"Des impacts déjà irréversibles" : ce qu’il faut retenir du nouveau rapport du GIEC
Publié ce lundi, ce 2e volet affirme que la moitié de la population mondiale est d'ores et déjà "très vulnérable" aux impacts cruels et croissants du changement climatique.
28/02/2022 par Marc-Antoine Guet
Difficile de regarder autre chose que ce qui se passe en Ukraine en ce moment. Et pourtant.
Les scientifiques du GIEC ont publié ce lundi le deuxième volet de leur sixième rapport. Un travail colossal, qui englobe des années de travaux de recherche sur les effets du réchauffement de la planète et la façon dont l’homme et le vivant peuvent s’y adapter. Le résumé pour les décideurs vient d’être validé mot par mot par 195 Etats à l’issue de quinze jours de négociations intenses et à huis clos.
Plus de 34 000 articles scientifiques sont référencés dans le rapport et un constat : ce 2e volet est encore plus sec que prévu.
Changement climatique: une menace pour le bien-être de l’humanité et la santé de la planète.
Il est possible, en agissant maintenant, de préserver notre avenir#GIEC
Après la sortie en août 2021 d’une première partie consacrée à graver dans le marbre un état des lieux reconnu de tous sur l’augmentation des températures et de la responsabilité humaine, ce nouveau rapport aborde les effets du changement climatique sur les sociétés humaines et les écosystèmes, ainsi que les moyens de s’y adapter.
Un monde peu préparé aux conséquences massives et dramatiques de la crise climatique
« Ce rapport est un terrible avertissement sur les conséquences de l’inaction », a averti Hoesung Lee, le président du GIEC, dans un communiqué. « Il montre que le changement climatique est une menace grave et croissante pour notre bien-être et la santé de cette planète. Nos actions aujourd’hui détermineront comment l’humanité et la nature s’adapteront aux risques climatiques croissants. »
Le problème selon les experts, c’est que les moyens mis en œuvre pour se prémunir des famines, canicules, inondations, incendies et exodesforcés à répétition générés par la crise climatique, « sont dérisoires par rapport à l’ampleur de la menace ».
Selon le GIEC, il y a urgence à mettre en place des digues massives contre les émissions de gaz à effet de serre et la hausse des températures. « L’abdication » des dirigeants mondiaux est « criminelle », aurait déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, soulignant la « souffrance humaine » face à cette catatrophe qui arrive. « Perdre du temps, c’est périr », a-t-il lancé, alors qu’au rythme actuel « les émissions de CO2 vont continuer d’augmenter de près de 14 % » en 10 ans. 14%, c’est aussi le pourcentage d’espèces terrestres menacées d’extinction.
Tout « retard supplémentaire » dans la lutte contre le changement climatique laissera filer la maigre chance d’assurer à l’humanité un « avenir vivable », alors que la moitié de la population mondiale subit déjà la dégradation du climat.
Un milliard de personnes concernées par la montée des eaux
C’est l’autre chiffre qui fait peur dans ce rapport.
Environ un milliard de personnes pourraient vivre d’ici 2050 dans des zones côtières menacées par la montée des eaux et les épisodes de submersions marines lors des tempêtes. Et ceci, même si le monde adopte les mesures de limitation des émissions de gaz à effet de serre les plus ambitieuses.
C’est ce que prévoient les scientifiques du GIEC. Quel que soit le rythme des émissions de gaz à effet de serre, un milliard de personnes pourraient vivre d’ici à 2050 dans des zones côtières à risque, alors que la hausse du niveau de la mer renforce l’impact des tempêtes et des submersions marines. La population exposée au risque d’inondations marines va doubler si l’océan s’élève de 75 cm, un chiffre largement compatible avec les projections pour 2100. Aujourd’hui, environ 900 millions de personnes vivent à moins de 10 m au-dessus du niveau la mer.
La situation va s’aggraver
« L’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a eu des impacts irréversibles, poussant les systèmes humains et naturels au-delà de leur limite d’adaptation » peut-on lire dans ce rapport. « Dans toutes les régions, les événements de chaleur extrême ont provoqué des morts » peut-on aussi lire avant cette phrase alarmante : « L’étendue et la magnitude des impacts du changement climatique sont plus importantes qu’estimées dans les précédents rapports« .
Delphine Deryng, chercheuse à l’université de Humboldt (Berlin) et autrice du rapport à quant à elle déclarée aujourd’hui que « les aléas climatiques réduisent la production agricole quand le CO2 stimule lui la photosynthèse mais réduit la qualité nutritive des cultures ».
Le rapport laisse sous-entendre également qu’à plus court terme, certaines régions pourraient être frappées par de multiples catastrophes et ce de manière simultanée (sécheresse, canicule, cyclone, incendies, inondations) entraînant des catastrophe en cascade.
Un troisième volet, consacré cette fois aux moyens de limiter ce réchauffement, sera publié début avril.
La menace vient d'un pétrolier vénézuélien inactif qui prendrait l'eau et menacerait de déverser 1,3 million de barils de pétrole près des côtes de Trinidad et Tobago.