Depuis de nombreuses années, deux bateaux ratissent les baïnes des plages landaises à l’aide de leurs sennes, ces grands filets rectangulaires utilisés pour encercler un maximum de poissons. Ici un seul objectif : les bancs de bars évoluant à quelques mètres du bord, parfois en très grandes quantités. Bien renseignés et capables de rappliquer en quelques minutes quand un banc est repéré, ces “senneurs” provoquent le mécontentement de nombreux pêcheurs amateurs, mais aussi des surfeurs landais, qui voient parfois leur session gâchée par l’arrivée de ces bateaux.
La pratique, pourtant illicite, continue d’être perpétrée, mais un homme a voulu faire changer les choses. Philippe Garcia, surfeur de Seignosse depuis les années 80 et passionné de pêche récréative depuis son enfance, a décidé il y a 6 ans de lutter contre cette pêche qu’il considère comme abusive et génératrice de nombreux conflits.
“Le temps m’a convaincu qu’il n’y avait rien à attendre des autorités qui cautionnent ces activités et j’attends qu’enfin les fédérations de pêcheurs se saisissent du problème qui fait pleinement partie de leurs missions et s’en accaparent pour le faire aboutir”, explique Philippe, qui a d’abord essayé de passer par les autorités compétentes, en vain. C’est après un incident, fin juillet 2015, qu’il s’est décidé à passer à la vitesse supérieure : “un bateau de plaisance encerclé par un des 2 bateaux n’a pas eu le temps de s’échapper, son hélice a été piégée, il a fallu couper le filet et ça a donné lieu à une situation étonnante sur l’eau. J’y ai assisté, depuis le bord. Le pêcheur plaisancier a été forcé de rentrer au port et sous la menace, il a dû rembourser la totalité du filet qui aurait dû être réparé avec un simple noeud. Or dans cette affaire, c’est bien le professionnel qui aurait dû secourir le plaisancier puis s’excuser”, Philippe poursuit, “J’ai mis en ligne la pétition — que je n’avais absolument pas préparée ni même imaginée — quelques heures après.”
Les surfeurs, “victimes” de cette pêche
Principaux usagers à proximité des baïnes, les surfeurs font aussi parti des victimes collatérales de cette pratique. Philippe en est le témoin régulier : “je m’y suis trouvé moi-même 2 fois en plein milieu. C’est très impressionnant : ce bateau de 10 m de long, 8 tonnes et 235 CV qui vous passe sous le nez et tend ses ralingues en vous sommant de dégager.”
Unanimement conspués et sifflés dès leur arrivée au line-up, les deux bateaux et leurs intentions sont connues de beaucoup mais les surfeurs sont parfois amenés à sortir de l’eau, impuissants face à la technique bien rodée des senneurs. Face à une majorité de surfeurs écoeurés par cette pratique, une poignée d’individus pourraient en revanche jouer un rôle important dans la traque des bancs de bars : “ils bénéficient (les senneurs, ndlr) régulièrement d’indications en temps réel de la part de quelques surfeurs qui jouent les indicateurs ”. Philippe poursuit, “celui qui repère les chasses autour de lui prend une vague, sort, envoie un SMS «elles sont au penon !» et voilà le bateau qui déboule à 25 noeuds ! Le soir, il suffira à l’indicateur d’aller chercher du bar frais…”
De l’or en “bar”
Il n’est pas rare que cette pêche, diablement efficace, permette aux deux bateaux de remonter 200 à 300 kilos de bars sur une seule sortie, jusqu’à une tonne parfois. Avec les témoignages d’observateurs répartis sur le côte, Philippe parvient a estimer les prises : “je pense qu’un des deux bateaux — nous ne citerons pas son nom ici — a pris au moins 10 tonnes de bars à 25-30 euros le kilo en moyenne. Soit un chiffre d’affaires de 250 à 300 000 euros, en deux mois, rien que sur le bar.
Un désastre pour les baïnes
Tout un écosystème propre à la baïne est régulièrement perturbé par ces intrusions bruyantes et répétées : les baïnes, en plus de façonner les bancs de sable sur lesquels nous surfons, sont des Zones de Nourricerie à Bars (ZNB). Des bars juvéniles hélas pas épargnés par les mailles des filets selon Philippe, souvent témoin de remontées de filets avec des bars bien en-deçà des tailles réglementaires.
En plus d’amener de nombreux amateurs à abandonner leur passion si rien n’était fait, l’avenir du Golfe de Gascogne, déjà surexploité depuis 30 ans pourrait suivre l’exemple de la zone Nord (au nord du 48ème parallèle = pointe du Raz) où le bar est en voie officielle d’extinction. Mais Philippe reste optimiste : “ici, il n’y a que 2 bateaux, non soutenus par la profession (très jalousés en particulier) et quand le poids du public augmentera enfin, les autorités ne pourront pas mécontenter tant de personnes qui ne font que réclamer l’application des lois existantes.” Un soulèvement possible grâce à la pétition qu’il a crée, et qui cumule déjà pas moins de 3000 signatures.
Philippe Garcia souhaite désormais récolter les vidéos et photos prises par les surfeurs, pêcheurs ou passants, lors de ces pêches illicites, afin de les remettre, en même temps que la pétition, à la Commission Pêche de l’Union Européenne.
Pour en savoir plus et signer la pétition “Stop aux massacres des bars par les senneurs”
Si vous possédez des vidéos/photos, vous pouvez les remettre sur la page Facebook de Philippe Garcia ou les transmettre directement à : maigre42@gmail.com.
En même on entend de fermeture et d’un quota d’une prise par jour pour la pêche du bar mais seulement pour les amateurs … Si d’un autre on laisse faire n’importe quoi, oui ça peut finir au fusil !!
Le Chipiron II de Capbreton, ça se resserre autour de ta mouille !!
si on arrêté de vendre le poisson trop cher et de le jeter à la poubelle qu’en il est invendu à la fin de la journée ce que font les magasins il y aurait moins de pêche excessive c’est sur….
les mandrins père et fils présentés comme des héros dans thalassa par pernoux et sa bande il y a qques années !! il y a aussi le dénommé »toto » avec son bateau le christina qui sévi depuis longtemps d’arcachon jusqu a maumusson . combien sont ils a pratiquer ce braconnage »legal » ?
pour le respect des lois en vigueur et la sauvegarde du bar.
Super,
j’espère que ca va bouger, je suis plaisancier en Bretagne nord, et malheureusement, tu cites « lexemple de la zone Nord (au nord du 48ème parallèle = pointe du Raz) où le bar est en voie officielle dextinction », ne les empêche pas d’être jusqu’aujourd’hui encore, avec ces mêmes bateaux à ratisser toutes les frayères connues. On pensait ce problème réglé, mais non, absolument pas! que se passerait-il si un plaisancier était pris aujourd’hui avec du bar à bord de son bateau? quelles sont les règles actuellement?
un coup de fusil…