Comme chaque dernière épreuve du circuit qualificatif, le Saquarema Pro s’est conclu dans un crescendo de suspens. Mais la présence de deux Français en dernière journée ont rendu son suivi encore plus passionnant !
Les calculs et la tension étaient sans doute plus important que l’action et les conditions, mais on notera que comme pour la journée d’ouverture, ces samedi et dimanche étaient gros et tempétueux. Il y a eu plusieurs journées de bonnes petites vagues entre temps, mais c’est bien dans les bouillons que s’est joué la qualification.
Marco Mignot a frôlé le CT
En début de compet, on estimait qu’un quart de finale était la barre minimale pour approcher la qualification. Mais quand Marco Mignot arrive en huitièmes, on constate que tous les surfeurs classés entre la 6e et la 13e place ont également progressé jusqu’au man-on-man. Il ne reste que 3 places à prendre pour 7 prétendants. A ce moment là le calcul est clair, Mignot doit arriver en finale pour rentrer dans le top 10 et se qualifier. Le prix du rêve est désormais fixé : 3 séries et il sera sur le CT !
Le challenge reste dantesque car à ce niveau là on ne rencontre que des cadors et des surfeurs en grande forme. Frederico Morais, seul européen assuré de surfer en CT l’an prochain est son adversaire samedi. Marco Mignot prend le contrôle de la série avec une paire de 5 déjà difficiles à trouver dans un line-up compliqué. Le Portugais a sa chance dans les dernières minutes. Il n’a besoin que d’un 6, mais c’est Marco qui en trouve un en plaçant quelques courbes à l’inside. Le rêve continue…
Arrive dimanche et le quart de finale. Un concurrent direct, Michael Rodrigues vient de se faire éliminer. A ce moment il ne reste plus qu’une place à prendre, et elle sera soit pour Deivid Silva qui attend le verdict depuis son élimination, soit pour Mignot qui doit encore gagner deux fois…
L’adversaire s’appelle Sammy Pupo. Il a validé sa qualif la veille en cartonnant un concurrent direct (Kade Matson) avec un total au delà des 17. Impressionnant, mais c’est Marco Mignot qui met le premier gros score un 7,17 sur une gauche exploitée jusqu’au bout. Pupo obtient ensuite un 8,50 avec seulement deux grosses frappes backside puis confirme avec un petit 5,5. Mignot attend alors très patiemment la vague qui lui permettrait de trouver le 6,84 demandé. Quand il s’élance à 2 minutes de la fin et envoie 3 turns plus radicaux les uns que les autres, on se dit qu’il l’a fait. Mais dans une décision qu’on ne peut attribuer qu’à la modeste taille de la vague, les juges n’accordent qu’un cruel 6,33. Marco peut avoir des regrets et aurait même le droit d’être fâché, mais peut surtout être fier de ce qu’il a accompli aujourd’hui avec tant de pression sur les épaules !
Mihimana Braye jusqu’au bout
De l’autre côté du tableau, un autre surfeur français fait des étincelles. Comme Mihimina Braye ne dispute que son 3e CS de l’année, il n’est pas là pour se qualifier mais juste pour gagner. A l’inverse son adversaire en huitièmes, Mateus Herdy, 10e au classement avant Saquarema, validerait son billet pour le CT en gagnant cette série . Le tahitien ne lui fait pas ce cadeau. Il reste actif sur les vagues inside qui sont déjà bien copieuses, notamment cette gauche où il joue un numéro d’équilibre sur la première section qui tombe, puis arrivant un peu tôt pour la deuxième, pousse fort sur son rail pour augmenter l’amplitude de son carve. 6,50 c’est le meilleur score, et même si Herdy reviendra dans la course à la faveur d’une seule manœuvre, c’est bien Braye qui passe !
Mihimina applique avec brio la même formule en quart face à l’autre sensation de cette compétition, Shion Crawford. Il trouve des gauches à deux manoeuvres et sait parfaitement ajuster le rythme et l’angle de ses bottom-turns pour frapper la lèvre avec puissance et précision. Il se fait juste une petite frayeur en laissant une bonne vague à son adversaire, mais le temps s’écoule et Mihi file en demie.
Il y retrouve Crosby Colapito, le petit frère de Griffin déjà assuré de retrouver son ainé sur le CT. Mais à ce moment là, Braye ne se soucie plus de qui il rencontre. Il concentre ses efforts sur le petit bowl qui produit les gauches et les découpe comme des citrouilles pour Halloween. Junior est renvoyé à ses études.
Il reste un petit frère à affronter, celui de la famille Pupo qui comptera aussi deux membres sur le CT l’an prochain. Plus qu’une marche à franchir pour Braye, mais en plus d’avoir sa famille et le public avec lui, Samuel Pupo a encore les dieux du surf dans son camp. Alors que Mihi se concentre sur cette gauche qui lui a tant réussi, Sammy trouve une droite improbable et l’assaisonne de 4 virages bien placés. Le score est excellent et Mihimana ne s’en remettra pas. Il obtient quand même un formidable résultat, le meilleur résultat de sa carrière, tandis que Pupo termine la saison comme il l’a commencé sur la Gold Coast…
A star is born
Dans l’épreuve féminine, la basque Nadia Erostarbe était la seule à pouvoir bousculer le top 5 le dernier jour. Il lui fallait pour cela remporter l’épreuve, mais le suspens prend fin quand elle perd en demie contre le phénomène Erin Brooks. La surfeuse de 16 ans finit le job en s’imposant face à Sophie McCulloch en finale. Elle ne sera pas encore sur le CT l’an prochain, mais l’avertissement est lancé…
Du sang frais sur le CT
Le Brazilian Storm s’apprête-t-il à laisser place à une tempête américaine ? On pourrait le croire en voyant ces additions au circuit, mais il faudra attendre janvier pour en juger.
Les 10 qualifiés (dans l’ordre)
- Cole Houshmand (USA)
- Samuel Pupo (BRA)
- Jacob Willcox (AUS)
- Crosby Colapinto (USA)
- Eli Hanneman (HAW)
- Imaikalani deVault (HAW)
- Frederico Morais (PRT)
- Jake Marshall (USA)
- Kade Matson (USA)
- Deivid Silva (BRA)
Les 5 qualifiées (dans l’ordre)
- India Robinson (AUS)
- Sally Fitzgibbons (AUS)
- Sawyer Lindblad (USA)
- Alyssa Spencer (AUS)
- Isabella Nichols (AUS)
Coté Français, Vahine Fierro (10e), Marco Mignot (14e) et Joan Duru (17e) sont directement qualifiés pour les CS de l’an prochain. Tessa Tyssen (25e), Mihimana Braye (24e), Becret (25e), Kauli Vaast (28e), Jorgann Couzinet (31e) devront passer par les QS, mais ont montré de belles choses cette année. Johanne Defay sera encore notre seule représentante sur le CT l’an prochain, mais avec autant de talent dans nos rangs, cela ne saurait durer !
