Hawaii avertit qu’elle poursuivra les personnes qui harcèlent la faune sauvage sur les réseaux sociaux

Tout est parti d'une vidéo virale d'une touriste réveillant un phoque moine. Cette dernière a suscité l'indignation de la communauté et des autorités.

22/07/2021 par Marc-Antoine Guet

Et dire qu’en 2021, il est encore important de rappeler qu’il ne faut pas déranger la faune sauvage, encore moins quand il s’agit seulement de satisfaire son égo sur les réseaux sociaux…
Tout est parti d’une vidéo TikTok d’une touriste dérangeant un phoque moine hawaïen endormi à Kauai. Un post vite devenu viral qui a suscité de vives réactions sitôt sa parution. 

« Nous avons été indignés de voir le comportement de cette personne. De toute évidence, il s’agit d’un délit fédéral », a déclaré Kalani Ka’ana’ana, responsable de la Hawaii Tourism Authority. De son côté, la National Oceanic and Atmospheric Administration a déclaré qu’elle allait enquêter sur l’incident.
Le procureur du comté de Kauai, Justin Kollar, a déclaré de son côté à nos confrères d’ABC7 « qu’harceler un phoque moine de la manière décrite dans cette vidéo est un crime de classe C en vertu de la loi d’Hawaï. Un crime passible de cinq ans de prison et d’une amende de 10 000 dollars. Nous avons contacté nos partenaires fédéraux de la NOAA ainsi que nos partenaires d’État du DOCARE, et l’affaire fait toujours l’objet d’une enquête ».
Comme souvent et comme dans beaucoup de domaines, l’Etat d’Hawaii se montre précurseur quand il s’agit d’évoluer dans le bon sens. Si l’archipel fut le premier à interdir notamment certaines crèmes solaires jugées trop polluantes et agressives pour les coraux, voilà qu’il vient de mettre en garde cette semaine quiconque souhaiterait encore s’amuser à poster sur ses réseaux sociaux, des images de soi en train de s’amuser à déranger la faune locale. Les autorités ont aussi fait savoir qu’elles utiliseront spécifiquement ces réseaux sociaux pour traquer et poursuivre en justice toute personne harcelant les animaux sauvages de l’archipel.

Le ras-le-bol des locaux
De nombreux locaux disent en avoir assez de ce genre de comportement qu’ils considèrent comme des actes d’irrespect, et ce, alors que les îles accueillent plus de 30 000 voyageurs par jour en moyenne. Car si la grande majorité des visiteurs sont plutôt respectueux des zones protégées et de la faune, certaines personnes, la plupart du temps étrangères à l’archipel, ne comprennent toujours pas le message.

En ce qui concerne la violation de la législation sur les phoques moines, Stefanie Gutierrez, porte-parole du bureau régional de la NOAA pour les îles du Pacifique, a envoyé cette déclaration aux journalistes du site d’information KITV-4 : « Nous sommes au courant de la vidéo. Nous l’avons transmise au bureau de l’application de la loi de la NOAA Fisheries. L’OLE enquête activement sur l’incident ». 
Les phoques moines hawaïens sont protégés par la loi fédérale sur les espèces menacées d’extinction mais aussi par la loi sur la protection des mammifères marins, ainsi que par le Hawaii Revised Statute 195D. On estime qu’il n’y en a plus qu’environ 1 400 en vie aujourd’hui. Les autorités hawaïennes ont fait savoir que « toute action visant à harceler, nuire, poursuivre, capturer, blesser ou tuer ces animaux peut être sanctionnée par une amende ou une peine de prison ».
Les autorités ont également fait savoir qu’il était possible d’observer les phoques moines protégés mais de manière responsable. C’est à dire, en restant à une distance sûre et respectueuse de 15 mètres des phoques. 150 mètres quand il s’agit d’une mère et son petit. Il est aussi demandé aux personnes désirant les observer de rester derrière les barrières ou les panneaux quand ces derniers sont installés. 

L’archipel a déjà mis en place des campagnes de prévention et de sensibilisation 
Pour information, la Hawaii Tourism Authority et le Department of Land and Natural Resources mènent depuis plusieurs années déjà, des campagnes d’éducation permanentes, notamment par le biais de dépliants, de panneaux, de publicités et de vidéos, afin d’inciter les touristes à ne pas s’immiscer dans la vie animale et à ne pas toucher les animaux sauvages.
Un autre incident avait déjà eu lieu il y a quelques semaines
En 2019, la HTA (Hawaii Tourism Authority) et le DLNR (Department of Land and Natural Resources) ont publié une série de messages d’intérêt public. Le porte-parole de la DLNR, Dan Dennison, a déclaré à l’époque que les vidéos de prévention étaient proposées sur les systèmes de divertissement en vol des compagnies aériennes et sur les systèmes de télévision en circuit fermé des hôtels dans environ 35 000 chambres d’hôtel de l’archipel. 
Le problème, selon Ka’ana’ana, est que les voyageurs ne sont pas obligés de regarder ces messages d’intérêt public. « Bien qu’ils soient disponibles, à moins de les chercher, vous ne saurez pas qu’ils sont là » peut-on apprendre sur le site d’ABC7. 
« Peut-être que regarder une vidéo n’est pas suffisant », a déclaré de son côté la sénatrice d’État Bennette Misalucha, vice-présidente de la commission de l’énergie, du développement économique et du tourisme. Elle a récemment soutenu une résolution du Sénat visant à obliger les voyageurs à signer un document officiel reconnaissant certaines règles.

« Je veux demander aux touristes de s’engager. Et cet engagement leur permettra de respecter nos valeurs culturelles tout en s’assurant qu’ils sont conscients de la fragilité de notre environnement », a-t-elle précisé.
Selon les informations du site ABC7, la résolution du Sénat n’a pas été adoptée par la Chambre des représentants mais les journalistes estiment que la dernière violation des règles relatives à la faune sauvage pourrait susciter un regain d’intérêt.

         


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