p>Depuis plus de dix ans, nous avons pris l’habitude de suivre les épreuves du WCT depuis notre petit écran. Non pas celui de la télé, mais celui de nos PC, Mac, iPad & Cie. Et après le changement majeur en termes de canaux de diffusion que vient d’annoncer hier soir l’ASP, il y a de fortes chances pour que… rien ne change. WTF ? Si pour l’utilisateur, les usages demeureront les mêmes, entre l’avant et l’après, tout change. Explications.
“L’Association of Surfing Professionnal (ASP) est heureuse d’annoncer la signature de nouveaux partenariats média et diffusion avec ESPN, YouTube et Facebook, concernant la diffusion télévisuelle, numérique et sur les réseaux sociaux.” Ça ne veut pas dire grand chose pour vous mais pour eux ça veut dire beaucoup. Car jusqu’ici, les droits de diffusion du surf – en télé ou ailleurs – n’avaient pas vraiment de valeur marchande. Les images officielles quotidiennes des boites de production (payées par les marques sponsors) étaient distribuées gratuitement à qui en voulait bien. Inutile de revenir en longueur sur la difficulté à “vendre” le surf en sport mass média sur les écrans : temps morts trop longs entre deux vagues et impossibilité de prévoir le jour et l’heure du direct car, jusqu’à ce jour, ce sont les vagues (et le contest director) qui décident du call.
Le surf signe donc son grand retour sur une chaîne télé à travers ESPN, qui devient le diffuseur exclusif de l’ASP aux États-Unis sur la période 2014-2017. Un retour aux sources puisque c’est ABC (à qui appartient ESPN) qui fut la première chaîne à proposer des retransmissions de compétitions de surf en 1962. Mais pas de direct évoqué pour autant, seulement des résumés en longueur probablement des 26 minutes quotidiens. On vous passe les déclarations officielles des deux parties, au politically correct saoulant, mais l’on retient tout de même l’info suivante : « [il s’agit d’] une grande opportunité pour ESPN d’étendre sa marque X Games au surf professionnel », déclare Tim Reed, ESPN Global X senior director. Car si le surf demeure virtuellement présent aux X Games via Real Surf (un contest façon battle de vidéos) notre sport a bel et bien été une discipline officielle entre 2003 et 2007 sous l’impulsion de Brad Gerlach. Affaire à suivre donc, mais revenons au deal ASP.
Pour nous, pauvres frenchies, cette breaking news nous en “touche une sans faire bouger l’autre” puisque ESPN n’est pas présent en France. Mêmes les sous-chaînes ESPN Classic et ESPN America ont arrêté d’émettre en France depuis le 31 juillet dernier. C’est ballot… Reste à savoir si la chaîne privée française MCS Extrême continuera à avoir les droits du WCT sur les réseaux câble, satellite et ADSL, pour avoir la chance d’entendre de nouveau Franck Lacaze et son side-kick Baptiste Levrier nous commenter le World Tour en télé et en langue de Molière.
Donc, si comme l’immense majorité des surf addicts, vous suivez les contests ASP sur le web(cast), il ne vous aurez pas échappé que depuis un certain temps, un petit logo YouTube apparaissait déjà sur le live et que l’on pouvait suivre la retransmission en direct sur la chaîne YouTube de l’ASP. Ce mode de visionnage demeurera possible et un flux vidéo « embed » fera son apparition sur le nouveau site aspworldtour.com. Car c’est bien là le changement radical, et attendu depuis un an et demi : en reprenant la main sur la diffusion depuis l’arrivée du nouveau proprio de l’ASP (ZoSea), c’en est fini des sites consacrés à leurs events par les marques. Exit les quiksilverlive.com et autres billabongpro.com ? On sait également que YouTube finance certaines de ses chaînes thématiques, à hauteur de montants non-négligeables, et surtout qu’elle s’apprête à faire payer pour voir certaines de ses chaînes. Ce n’est pas le cas ici mais pour l’ASP new look, il s’agit désormais de redonner de la valeur à la diffusion audiovisuelle du surf et la marchandisation des contenus n’est pas exclue. Plutôt une bonne nouvelle sur le fond, même si nos habitudes du tout-gratuit vont être difficiles à perdre.
Dernier point de cette annonce, l’arrivée de Facebook dans la danse, en tant que plateforme de préférence sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’un simple coup de coeur, pas du tout, mais d’une démonstration par les chiffres. Car selon le cabinet Repucom (leader mondial des études dédiées au sport), les fans de surf seraient les champions du monde en termes d’engagement sur les réseaux sociaux, six fois plus engagés exactement que l’internaute moyen. Concrètement, les petits logos Twitter, Pinterest, Tumblr. et Cie devraient donc disparaître du webcast, pour privilégier Facebook et sa filiale Instagram comme relais sociaux.
Bilan de l’affaire, l’internaute français lambda perd un tout petit peu au change pour l’instant en se voyant réduire notamment l’accès direct aux autres réseaux sociaux sur le webcast et… c’est tout. Mais pour l’ASP, c’est le premier pavé dans la mare, dont les ondes devraient continuer à modifier durablement les modes de diffusions et de marketing du surf. « Stay tuned » comme on dit là-bas.