Une seconde fois en compagnie de la famille Mangiarotti qui l’emmène et se charge de sa sécurité à l’eau. « C’était encore un échec car il y avait du vent« .
Le jour J
Son heure viendra enfin, sur une session planifiée sur un gros swell de plus de 10 mètres. Gaizka Housset lui propose de faire la sécurité. Il observera une bonne heure avant de se mettre à l’eau. Antonin se rappelle de chaque étape vers son ride.
« J’étais plus ou moins tout seul, il y avait que des mecs en jetski, c’était vraiment tendu, les vagues étaient énormes. C’était un peu moins chaud qu’en 2014 mais c’était chaud, le placement était très important« .
« Gaizka, qui est un excellent surfeur, a repéré les vagues et m’a dit où me placer en fonction des trois couronnes et du phare. J’étais placé pour prendre une intermédiaire. J’ai pris ma vague au dernier moment, le ride a été hyper facile, la planche a marché parfaitement, et physiquement j’étais préparé« .
« Apparemment je suis allé super vite sur la vague, qui était très longue. Elle n’a pas vraiment levé ni jeté, je suis un peu déçu par rapport à ça, mais je suis quand même très content d’avoir réussi à prendre une vague car c’est vraiment pas facile de le faire à la rame à Belharra« .
Une réussite qui aurait pu le griser, mais le chargeur a préféré rester raisonnable. « J’avais envie d’en prendre une plus grosse car c’est mon objectif, mais on y va étape par étape« .
On attend déjà tous la prochaine bombe !
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Beau témoignage de travail, persistance et humilité