Paul Naude n’est pas très connu dans le surfbusiness en France, mais aux Etats-Unis il a marqué son sillage avec Billabong. Natif d’Afrique du Sud, surfeur passionné des 70’s toujours très actif et performant dans les vagues, collectionneur, amateur de surf culture, membre notoire du Sima (association du surfbusiness aux USA dont l’Eurosima est l’équivalent en Europe), Paul Naude avait repris le développement de Billabong, en 1999, aux Etats-Unis après que Bob Hurley (celui qui avait implanté la marque australienne aux USA) eut décidé de créer sa propre marque.
Avec la crise économique entamée en 2008 et une concurrence accrue du surfwear par de nouvelles marques de sportswear/life style, le surfbusiness connaît, depuis 2 à 3 ans, une période difficile avec des baisses de chiffre d’affaire importantes dans les régions en crise. Face à cette phase, chaque marque a sa problématique et sa stratégie de restructuration pour tenter de rebondir. En ce qui concerne Billabong International, cotée en bourse en Australie, l’entreprise doit faire face aussi à un endettement devenu conséquent, 294 millions $, et à une baisse sérieuse de sa cotation. Aussi le devenir économique de Billabong International est-il devenu le feuilleton à rebondissement au sujet d’une reprise de l’entreprise par l’apport de capitaux extérieurs, avec son fondateur, l’ancien shaper Gordon Merchant, veillant à pouvoir garder la maîtrise.
Prenant en 2012 la direction de Billabong pour les deux continents américains, Paul Naude avait essayé, il y a peu, avec un consortium financier, de reprendre le destin de Billabong. Mais cette semaine la nouvelle est tombée. Billabong annonce le début de concrétisation des négociations en cours avec Altamont Consortium par la nomination d’un nouveau PDG exécutif (CEO et aussi managing director) en la personne de Scott Olivet. Une négociation devant permettre à Billabong International (qui inclut désormais les marques Billabong, Element, Von Zipper, Honolua Surf Company, Kustom, Palmers Surf, Xcel, Tigerlily, Sector 9 et RVCA) de se soulager du poids de sa dette et continuer son développement tout en se restructurant.
Dans ce contexte Paul Naude a annoncé qu’il se retirait de ses fonctions et de la compagnie.
D’une façon plus générale, la crise, à la fois structurelle aux marques et au marché du surfwear, et conjoncturelle (notamment en Europe), confronte certaines grandes marques de surf à une reprise en main de leur entreprise par des capitaux extérieurs (financiers ou autres) qui n’ont pas forcément la culture surf, au sens où l’ont portée les fondateurs-surfeurs de ces marques. Une nouvelle page du surfbusiness est train de s’écrire, après celle enthousiaste et innocente de la création et du lancement (70’s/80’s), puis celle enivrante et orgueilleuse de la croissance forte (90’s/00’s), arrive celle de la refondation, de l’innovation… Cette fois l’argent compte différemment puisqu’il faut le compter durement, mais parions que le surfbusiness saura garder un peu de son âme dans l’intérêt du devenir du surf, à tout le moins en tant que sport (avec sa pratique en essor et ses compétitions de divers niveaux, ses athlètes). En attendant, on profite du Billabong Pro à Teahupoo bientôt sur le live avec le début des trials, le week-end prochain —G.S.