Quel engagement écologique pour les marques de surf ?

Selon Stéphane Robin de l'agence GreenroomVoice, ça avance, mais des progrès restent à faire.

29/06/2019 par Olivier Servaire

Dans le Surf Session spécial matos actuellement en kiosque, on s’est demandé si les marques de surf nous proposaient assez d’alternatives valables pour limiter notre impact sur l’environnement, et avons constaté que l’offre de planches, combis, et vêtements éco-responsables s’étoffaient chaque année. Pour aller plus loin sur le sujet, nous avons demandé l’avis d’un expert…

Stéphane
Robin, est photojournaliste de surf, mais aussi co-fondateur de GreenroomVoice,
agence spécialisée dans la communication des performances environnementales
appliquée au textile et aux articles de sport. On lui a demandé comment il
voyait l’engagement écologique des marques de surf, et pourquoi il avait plus
de client dans l’industrie outdoor…

Chaque année certaines marques de surf sortent des produits
plus éco-friendly
, mais ça ne représente pas encore assez de volume pour avoir
un impact vraiment significatif. Pourquoi ça n’évolue pas plus d’une année
sur l’autre ? Parce que ce n’est pas une réelle nécessité dans l’industrie. Malgré
la prise de conscience collective que l’on commence à observer, les plus
grosses marques de surf restent australiennes et américaines, des pays où l’on
n’a pas la même vision de l’environnement qu’en Europe. Elles n’ont pas de
raisons d’évoluer vers des méthodes qui impliquent des changements à plusieurs
niveaux et des investissements financiers conséquents puisque ça marche très
bien ainsi. 

Devenir une marque éco-responsable ne se fait pas à
moitié, et c’est bien là le problème. Produire des boardshorts à base de PET
recyclé
, c’est juste un début. La vraie mutation suppose de changer en
profondeur
ses choix de matériaux, de design, ses fournisseurs, et d’aller jusqu’à
la fin de vie du produit. Pour une marque, le simple fait de connaître à 100% sa chaîne d’approvisionnement est une vraie réussite.

Vous ne le savez
peut-être pas mais beaucoup de vos marques de surf préférées appartiennent aux
mêmes groupes. Dans ce cas, le virage vers une production plus responsable
devient encore plus compliqué, par contre, quand il y a une vraie volonté des
dirigeants
, l’impact est aussi beaucoup plus important. Dans l’outdoor le
mouvement vient souvent d’en haut, et en plus, de nombreuses marques sont
encore privées ce qui leur laisse plus de marge de manœuvre. 


Dans l’outdoor l’aspect technique des vêtements est très
important, la clientèle est aussi plus exigeante sur la fabrication des
produits. De plus, elle se situe principalement dans les pays du nord de
l’Europe où la conscience environnementale est plus développée. Dans le surf,
on manque de vision, chacun affiche sa petite étiquette, mais il faudrait une adhésion
plus large aux labels environnementaux
, et plus d’évaluation indépendante pour
que le consommateur sache vraiment de quoi il retourne. Dans le textile c’est
tout à fait possible de faire mieux, par exemple de commencer à interroger la
transparence des fournisseurs.

Pour le surfeur français qui veut changer sa manière de
consommer
, il y a des marques intéressantes, il faut juste regarder un peu plus
loin que l’étiquette
. Pour la partie technique, il existe des combinaisons plus
écolos que les autres, sachant que le néoprène reste une matière
compliquée
, non recyclable, le choix est
compliqué. Aujourd’hui, les combinaisons éco-conçues commencent à rivaliser
avec les meilleures en terme d’élasticité et de confort mais le prix est
souvent le facteur déterminant, sachant qu’une combi plus souple, c’est aussi
moins de néoprène, donc une usure accélérée.

Au niveau des planches de surf, le
marché continue à aller vers des produits plus écologiques comme l’époxy bio-sourcée
et les pains en mousse recyclés
. Un des leaders du marché dans la résine époxy
est français, il s’agit de l’entreprise Sicomin qui fournit de plus en plus
d’industriels dans le surf mais aussi pas mal de shapers avec une résine époxy
bio-sourcée à plus de 53%. Sicomin travaille notamment avec Notox à Anglet qui affiche
un niveau d’engagement et de R&D particulièrement intéressant, une vraie
réussite française, qui propose notamment une gamme de planche en liège pour
tous les niveaux.
  

Dans le textile, Picture Organic est la marque française qui
a mis le développent durable au centre de ses collections, la marque de Kelly
Slater Outerknown affiche également une vraie volonté en terme d’engagement
environnemental, les anglais de Finisterre se positionnent clairement dans une
démarche durable notamment au niveau de l’utilisation de la laine. Vissla
commence à faire des choix des matières intéressants et il y a aussi de
nombreuses petites marques qui se développent localement en mettant
l’environnement au cœur de leur préoccupations, et c’est plutôt bon signe.

Retrouvez le dossier VERS UNE INDUSTRIE DU SURF TOUJOURS PLUS VERTE ? dans notre numéro annuel uniquement dédié au matos, en kiosque actuellement.

Photo de haut de page ©Bleed/Greenroomvoice      

     



1 commentaire

  • Vincentlgs
    24 juillet 2019 9h39

    Merci pour cet article et pour mettre en lumière cette thématique. Avec mon ami Pierre nous avons lancé l’année dernière LA GREEN SESSION avec l’ambition de développer le concept de la glisse éco-responsable. Notre mission est de mettre en lumière toutes les bonnes initiatives en la matière et d’apporter des pistes de solutions aux riders qui veulent consommer moins et mieux. D’ailleurs pour ceux que ça intéresse, on a rédigé un top 50 des marques de glisse éco-responsables. L’objectif étant justement de donner un peu de visibilité aux marques plus confidentielles qui œuvrent au quotidien pour mettre en place une démarche plus écologique. Désolé si ce commentaire fait un peu « pub » mais je ne pouvais pas passer à coté de cet article qui est en plein dans notre thématique 🙂

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