C’était il y a à peine 10 mois, en novembre 2016. Tous les journaux locaux titraient : « Trestles sauvé ». La Surfrider foundation, ainsi qu’un groupe d’activistes, célébraient un accord avec l’agence de transport Corridor qui décidait de stopper tout plan de construction d’une route à péage. Cette dernière, très controversée (tout comme le projet d’usine de dessalement à Huntington), devait traverser le Parc National Californien de San Clemente mais surtout, transiter par le bassin hydraulique qui nourrit Trestles et les plages de San Onofre. Mais ça, c’était avant…
Depuis fin juillet, renversement de situation et changement de programme. La ville de San Clemente, avec le soutien de lobbying, a déposé en justice des poursuites visant à contrecarrer cet accord de protection datant de novembre 2016. Pour la simple et bonne raison selon eux, « qu’il n’y a pas eu de référendum local et surtout qu’il n’y a pas eu d’évaluation environnementale concernant la décision initiale ».
Il est clair que l’argent est la raison principale de ce changement de cap. Selon une étude menée par l’agence de transport Corridor en 2011, ce péage permettrait de gagner 17,7 millions de dollars par an. Mais la somme reviendra essentiellement à l’Etat ainsi qu’à une entreprise privé et seulement une toute petite partie devrait atterrir dans la trésorerie de San Clemente.
Si cette route venait à être construite, tous les abords du spot de Trestles, aujourd’hui situé dans une zone protégée et seulement accessible à pieds, seraient bouleversés. Un projet inquiétant alors que le surf reste la plus grande industrie de la région. En 2012, Chad Nelsen, actuel CEO de Surfrider foundation, a publié une étude démontrant que la vague de Trestles générait entre 8 et 13 millions de dollars par an pour la municipalité de San Clemente. « Les vagues à Trestles attirent des surfeurs de toute la Californie du sud qui contribuent à l’économie locale de San Clemente en dépensant leur argent ici« .
Héros local, le surfeur de gros Greg Long s’inquiète lui aussi du projet : » Je suis très perplexe vis à vis de la ville de San Clemente concernant leur décision de déposer un recours, susceptible de renverser l’accord mis en place par la Surfrider Foundation. L’accord actuel protège le bassin hydraulique de la région. Un bassin pour lequel la majorité de la population locale se bat depuis 15 ans maintenant« .
Jordy Smith, Filipe Toledo, Kolohe Andino… Les surfeurs pro de classe mondiale sont nombreux à vivre dans le secteur, dans le seul but de se rapprocher des vagues de Trestles. Avec le début du Hurley Pro dans quelques jours (à partir du 6 septembre) et donc l’arrivée sur place des surfeurs les plus influents de la planète, la communauté locale espère bien se faire entendre.
Photo à la une : WSL / Sean Rowland