Se lancer à Nazaré pour la première fois dans des vagues de 30 à 50 pieds (!) selon les locaux et en stand-up paddle, il fallait oser. C’est pourtant ce qu’a réalisé le chargeur basque Stephane Iralour il y a trois semaines. Il revient sur cette session :
Photos : Vitor Estrelinh/F-One
“Tout est parti d’un mail de Garrett McNamara. Dès qu’une jolie session est annoncée à Nazaré, il arrose tout son carnet d’adresses pour nous mettre au courant. Il se trouve que je fais partie des invités du Mercedes AMG Red Chargers, la compétition organisée par Garrett à Nazaré. J’ai donc décidé de partir là-bas avec Pierre Rollet. La condition pour être à l’eau était d’avoir un jet-ski et quelqu’un pour assurer la sécurité. A 21 ans, Pierre a déjà une solide expérience dans le surf de gros, et il a un mental solide. J’étais content de l’emmener avec moi et le présenter à mon réseau.
C’était la première fois que je me rendais à Nazaré. Disons que c’était l’occasion qui faisait le larron. Le matin, on était sur la fameuse falaise à regarder les vagues, et les locaux estimaient les sets entre 30 et 50 pieds (9 et 15m environ, ndlr) ! Première surprise, car sans connaître le spot il me semblait plutôt que ca faisait 6-8 mètres même si évaluer la taille n’est pas mon fort. La seconde est venue de Garrett qui, après échange entre riders est venu nous annoncer « aujourd’hui, c’est paddling day« . En d’autres termes, pas de surf tracté, ça se jouera à la rame. Bon, j’avoue que pour une première fois sur le spot j’aurais été content de pouvoir y aller en tracté, mais c’était très bien comme ça aussi.
Heureusement, on avait emmené ce qu’il fallait et j’avais avec moi un SUP de 11 pieds. Avec F-one on l’a initialement développé pour Belharra. Elle est donc lourde, plus de 20 kg, pour résister au clapot d’un reef de pleine mer mais vu la taille à Nazaré c’était jouable. Juste un peu dur à manier vu la configuration du spot, et bien sûr à repasser la barre couché sur le sled du jet ski avec un gun comme ça sous le ventre ; car pour regagner le large c’est vraiment la guerre au bord ! Mais au moins j’étais rassuré avec une board que je connaissais.
Andrew Cotton, qui est un très bon ami et un des spécialistes de Nazaré, m’a drivé sur le spot et je ne le remercierai jamais assez pour son accueil J’ai aussi pu compter sur Kealii Mamala chaud pour m’accompagner en stand up, Garrett et Hugo Vau.
C’était très chaud de partir sur les vagues car limite trop gros, avec en plus l’offshore qui te retenait en haut, alors que la vague creusait…mais j’ai réussi à prendre 3 vagues en 6h passées à l’eau, ce qui est pourtant loin d’être le ratio le moins élevé (rires). Pour une première je m’en suis contenté, même si tu en veux toujours plus. L’avantage d’être debout à la rame dans ces conditions, c’est que tu te déplaces plus facilement et que tu anticipes mieux les sets.
La belle surprise c’est que Pierre Rollet a lui aussi voulu tester le spot. Je crois beaucoup en lui, car il a le potentiel d’un futur très grand du surf de gros. Mais j’avais décidé de ne surtout pas le pousser ; il a super bien géré ma sécu avec le ski. Sa décision de tenter le coup était la cerise sur le gâteau. Il a pris une vague solide sur la tête (à 3’07 » sur la vidéo ci-dessous !). Il était trop près du bord et je n’arrêtais pas de lui dire de remonter, mais il me disait que c’était bon. Quand la série est arrivée et que j’ai vu que ça n’allait pas passer, proche de ma falaise, j’ai pris un coup de pression. J’avais en tête le visage de sa mère un peu inquiète quand on a quitté Anglet. Je me suis dit sur le moment qu’elle allait me tuer ah (rires) ! Elle m’avait briefé avant de de me laisser l’emmener avec moi !
Peyo Lizarazu avant de partir nous avait équipé d’un gilet gonflable donc je me suis rassuré en me disant qu’au pire le jeune allait déclencher… Au final il est ressorti assez vite derrière la vague, et comme je m’étais mis une bonne montée j’étais dans le blanc en suivant pour le récupérer sans bouffer la suivante. Mais grosse frayeur !
Au final, on a passé une belle journée, pleine d’expérience, de découverte et de rencontres. Nazaré s’est avérée fidèle à ce que j’imaginais : compliquée, impressionnante et dangereuse.
C’est assez hallucinant de voir d’aussi grosses vagues péter aussi près du bord ! Cela a un côté rassurant de te dire que si tu bouffes tu arrives vite sur la plage, sauf à ce que le courant t’entraînes dans les rochers le long de la falaise. Dans l’eau, l’ambiance était top, les 6 ou 7 surfers à l’eau s’encourageaient mutuellement pour pousser les limites un peu plus loin.
J’ai aussi été agréablement surpris par le dispositif que les mecs ont mis en place là bas. Tu as des personnes au bord qui t’aident à retrouver ta planche au bord quand tu la perds, car tu surfes sans leash pour ne pas ralentir le sauvetage en jet ski. Un dispositif radio permet de communiquer et donc de s’assurer que chacun va bien et que tout le monde surveille tout le monde. Bref, une belle logistique qui se poursuit même dans la couverture médiatique de la session, Garrett restant de ce côté-là redoutable (rires) !
Malheureusement, je n’ai pu rester sur place le soir dîner avec tout le monde et fêter l’anniversaire de Keali
Nous sommes revenus en France vendredi soir dans l’optique de participer au Rip Curl La Nord Challenge qui devait être lancé le lendemain. C’est sur le retour que nous avons découvert l’horreur de ce qui était en train de se passer à Paris. La douce euphorie a vite laissé place à la stupéfaction ; la compétition a bien sûr été reportée. Mais ces événements autant que les belles images de cette journée me confortent dans mon envie de plus que jamais profiter de chacune de ces grosses sessions !”
La vidéo de la session :