Le Ranch attaque l'État de Californie après que ce dernier lui ait imposé de rendre son accès public d'ici 2022.
22/01/2020 par Rédaction Surf Session
Nous vous le présentions comme le secret le mieux gardé de toute la Californie et l’un des oasis de surf les mieux protégés de cette planète.
Le Hollister Ranch est une exploitation bovine située au nord de Santa Barbara. Une centaine de propriétaires s’y partage plus de 5000 hectares de terrains privés ayant un accès direct à la côte. Un petit paradis long de 13km qui abrite certains des meilleurs spots de surf de la région. Mais cabanes de plages et barrières surveillées y restreignent fortement l’accès au public.
Suite à un accord entre l’État de Californie et l’association de propriétairesen 2018, le constat était le suivant : « auront accès à cette zone de surf uniquement les propriétaires des lieux, leurs invités, ceux qui ont un bateau et qui pourront y accéder par la mer, ou ceux (tenez vous bien) qui seront prêt à ramer plus de 3 km depuis la plage publique de Gaviota ! En échange de cette entente, les propriétaires des lieux avaient obtenu de l’État qu’il annule son projet de route publique (la seule) qui aurait permis d’accéder au petit paradis par la terre ».
C’est suite à cet accord controversé que la pression du public pour une ouverture à tous s’est intensifiée.
L’espace côtier du Hollister Ranch est l’une des dernières zones côtières non développées du sud de la Californie. Les conflits concernant son accès public sont vieux de 40 ans. Selon la loi de l’État de Californie, les plages restent techniquement des espaces ouverts au public, cependant l’accès aux plages est rendu difficile voir impossible par le Ranch qui revendique ses droits de propriété privée.
Ce nouveau rebondissement dans l’une des batailles pour l’accès à la plage la plus longue et la plus réputée advient en réponse à une nouvelle loi signée fin 2019. Celle-ci vise à ouvrir les plages au grand public après des années de va-et-vient. Elle stipule que le public devra être autorisé à entrer sur la zone du Ranch par la terre et ainsi pouvoir accéder à ses côtes d’ici avril 2022.
La loi stipule également qu’une personne ou une entité qui « entrave, retarde ou empêche de quelque façon la mise en œuvre de l’accès public » effectuerait une violation des dispositions d’accès public de la loi côtière, passible d’amendes de plusieurs milliers de dollars.
Malgré de longues négociations impliquant toutes les parties, le Hollister Ranch a lancé une poursuite judiciaire contre l’Etat de Californie suite à la validation de cette loi.
Monte Ward, président du Hollister Ranch Owners Assn. a précisé au Los Angeles Times que la loi « a été transformée, sans audition ni débat, dans un projet de loi contraignant et inconstitutionnel qui bafoue les garanties d’une procédure régulière ». Il dénonce « les perquisitions, les saisies illégales et la prise de propriété privée sans compensation« .
Un discours qui ne leurre pas les représentants de l’État. La politicienne à l’Assemblée de Californie, Monique Limón, représentante du District de Santa Barbara, confiait au Los Angeles Times : « Malheureusement, cette poursuite n’est pas une surprise… C’est la façon de faire de Hollister depuis presque 40 ans – ils attaquent l’accès public aux plages aux tribunaux » affirmait-elle. « Le besoin de créer cette loi parle d’elle-même« .
Après avoir signé cette loi fin 2019, Gavin Newsom, gouverneur de Californie s’était aussi exprimé pour le Los Angeles Times : « En tant que Californiens, le respect de nos plages est dans notre ADN, à tel point que nous avons consacré l’accès aux plages publiques à notre Constitution d’État ». Il ajoute : « je me suis longtemps battu pour protéger ces trésors publics pour les générations futures et pour que toute personne puisse découvrir leur beauté. Cela ne changera pas maintenant que je suis gouverneur.«
Les propriétaires du Hollister Ranch ne semblent pourtant pas prêts à partager. C’est un nouveau cas judiciaire pour la Commission Côtière de Californie qui légifère l’utilisation des sols et l’accès du public sur la zone côtière. Celle-ci lançait notamment en début d’année une poursuite judiciaire contre un milliardaire pour protéger l’accès à l’océan.