C’est ce qui s’appelle un rétropédalage en règle. Une semaine après le petit scandale provoqué par les nouvelles conditions d’attribution des accréditations média à l’ASP (celle-ci exigeait – en échange d’un pass média – la propriété de toutes les photos prises pendant les compétitions), celle-ci a opéré une marche arrière… plus ou moins forcée.
Depuis hier, les engagements demandés au photographe en échange du précieux sésame ont en effet été modifiés (voir bas de page). Le photographe garde la propriété et le copyright du contenu produit (photos, vidéos, sons) et créé pendant l’événement. D’après Peter “Joli” Wilson, “c’est ce qui aurait du être fait depuis le début”. Mais le photographe ou le média accrédité n’a toujours pas le droit de vendre son contenu à but commercial sans autorisation expresse et écrite de l’ASP. Preuve que ces derniers ne sont pas encore décidés à tout lâcher…
Il s’en est passé des choses ces derniers jours en marge du Quik Pro Gold Coast. La presse nationale australienne s’est emparée du scandale de l’ASP, et Joli, assailli par les médias, n’a pas mâché ses mots à l’encontre de l’ASP. Une mauvaise pub dont cette dernière se serait bien passée à quelques jours du début de la saison et de son nouvel envol porté par Zosea. Inutile de dire que le PDG de l’ASP Paul Speaker n’a pas du tout apprécié la manoeuvre.
Guy Gibbons, un avocat spécialisé dans le droit à la propriété – et surfeur – a proposé son expertise à Joli, et déclaré que l’exigence de l’ASP de posséder les droits d’image n’étaient pas applicables sur le territoire australien, et évidemment pas rentables : “Les photographes ont en fait plus à perdre s’ils signent ce document que s’ils restent sur la plage aux côtés de gens comme vous et moi et prennent des photos« .
Mais l’ASP a beau avoir revu sa copie sur le copyright, elle campe toujours sur ses positions quant à la commercialisation des photos prises pendant les épreuves. Un panneau situé à l’entrée du site de la compétition interdit à quiconque de vendre ce qu’il aura produit sur le site. Et Joli, qui suit le circuit mondial depuis plus de 30 ans, et à qui l’ASP avait proposé un rapprochement à l’automne dernier, est désormais persona non grata sur les sites de compétition. L’Australien vient donc aux premières lueurs du jour photographier le free surf sur Snapper Rocks et, quand la compétition commence, se fait gentiment raccompagner hors du site par le service de sécurité. Ordre de l’ASP.
Pendant ce temps, d’autres photographes qui, eux, ont signé le document ASP, “shootent” librement depuis le site. Tandis que certains confrères ont décidé de ne pas mettre un pied dans l’enceinte de la zone ASP et travaillent depuis la plage, considéré comme un espace public.
Pendant ce temps (bis), les vidéos des compétitions, qui pouvaient jusqu’à présent être utilisées partout – dont des sites web comme surfsession.com – sont désormais bloquées et ne sont lisibles que sur le site web et le compte YouTube de l’ASP.
Pendant ce temps (ter) figure toujours, sur la fameuse demande d’accréditation, un article exigeant que les médias demandent l’autorisation à l’ASP et au manager des surfeurs pour pouvoir leur adresser la parole. Bien que cantonnés dans la surfers area sur certaines épreuves, les surfeurs se montrent en général plutôt disponibles pour échanger (sauf avant leur heat, évidemment) sans prise de RV préalable ! Eh oui, on parle de surf, pas de football ou de NFL.
Surf Session a envoyé un mail à l’ASP lundi pour avoir plus de détails sur la gestion des photos, on attend toujours leur réponse…
Romain Ferrand
Extrait du document à signer pour obtenir un pass média sur les épreuves ASP :
Première version :
“Par la présente, je cède tous les droits du contenu audio, contenu visuel image ou vidéo que je produis sur l’épreuve, (« le Contenu ») à l’ASP.”
Version corrigée :
“Je m’engage : Alors que je conserve la propriété et le copyright du contenu audio, contenu visuel image ou vidéo que je produis sur l’épreuve, (« le Contenu »), je garantis par la présente que je et/ou l’organisation média mentionnée au-dessus, n’utiliserai pas ce Contenu pour un usage autre qu’éditorial et non commercial sans la permission expresse écrite de l’ASP.”
En droit français la propriété se décompose en 3 éléments (usus, abusus, fructus), soit pour résumer le droit d’user, de disposer et de récolter les fruits de sa propriété. Si les photographes disposent de la pleine propriété de leurs photos, alors l’ASP ne peut les empêcher de les vendre. Cette règlementation ASP ne passera pas sur le sol français…
N’importe quoi, c’est vraiment de mieux en mieux! L’ASP ou comment tuer l’esprit du surf…
il est beau l’esprit du surf !!
mon dieu. mais ou va t on ???