C’est avec tristesse que avons appris la mort de Albert « Rabbit » Kekai. A l’âge de 95 ans, la légende hawaïenne s’est éteinte au Leahi Hospital sur son ile natale d’Oahu.
Né en 1920 à Honolulu sur les bords du Pacifique, Kekai était déjà capable de surfer seul à l’âge de 5 ans. Une habileté naturelle qui fait vite de lui un athlète remarquable, et lui permet de tisser des liens avec Duke Kahanamoku, qui jouera un rôle de mentor pour le jeune Rabbit. Un surnom qui d’ailleurs, viendrait du fait qu’il était aussi un excellent coureur, même si on entend également que c’était du à son franc succès auprès de la gent féminine. Après le lycée et malgré une scolarité excellente, la poursuite d’études ne l’intéresse pas et Kekai choisit plutôt le travail, préférant gagner sa vie en enchainant les jobs maritimes… et surfer.
Au milieu des années 30, il change la donne du surf en étant l’un des pionniers du hot-dogging, des manoeuvres innovantes exécutées sur des planches plus courtes, comme les cut-backs, bottom-turns grabbés et les nose-rindings. Des figures qui inspireront par la suite d’autres grands noms du surf : Phil Edwards, Donald Takayama, Miki Dora…Soldat d’élite pendant la Seconde Guerre mondiale, Kekai sert 3 années dans l’Underwater Demolition Team — ancêtre des Navy Seals — pour reprendre aux Japonais la Micronésie. Basé à Waikiki sur le North Shore, il continue de surfer presque tous les soirs, une fois ses tâches quotidiennes effectuées. Après-guerre, il travaille dans le bâtiment et comme docker à Honolulu.
Si au cours de sa vie Rabbit laisse une empreinte indélébile à travers une approche ultra innovante [pour l’époque] de la discipline, il collectionne également de nombreuses victoires en compétition, comme les championnats internationaux de Makaha et du Pérou. Jusqu’à récemment, il officiait aussi comme beach marshall de la Triple Crown. Avec justesse, Rabbit déclarait : “Quand tu es stressé ou ennuyé, tu n’as qu’à te mettre à l’eau et tous tes soucis s’en vont, tu es libre, tu reviens avec un esprit pur”, une phrase qui mettra d’accord tous les surfeurs de la planète.
Mordu depuis la première heure, Rabbit surfait encore après 80 ans (!). Il aura dédié, jusqu’au bout, sa vie au surf et à l’Aloha Spirit.