Le coup de pression d’Arthur Bourbon

L'hésitation n'est pas de mise à Pipe où les erreurs se paient cher, dans tous les sens du terme...

19/08/2013 par Romain Ferrand

C’était lors d’un de mes premiers voyages à Hawaii. Je me souviens, le Pipe Masters venait de se terminer et les swells s’enchaînaient d’une manière assez hallucinante sur le North Shore. Pendant plusieurs jours les vagues étaient vraiment fat et c’était l’occasion pour moi de découvrir à quoi ressemblait un gros Pipe. Deux jours d’affilée, j’ai tenté de prendre quelques bonnes vagues sur ce spot mythique mais la pression que j’avais entre la taille des vagues, les locaux et les autres mecs qui se battaient pour prendre la bombe de l’hiver, a tout simplement classé ces sessions dans la catégorie “expérience”, pas vraiment une partie de plaisir.

Comme après la tempête, le beau temps finit toujours par arriver, et le matin d’après était comme un matin de noël : un peu plus de 2 mètres parfait, du soleil, pas trop (trop) de monde au line-up et un sourire bloqué jusqu’aux oreilles. J’ai couru à l’eau.

C’était vraiment une bonne session, j’avais pris un paquet de bonnes vagues sur Pipe comme sur Backdoor et le fait d’avoir été à l’eau dans des vagues de 10-12 pieds les jours d’avant me donnait l’impression d’être dans le bain pour enfant. Placé un peu en dessous du pack, j’attendais ma vague lorsque cette intermédiaire est arrivée. Tous trop haut pour prendre cette petite bombe qui ouvrait parfaitement sur Pipe, je me suis retrouvé seul à ramer dessus. Bien décidé à en découdre, j’accélère à la rame et donne tout ce que je peux. Seulement l’offshore du matin me retient et je sens le nose de ma planche commencer à se soulever. Je comprends alors que moi non plus je n’aurai pas cette vague. Elle passe en me fouettant le visage avec sa trainée et me laisse derrière.

C’est exactement le moment où les ennuis ont commencé. En me retournant vers le pic j’aperçois un énorme set et tous les gars en train de ramer vers le large : la messe était dite, j’allais bouffer. Tout en regrettant cet excès de confiance qui m’accompagnait depuis le début de la session, j’essayais de savoir si je devais plutôt ramer vers le large ou vers le bord, histoire de limiter la casse. A force d’hésitation, ramant en rond depuis dix secondes, je finis par prendre la première vague de cette belle série à l’impact zone. J’ai vraiment ramassé et les dix huit tours sous l’eau que j’ai faits m’ont donné l’impression d’y être resté une éternité.

Lorsque j’ai finalement ressorti la tête de l’eau, un peu en panique, la seconde vague du set était à 5 mètres de moi. Juste le temps de prendre une bouffée d’oxygène et de replonger, c’était reparti. Comme je n’avais pas pu plonger très profond je me suis directement fait reprendre par la vague qui m’a projeté contre le reef, le visage en premier. Le choc a vraiment été violent et m’a à moitié mis KO mais heureusement, j’ai vite repris mes esprits et le réflexe de remonter à la surface. J’étais complètement sonné et il y avait beaucoup de sang autour de moi. Je m’étais déjà bien éloigné de la zone d’impact quand j’ai pris le reste de la série sur la tête, j’ai donc pu rejoindre le channel assez rapidement. Un local est arrivé sur moi en panique pour me demander si ça allait et si j’avais besoin d’aide, suivi de Charly (Martin) qui après avoir inspecté ma plaie m’a conseillé de vite sortir de l’eau.

Quelques minutes plus tard j’étais sur la plage avec une demi balle de ping pong fendue en deux sur le front et du sang partout sur la figure. Je suis directement parti à l’hôpital avec Manu Portet, où j’ai passé 4 heures en boardshort pour me faire recoudre. J’ai d’ailleurs reçu une facture de 2500$ à la maison un mois après mon retour ! Morale de l’histoire : être sûr de son coup quand on rame sur la première vague de la série et avoir une bonne assurance voyage…”


Tags:



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*
*