Par Romain Ferrand (février 2012)
Le plus Hawaiien des surfeurs français, c’est lui. Résidant dans l’archipel depuis plus de 25 ans, Michel Larronde a vécu les débuts du surf tracté à Jaws, et pas en tant que spectateur. Et même si c’est son fils Tyler, 25 ans, qui prend aujourd’hui la relève sur le spot, Michel garde en tête de nombreuses anecdotes, comme cette fois où il s’était fait tracté par un hélicoptère pour le tournage de « La Nuit de la Glisse ». Mais à la question « quel est ton plus gros coup de pression », c’est une histoire bien moins fun qui lui vient à l’esprit :
« C’était en 1994, la veille de Thank’s Giving. Je m’en rappelle comme si c’était hier. C’était notre première session à Jaws avec Vincent (Lartizien, ndlr). J’avais fait une planche sans trop savoir où j’allais, je m’étais inspiré un peu de ce qu’avaient Laird (Hamilton, ndlr) et compagnie. Le swell est arrivé, on a sorti le jet ski qu’on étaient venus acheter en ville, et on est partis à Jaws.
Il y avait déjà Laird qui était en train de shooter. On s’est mis à l’eau et on s’est fait un peu ‘viber’ mais pas trop non plus, ça allait. Laird était quand même le meilleur client de mon resto à Maui ! La session ne se passait pas mal, je shootais des vagues avec Vincent qui me tractait en tow. On n’en avait jamais fait avant d’ailleurs.
J’avais donc pris cinq ou six vagues, ça se passait nickel, quand à un moment on en a pris une de taille moyenne qui ne le faisait pas.
J’ai dit à Vincent ?non, non, sors ! Repars dans le channel !?. Lui continuait et me disait ?Mais non c’est bon, c’est bon !?. Je lui ai alors répondu ?non? et j’ai lâché la corde. La vague était nulle donc je m’en suis éjecté, et là, derrière, il y en avait une énorme de près de 20 pieds qui arrivait.
Du coup Vincent est revenu pour me chercher. A l’époque on avait le leash en plus, et pas de sled (le ?bodyboard? à l’arrière du jet-ski, ndlr) ! Il est donc passé à côté de moi tout doucement. Il fallait que je remonte sur le jet ski, que je récupère la planche et que j’enlève le leash alors que la vague était là en train de lever. Vincent est arrivé, je l’ai regardé, j’ai pas bougé et je l’ai laissé passer. Je revois encore sa tronche, il était là : ?Mais qu’est-ce que tu fais !??. J’ai commencé à ramer et à monter avec la vague, puis j’ai fait un canard. Je suis ressorti en passant à travers, mais je suis reparti entraîné par la vague avec la tête en dehors de l’eau. J’ai bien pris ma respiration, je me suis protégé et ?Bim !?, j’ai pénétré l’eau bien profond et je me suis bien fait secouer. Je suis resté longtemps et comme je n’avais pas de gilet de sauvetage, je me suis fait rosser comme pas permis. Je suis remonté juste avant l’autre, j’ai à peine eu le temps de reprendre ma respiration et c’était reparti.
Ensuite, j’en ai repris encore une troisième sur la gueule, je n’avais plus de planche parce que mon leash avait pété dès la première vague. Marc Angulo est alors arrivé pour me chercher. Il est passé à côté et il m’a raté, du coup j’ai attrapé la corde de tow qui trainait derrière. Il a accéléré, j’avais la tête hors de l’eau et j’ai pris tout le truc du jet dans la gueule. Ça m’a rempli la tête d’eau, j’étais épuisé.
Je me suis mis un sacré coup de flippe ce jour là. Je pensais vraiment que c’était fini. Du coup on a eu le droit à une petite convocation de Laird après ça. Six ans plus tard, quand le gilet est arrivé, tu pouvais te mettre dans les tubes qui fermaient, tu faisais le tour et c’était comme si tu tombais dans un coussin, comme sur un canapé, c’était génial ! »
>> Toujours disponible : « Coup de pression : le livre », avec les histoires exclusives de Kelly Slater, Laird Hamilton, Jérémy Flores, Miky Picon…
Photo : Michel Larronde, North Shore, Hawaii, décembre 2011 – © Sylvain Cazenave
Bonsoir,
à quand le coup de pression de laurie towner,shane dorian,mark mathews?keep up the good work!