Si les
cinéphiles avaient noté la date dans leur agenda depuis un long moment, de notre côté, nous ne l’avions notée que parce qu’un
Français était en lice pour remporter un
Emmy Award. Et
Laurent Pujol a fait bien plus qu’être juste nominé, puisqu’il a gagné.
La France et l’Europe à l’honneur
Dans un Microsoft Theater bondé, Laurent Pujol a fait briller la France, l’Europe et le surf puisque son documentaire (déjà bien connu des fans de surf) n’est autre que celui sur Garrett McNamara à Nazaré.
Un documentaire qui, on le rappelle, a terminé sur HBO, une chaîne de télévision payante américaine (propriété du groupe Warner Bros. Discovery) qui a déjà produit et diffusé des séries comme Game of Thrones, Oz ou encore Sex and the City.
Avec « 100 Foot Wave », (comprendre la vague des 100 pieds), HBO a souhaité revenir à travers une série de 6 épisodes, sur la longue quête initiatique de Garrett McNamara qui, après s’être rendu à Nazaré dans l’espoir de conquérir une vague de 30 mètres, a poussé cette discipline vers des sommets que l’on pensait inatteignable. Car c’est bien lui, ce chargeur hawaïen de 53 ans qui, aux côtés des habitants de Nazaré, a transformé dès 2011 ce petit village de pêcheurs en destination incontournable du surf de gros.
« Un jour, un local du coin m’a envoyé un message pour que je vienne voir si la vague était bien ou pas. L’image que j’avais de Nazaré à l’époque était juste un petit village d’une dizaine de maisons pas plus. Je voulais explorer un nouveau territoire car il n’y a pas si souvent que ça du gros surf à Hawaï ».
Le 11 novembre 2011, l’Hawaïen, alors âgé de 44 ans surfe une vague de 23,77m. Une vague mesurée par l’institut hydrographique portugais et qui allait le soir même, faire le tour de tous les JT de 20h du monde entier. En janvier 2013, lancé par Andrew Cotton au jet-ski, Garrett McNamara battra son propre record avec une vague cette fois-ci estimée à plus de 30 mètres. Record qui ne manquera pas de créer une controverse. Sa planche de 6′ et de 10 kg lui permettra de prendre l’une des vagues de sa vie. « J’ai vu des grosses vagues à Jaws et à Mavericks. Mais je n’ai jamais vu de vagues plus grosses qu’ici à Nazaré ».
La suite, tout le monde la connaît et c’est cette histoire qu’a souhaité raconter HBO. Celle d’un homme qui a voué toute sa vie à la quête de cette fameuse vague de 100 pieds.
Qui mieux placé que le Français Laurent Pujol pour documenter ça ?
En compagnie de Mike Prickett, le Biterrois est devenu le directeur de la photographie, autrement dit, l’un des boss de cette série à succès.
En même temps, Laurent comme Mike, ont consacré leur vie à la photographie océanographique tout en vivant dans des endroits très différents. Si Mike Prickett a filmé ce projet depuis la terre essentiellement, Laurent Pujol lui, était responsable des plans en mer.
Le célèbre cadreur fut l’auteur en effet de tous les shots aquatiques de cette série documentaire, lui qui a bossé dessus pendant plus de 2 ans maintenant. Ce natif de Béziers, ancien free surfeur, personnage respecté à Hawaii et expert désormais du cadrage aquatique, s’est attelé depuis plusieurs saisons déjà, à rendre sa grandeur à Nazaré, grâce à des images en haute-définition capturées depuis le line-up, sur un jet-ski.
Les Français Alex Lesbats, Vincent Kardasik, Antoine Chicoye et Michael Darrigade ont eux aussi apporter leur patte à la série.
« L’océan est roi, c’est lui qui décide quand c’est bon et juste. Nous, nous devons juste être là presque toute la journée et attendre » avait expliqué Laurent Pujol à des médias américains au moment de sa nomination.
Pendant que Laurent était à l’eau, Mike Prickett lui, était installé dans le même temps sur la terre ferme afin de capturer des détails plus panoramiques. « Nous avions des personnes postées sur la falaise, puis d’autres sur la plage qui se préparaient à des scénarios de sauvetage. Moi, je m’occupais des longues focales. Nous avions environ 12 caméras sur ce projet, allant d’une RED Monstro à des GoPros en passant par des Z Cams ou encore des cardans sur les jet-skis ».
« C’était vraiment difficile d’être partout », poursuit Prickett, « mais aujourd’hui, vous pouvez tourner toute la journée. J’ai commencé à tourner en 1979, quand nous filmions en Super 16 et 35 mm. Si vous tourniez à grande vitesse, à 100 images par seconde, vous ne filmiez pas très longtemps. Vous deviez changer vos chargeurs et c’était la folie. Aujourd’hui, les gens ont des cartes de 1 téraoctet ou autre et peuvent filmer toutes les vagues qui passent dans la journée. Ça a complètement changé la donne. »