Le coup de pression de Mark Healey

Le big-wave rider hawaiien revient pour nous sur sa plus grosse peur, survenue lors d'une session très, très solide à la rame sur un outer-reef...

04/01/2012 par Romain Ferrand

Réputé pour être un des plus gros chargeurs de la planète ainsi qu’un chasseur sous-marin hors-pair, Mark Healey a tellement d’histoires à raconter qu’il pourrait en faire un bouquin. Mais il y en a une en particulier qui lui est rapidement venue à l’esprit pour le “coup de pression”. Il nous l’a racontée le mois dernier sur la terrasse d’une maison face à Pipeline, après une journée à enchaîner des barrels sur le spot. Magnéto :

« L’une de mes frayeurs les plus mémorables est sans doute cette fois à Himalayas, sur le North Shore. J’avais alors 21 ans. Le swell grossissait à vue d’oeil et avait rapidement atteint les 20 pieds (6 mètres). Mon ami Dave Wassel et moi avions décidé de ramer jusqu’à cet outer-reef, en plein océan. Et là, j’y ai vu les plus grosses vagues de ma vie. C’était juste énorme, et il y avait des vagues tous simplement impossibles à prendre à la rame. C’est devenu de plus en plus gros, on essayait de prendre des vagues, mais on ne voulait pas risquer de se retrouver piégés par un set, parce que là, l’un n’aurait rien pu faire pour l’autre.

Finalement, Wassel s’est retourné et a ramé sur une vague. Je me souviens lui avoir hurlé « Ne fais pas ça, je ne pourrai pas t’aider ! » (rires). J’ai suivi cette vague de dos, puis j’ai vu Wassel ressortir derrière la vague au bout d’un moment, hurlant, avant de se faire avaler de nouveau. Son leash a cassé et il a commencé à nager vers le bord.

Je me suis donc retrouvé là, tout seul au line-up, une heure avant le coucher de soleil, et les vagues étaient de plus en plus grosses. À cause des embruns et du sel dans l’atmosphère, je ne voyais plus mes repères habituels sur la côte. Je me disais « Mon Dieu, je ne pourrais probablement pas survivre si je me fais prendre par une série de cinq vagues comme celle-ci ». C’était énorme. Et le soleil continuait de décliner.

Finalement je me suis retourné et me suis engagé dans une vague. La seule raison pour laquelle j’ai réussi est que je savais que je n’avais pas le choix (rires). J’ai fait un late-drop, et j’ai fini par me retrouver dans le barrel de la vague. Ce n’était pas un des plus gros sets de la journée mais je pense que c’était la plus grosse vague que je n’avais jamais prise à la rame à l’époque. Et j’ai fini par la prendre jusqu’à la plage. Et là j’ai vu cinq vagues sombres de 30 pieds (9 mètres) casser là où j’étais moins d’une minute avant. Ça m’a donné la nausée.

Six mois ou un an plus tard, je suis allé à Jaws pour la première fois, et j’ai vu des gens surfer des vagues énormes. C’était le 11 janvier 2011, un des plus gros swells jamais vus à Jaws. Ils ont mesuré des faces de 70 pieds pour le Billabong XXL. Et je peux dire honnêtement qu’il y avait sur le spot la même taille que la fois où on est allés surfer tous seuls avec Wassel. Mais j’ai enfin pu voir une échelle humaine sur ces vagues et je me suis dit « Oh-oh, on n’aurait même pas dû aller ramer là-bas ! » (rires). C’était vraiment terrifiant. »

Le coup de pression est une rubrique dans laquelle les surfeurs reviennent, autour d’une bière, sur leurs plus grosses peurs. Des histoires de mousse donc, mais pas seulement…

Photo : Mark Healey, Pipeline, décembre 2011 – © Sylvain Cazenave


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