L’un des dossiers du prochain Surf Session (en kiosque le 28 janvier) sera consacré à un phénomène totalement incontrôlable et pourtant intrinsèquement lié à la houle et donc cher à nos sessions : le climat. Quel impact sur nos vagues !
Alors certes, essayer de comprendre ces phénomènes climatiques n’améliorera peut-être pas votre roller mais aura au moins le mérite de refourguer quelques clés pour s’assurer la bonne session. Et dans ces phénomènes climatiques, on retrouve la NAO (qu’est-ce que c’est ?)…
Explications avec Gonéri Le Cozannet, ingénieur Unité Risque Côtier du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) :
Selon le principe de la NAO, à fort anticyclone sur les Açores, forte dépression sur l’Islande… et vice et versa ! Quel impact sur la houle et les vagues en termes de fréquence, de périodes, de taille, d’orientation ?
Lorsque la NAO est dans sa phase positive, la différence de pressions entre la dépression islandaise et l’anticyclone des Acores est importante, et on a donc des vents d’ouest plus forts, mais aussi un décalage des traces des perturbations vers le nord du bassin Atlantique nord. Cela se traduit dans le golfe de Gascogne par des houles de longues périod es et davantage orientées nord que pendant les phases de NAO-.
Une autres structure atmosphérique importante pour les houles en Atlantique Nord est la « Structure Est-Atlantique (East Atlantic Pattern), dont la phase positive se traduit par davantage de tempêtes dans le Golfe de Gascogne, des vagues plus hautes et des périodes plus courtes. Ceci a pu être vérifié par des réanalyses de données et de modèles par plusieurs équipes de recherches, notamment l’université de Bordeaux, de La Rochelle…
Quelle est la tendance NAO pour cet hiver et donc quelles conséquences sur nos vagues françaises ?
La NOAA (agence américaine d’océanographie et de météorologie) publie des observations de la NAO. Depuis mi-novembre, nous sommes dans un régime NAO – avec des vents plus faibles en Atlantique Nord et un temps froid en Europe du Nord. Habituellement, cela se traduit par davantage de mers de vent, ou bien par davantage de vagues intermédiaires entre houle et mer de vent : hauteurs modérées à moyennes, périodes assez courtes et une orientation davantage ouest. La situation du 5 janvier par exemple correspond typiquement à cette situation. En réalité, l’approche par structures atmosphériques telles que la NAO ne nous permet pas de construire des prédicteurs de houle suffisamment stables. C’est pourtant cet objectif que nous souhaitons atteindre afin de finalement pouvoir évaluer l’impact du changement climatique sur des régimes de houles locaux.
Justement, ce phénomène est-il prévisible ?
Oui. Il existe par exemple des prévisions de NAO à court terme qui sont publiées par la NOAA.
L’indice NAO est devenu plutôt positif au cours des 30 dernières années. Une petite explication, avec ses conséquences sur les vagues ?
Effectivement, cela s’est traduit par une augmentation de la hauteur des vagues en Atlantique Nord-Est. Nous nous sommes demandés à quoi correspondait cette augmentation des hauteurs de vagues moyennes : il ne s’agit pas d’une augmentation de toutes les vagues, ou bien de l’apparition de nouveaux types de vagues, mais d’un accroissement de l’occurrence des houles énergétique – au détriment de vagues intermédiaires faiblement énergétiques – qui finalement « tire la moyenne vers le haut ». Le fait que NAO devienne davantage positive entre les années 70 et 2000 s’est donc traduit par davantage de houles énergétiques, de longue période, et davantage orientées nord. Ceci nous intéresse pour pouvoir à terme identifier comment ces changements se traduisent en termes de transport sédimentaire, et donc d’érosion des côtes.
Dossier complet dans le Surf Session n°283, en kiosque dès le 28 janvier 2011.