Patagonia montre (encore) l’exemple

La marque californienne a obtenu la certification Fair Trade pour certaines des usines dans lesquelles elle fabrique ses produits.

18/04/2017 par Romain Ferrand

Patagonia n’est pas du genre à se contenter de peu. Non content d’avoir mis sur le marché l’an dernier la première combinaison au monde réalisée sans néoprène, elle revendique aujourd’hui l’obtention de la certification Fair Trade pour certaines des usines dans lesquelles elle produit ses collections.

Fair Trade ?

Littéralement, commerce juste. Dans le vocabulaire courant, commerce équitable. Un label témoignant du respect par les usines et leur direction des droits sociaux des employés et de l’environnement.
Concrètement, le label Fair Trade est attribué à une usine si celle-ci verse le salaire minimum vital (et non légal, qui ne signifie pas que la population du pays peut vivre dignement) et respecte différents critères sociaux, sécuritaires et environnementaux.

Mais cela va encore plus loin : la marque demandant le label Fair Trade s’engage à verser un pourcentage du coût de fabrication de chaque pièce produite à un fonds destiné aux employés des usines ou à leurs représentants. Grâce à Patagonia, ce fonds a déjà permis à des employés de créer et bénéficier d’un centre médical pour eux et leur famille ou encore d’obtenir des bons d’achat pour se procurer des biens de consommation courante. Un geste pour lequel la marque a déjà versé plus de 880 000$ répartis entre différentes usines au Sri Lanka, en Colombie et même aux Etats-Unis, et qui n’est pas répercuté sur le prix final du produit.

13 des 75 usines avec lesquelles travaille Patagonia détiennent désormais ce label Fair Trade et 37% de toute la production de la marque en bénéficie. C’est notamment le cas des gammes boardshorts et bikinis 2017, dôtées malgré tout de solides caractéristiques techniques.
Dave Rastovich, qui a rejoint Patagonia depuis l’an dernier, est l’ambassadeur de cette grande campagne qui devrait rapidement s’étendre à d’autres unités de production et d’autres gammes – dont le néoprène – de la marque.
Il s’est d’ailleurs rendu au Sri Lanka pour aller à la rencontre des employé(e)s d’une usine et découvrir leurs conditions de travail. Il témoigne de leur quotidien, reconnait avoir occulté le sujet pendant de longues années et appelle les différents acteurs de l’industrie à prendre en considération ce facteur social :

« Pendant très longtemps, li y a eu très peu de transparence dans l’industrie textile. Quand on achète un vêtement, on connait rarement les conditions dans lesquelles ils ont été réalisés, sans parler des coûts humains et environnementaux du processus. Au bout de quelques minutes dans l’usine [—] je réalise que la fabrication de vêtements est loin d’être entièrement automatisée, que cela nécessite des gens dotés d’un réel savoir-faire.

Sortant de l’usine à la fin de la journée (de visite, ndt) je regarde le ouvriers rentrer chez [—] sans doute impatients de retrouver leurs familles. Puis je regarde la chemise et le short que je porte sur moi et réalise que, durant ma vie toute entière, j’ai porté des vêtements portés par d’autres personnes sans vraiment y penser une seconde. Maintenant, ma chemise a une histoire.

Mais en réalité, nos vêtements ont toujours eu des histoires, ce n’était juste pas celles qu’on était fiers de raconter. Fair Trade en fait des histoires que l’on doit – et même que l’on veut – écouter et partager ».

 

Who’s Next ?

Une fois de plus, Patagonia a décidé de ne pas la jouer perso. Comme elle l’avait fait pour leur combinaison Yulex, elle appelle maintenante les autres marques à rentrer elles aussi dans le programme et propose de les aider à réaliser les démarches administratives nécessaires. D’autant que de nombreuses usines produisent pour plusieurs marques à la fois.
Certaines commencent d’elles-mêmes à rentrer dans le programme. D’autres semblent encore n’y accorder aucune attention. Elles ne pourront en tout cas pas dire qu’elles ne savent pas que cela existe. Chez Patagonia en tout cas, il n’est plus question de faire marche arrière.

Plus d’infos sur patagonia.com/fair-trade-certified / fairtradeusa.org et dans le prochain numéro de Surf Session.



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